Lyon Capitale victime de pressions politiques

Placé le 10 janvier en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de la ville, Lyon Capitale échappe pour le moment à la liquidation et se trouve désormais ouvert à d'éventuels repreneurs. En attendant, le journal n'est toujours pas réapparu dans les kiosques. ------- 9 janvier 2006 Le journal Lyon Capitale victime de pressions politiques L'hebdomadaire Lyon Capitale a déposé son bilan jeudi 6 janvier après une série de difficultés financières ayant entraîné son rachat par un groupe d'investissement privé en août 2005. Depuis plusieurs années, le journal a presque toujours été déficitaire et se maintenait grâce à la publicité et aux subventions municipales. Suite à la publication en octobre dernier d'un numéro mettant en cause le maire de Lyon, Gérard Collomb, dans l'attribution de marchés publics, l'hôtel de ville a brutalement décidé de couper les budgets publicitaires qu'il attribuait au journal. Un proche collaborateur du maire, contacté par Reporters sans frontières, a reconnu que Gérard Collomb avait pris cette décision parce qu'il estimait que le journal tenait à son égard des propos calomnieux. Son intervention risque d'entraîner la disparition du journal et l'ensemble des salariés est menacé de se retrouver au chômage. « Nous regrettons que l'existence d'un journal soit mise à mal en raison de sa ligne éditoriale critique à l'encontre de responsables politiques locaux. Les journalistes de Lyon Capitale font les frais de relations qui se sont fortement détériorées entre la direction de l'hebdomadaire et la ville de Lyon. Que les accusations mettant en cause le maire soient vraies ou pas, utiliser la publicité publique comme moyen de pression nous semble dangereux pour la liberté de la presse et condamnable », a déclaré Reporters sans frontières. Réputé proche de Gérard Collomb dont il soutenait l'action depuis son élection en 2001, Lyon Capitale ouvrait de plus en plus ses colonnes à l'opposition municipale et notamment à son principal rival déclaré, Dominique Perben, ministre UMP. Après la parution du numéro d'octobre 2005, le maire a rappelé à l'ordre l'actionnaire majoritaire de Lyon Capitale, Bruno Rousset, lui reprochant la ligne éditoriale du journal. Le P-DG d'April a limogé le 13 décembre le directeur de la publication, Jean-Olivier Arfeuillère. Les journalistes de la rédaction sont alors entrés en conflit ouvert avec la nouvelle direction et ont reconduit plusieurs fois un mouvement de grève au mois de décembre pour protester contre ce changement. Le rédacteur en chef, Philippe Chaslot, a été licencié à son tour le 3 janvier 2006. Lyon Capitale, absent des kiosques depuis plusieurs semaines, pourrait ne plus reparaître. Le 4 janvier, la rédaction d'un deuxième journal local lyonnais, La Tribune de Lyon, s'est mise en grève pour dénoncer la censure d'un article mettant en cause le maire dans une affaire de détournements de fonds. Les journalistes protestaient contre le refus de leur directeur, proche de Gérard Collomb, de publier l'article, préférant le remplacer par une interview de l'édile.
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Updated on 20.01.2016