Le correspondant du service ouzbek de Radio Free Europe, récemment interdite par les autorités, a été libéré le 26 février, après avoir purgé une peine de six mois de prison. Sa condamnation a sonné comme un avertissement à tous les journalistes s'avisant de critiquer le régime autoritaire du président Islam Karimov. Reporters sans frontières avait demandé sans succès sa libération. L'organisation rappelle que trois journalistes sont toujours derrière les barreaux.
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Nosir Zokirov, correspondant de Radio Free Europe/ Radio Liberty (RFE/RL), a été libéré le 26 février 2006, au bout de six mois de détention. Il avait été arrêté le 26 août 2005 et condamné pour outrage à un membre du gouvernement. Son crime : avoir osé donner la parole à un villageois critiquant la répression, dans le sang, de la révolte d'Andijan.
« Nous sommes soulagés de la libération de Nosir Zokirov, injustement condamné et jeté en prison alors qu'il ne faisait que son devoir d'information. Aucun moyen ne lui avait été donné de se défendre lors de son procès, dont le verdict était connu d'avance. Malheureusement, nous ne pouvons pas nous féliciter de cette libération puisque le journaliste a purgé la totalité de sa peine et la justice n'a pas écouté nos appels à la clémence », a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste avait été condamné sans que le juge ne l'autorise à prendre un avocat pour se défendre. Aucun témoin n'avait été appelé à comparaître lors du procès.
Au mois d'octobre, il a reçu la visite dans sa cellule d'un avocat commis d'office, lui notifiant une nouvelle plainte déposée contre lui pour diffamation à l'encontre du Président, conformément à l'article 158 du code pénal. Cette plainte a été retirée en décembre.
Nosir Zokirov a passé trois mois et demi en prison et deux mois et demi en centre de détention provisoire. Il était régulièrement transféré d'un lieu à l'autre et interrogé par les services secrets (SNB) qui lui faisaient la leçon. S'il a fait l'objet de nombreuses intimidations, il n'a heureusement subi ni sévices ni torture.
Le journaliste est aujourd'hui libre, mais sans ressources. Il a très peu de chance de retrouver un travail: l'ancien correspondant du service ouzbek de RFE/RL n'a plus d'employeur depuis que les autorités ont fait fermer les bureaux de la radio à Tachkent, en décembre 2005. D'autres médias étrangers ont été interdits après les événements d'Andijan, comme la BBC ou Internews.
Trois journalistes sont emprisonnés depuis 1999, dont deux, Jusuf Ruzimuradov et Mohammed Bekjanov ont été accusés d'appartenir à une organisation terroriste parce qu'ils écrivaient pour le journal d'opposition Erk. Le troisième, Sabirjon Yakubov, de l'hebdomadaire indépendant Hurriyat (Liberté), est détenu depuis avril 2005 pour un simple délit de presse.
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22 septembre 2005
Les autorités confirment la condamnation à six mois de prison du correspondant de Radio Free Europe / Radio Liberty
Le 19 septembre, la cour d'appel de Namangan (est de l'Ouzbékistan) a rejeté l'appel de Nosir Zokirov, correspondant de Radio Free Europe/ Radio Liberty dans la province de Namangan, condamné à six mois de prison pour « outrage à un responsable du gouvernement », conformément à l'article 140 du code pénal. Cette décision intervient deux jours après le début du procès des quinze leaders présumés du soulèvement d'Andijan (est du pays), qui avait été réprimé dans le sang.
Nosir Zokirov a été l'un des premiers journalistes présents à Andijan, le 13 mai 2005. Il avait réalisé un reportage sur la prise d'assaut de la prison.
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31 août 2005
Un journaliste de Radio Free Europe/Radio Liberty condamné à six mois de prison
Reporters sans frontières proteste contre la condamnation à six mois de prison, le 26 août 2005, de Nosir Zokirov, correspondant de Radio Free Europe/Radio Liberty dans la province de Namangan (est de l'Ouzbékistan), pour « outrage à un responsable du gouvernement ».
« Nous sommes scandalisés par la sévérité de cette peine, disproportionnée par rapport aux faits reprochés. Cela montre à quel point la liberté d'expression est menacée en Ouzbékistan. La critique n'est tolérée nulle part. Nous demandons que Nosir Zokirov soit libéré. Par ailleurs, nous avons dénombré depuis le mois de juin trois autres cas de harcèlement de correspondants de Radio Free Europe. Ces pressions à l'égard d'une radio indépendante sont intolérables », a déclaré Reporters sans frontières.
Nosir Zokirov avait laissé intervenir à l'antenne un résident de la région, Haydarali Komilov, qui critiquait dans un poème la politique des autorités concernant la répression d'Andijan, en mai 2005.
La justice ouzbèke a fondé ses poursuites sur les propos tenus lors d'une conversation téléphonique entre le journaliste et la police de Namangan, au cours de laquelle Nosir Zokirov protestait avec virulence contre les pressions exercées sur Haydarali Komilov. Les autorités avaient exigé que le poète déclare publiquement qu'il était intervenu à l'antenne sous la contrainte.
Nosir Zokirov travaille pour Radio Free Europe depuis 1996. Il était l'un des premiers journalistes présents à Andijan le 13 mai 2005 et avait rapporté par téléphone la prise d'assaut de la prison.