Les autorités ont bloqué au Kazakhstan, le 7 janvier, le site du principal parti d'opposition, Ak Zhol. En empêchant l'accès à l'un des derniers sites d'opposition encore accessibles aux internautes kazakhs , le pouvoir confirme sa volonté de réduire à néant toute voix dissidente.
Le site www.dpkakzhol.kz du premier parti d'opposition du pays, Ak Zhol, a été bloqué le 7 janvier 2005 par les autorités. Cette décision fait suite à la publication sur le site d'un article qui critiquait l'interdiction, par une cour d'Almaty, le 6 janvier, d'un autre parti d'opposition, Choix démocratique du Kazakhstan (DVK).
Reporters sans frontières condamne ces mesures de filtrage et s'inquiète d'une dégradation de la liberté d'expression dans le pays. « La récente « révolution orange » en Ukraine semble faire peur au régime kazakh, qui accroît encore sa mainmise sur l'information. Ce dernier a réalisé que pour museler l'opposition, il ne suffisait pas d'interdire les partis politiques, il lui fallait également les rayer de la Toile », a déclaré l'organisation.
L'article diffusé sur www.dpkakzhol.kz affirmait que l'interdiction du parti DVK constituait une violation des libertés fondamentales des citoyens kazakhs. Le comité exécutif d'Ak Zhol appelait également toutes les forces politiques du pays à lutter contre « les forces réactionnaires ». L'information avait été rapportée par une autre publication d'opposition, www.kub.kz, également inaccessible dans le pays depuis 2002. D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le site d'Ak Zhol est effectivement filtré par les deux principaux fournisseurs d'accès du pays, Kazakhtelekom (public) et Nursat (semi-public).
Le DVK a été qualifié de parti "extrémiste" par le tribunal d'Almaty, parce qu'il a été jugé susceptible d'inciter à la désobéissance civile. Ce parti est membre, avec Ak Zhol et le Parti communiste, d'une coalition d'opposition dénommée "les forces démocratiques du Kazakhstan". Le site du DVK, www.npdvk.kz, est encore consultable par les internautes kazakhs, la décision du tribunal d'Almaty du 6 janvier ne prenant effet que dans deux semaines. Le DVK a d'ailleurs décidé de faire appel.
Le blocage de tous les sites d'opposition kazakhs procède d'une volonté systématique des autorités de museler toute voix dissidente depuis 2002. Le premier site bloqué cette année-là fut www.kub.kz. Le Comité national pour la sécurité (CNS) avait ensuite publié, en 2003, un document demandant à Kazakhtelekom de bloquer l'accès à une dizaine de sites jugés "destructeurs", c'est-à-dire constituant une menace pour l'Etat. Cette mesure touchait en réalité des publications liées à l'opposition politique ou proposant une information indépendante. Près d'une dizaine de publications en ligne, dont kub.kz, avaient ainsi été fermés par Kazakhtelekom, Nursat et l'opérateur privé Astel.
Les responsables de ces sites d'opposition mis à l'index ont créé en 2003 un portail, www.blokada.org, afin de contourner ces blocages systématiques . Ce portail rassemble désormais les sites d'opposition www.kub.kz, www.navi.kz, www.respublica.kz, www.club.kz et www.zhakiyanov.info/inner.php.
Pour plus d'informations sur la liberté d'expression sur Internet au Kazakhstan : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=10647