L'hebdomadaire Dira menacé de fermeture après avoir été condamné à une lourde amende

Reporters sans frontières est indignée par la condamnation prononcée par la Cour Suprême de Zanzibar envers l'hebdomadaire indépendant Dira. Le journal a été condamné, le 27 octobre, à payer une amende de 660 millions de shillings (646 000 US$) pour avoir diffusé des informations "fausses et nuisibles" pour les enfants de Amani Karume, président de l'île de Zanzibar. Ali Nabwa, directeur de Dira, a déclaré à l'agence Reuters que le journal n'avait pas les moyens de payer cette amende, et qu'il allait faire appel de cette décision. "La décision de la Cour est inexplicable. Les articles incriminés ne comportaient ni propos racistes ou discriminatoires, ni appels à la violence. De plus, il est évident que le journal ne pourra pas payer et devra fermer définitivement", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous demandons instamment à la Cour d'appel de ne prononcer aucune amende qui pourrait mener à la fermeture du journal", a-t-il ajouté. Dira, le journal le plus lu de l'archipel, créé en décembre 2002, a été le premier organe de presse indépendant édité sur l'île depuis la création de la République de Zanzibar en 1964. Il a, à plusieurs reprises, dénoncé le mode de gouvernance dans ces îles. Avant 2001, le gouvernement local s'était montré particulièrement répressif envers la presse indépendante et plusieurs journalistes avaient été interdits de séjour dans l'archipel. Mais depuis quelques années, les atteintes à la liberté de la presse étaient moins nombreuses. En janvier 2003, l'hebdomadaire avait publié deux articles au sujet de la famille Karume. Le premier rapportait que le fils du président de Zanzibar avait utilisé les contacts de son père pour racheter une entreprise d'Etat, la Zanzibar State Trading Corporation. Le second affirmait que la fille d'Amani Karume avait elle aussi profité de l'influence de son père pour racheter un magasin appartenant à l'Etat dans la ville de Darajani. Dans un premier temps, les enfants du chef de l'autorité locale avaient demandé des excuses publiques à l'hebdomadaire, qui avait refusé. Ils avaient alors intenté un procès en diffamation auprès de la cour suprême de Zanzibar.
Publié le
Updated on 20.01.2016