Levée de la suspension du service de SMS
Organisation :
Reporters sans frontières prend acte du rétablissement du service de SMS, le 28 décembre 2011, en République démocratique du Congo. Annoncée par le vice Premier ministre et ministre des Postes et nouvelles technologies de communications, la levée de la suspension des SMS a été immédiatement confirmée par des sources locales, notamment le Réseau national des ONG des droits de l’homme de la République démocratique du Congo (RENADHOC). Ce service était suspendu depuis le 3 décembre 2011 sur l’ensemble du pays.
“Nous sommes soulagés d’apprendre que le réseau de SMS a été rétabli pour tous les utilisateurs de la République démocratique du Congo. La population congolaise a ainsi de nouveau accès à un service de communication essentiel. Nous déplorons cependant que les usagers aient été privés de ce service de messagerie et que leur droit fondamental de communiquer ait été ainsi entravé durant une aussi longue période. Nous condamnons ce genre de procédé excessif et liberticide et appelons les autorités à ne plus y recourir”, a déclaré Reporters sans frontières.
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SMS bloqués jusqu'à nouvel ordre : les médias et communications dans la tourmente d'une élection contestée
22.12.2011 Près d'un mois après les élections générales du 28 novembre 2011, Reporters sans frontières constate avec regret que le climat pour la presse reste délétère en République démocratique du Congo. Aux problèmes de sécurité encourus par les reporters couvrant hier les meetings de campagne et aujourd'hui les mouvements de contestation, s'ajoutent des interpellations de journalistes et des suspensions de médias. A Kinshasa, deux médias proches de l'opposition, Canal Futur Télévision (CFTV) et Radio Lisanga Télévision (RLTV), ont vu leur signal coupé. En province, plusieurs gouverneurs ont interdit aux radios locales de reprendre les programmes des stations internationales. Déplorant également le blocage, depuis début décembre et "jusqu'à nouvel ordre", des services de messagerie téléphonique, Reporters sans frontières a adressé, le 22 décembre 2011, une lettre ouverte à Adolphe Lumanu Mulenda Buana N'sefu, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur et de la sécurité de la République démocratique du Congo. Voici le texte de la lettre : A l’attention de Monsieur Adolphe Lumanu Mulenda Buana N’sefu
Vice-Premier ministre
Ministre de l’Intérieur et de la sécurité
Kinshasa - République démocratique du Congo
Paris, le 22 décembre 2011, Monsieur le ministre,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté d’information, vous presse urgemment de rétablir les services de messagerie téléphonique, bloqués depuis début décembre dans tout le pays. Votre ministère a ordonné aux opérateurs de téléphonie mobile du pays de suspendre leur service de SMS, le 3 décembre dernier, afin de “préserver l’ordre public et la sécurité des biens et des personnes”, et ce “jusqu’à nouvel ordre”. Nous sommes conscients des responsabilités qui sont les vôtres et du rôle de votre ministère comme garant de l’ordre public et de la sécurité des citoyens, tout particulièrement en cette période électorale agitée, et parfois violente. Nous souhaitons néanmoins attirer votre attention sur le caractère liberticide et abusif d’une telle mesure. Ce blocage total des services de messagerie téléphonique constitue une réaction démesurée de la part de votre ministère, qui n’est pas sans rappeler les pratiques de certains régimes répressifs. En mettant en place une telle mesure, votre pays rejoint la liste de ceux ayant suspendu les télécommunications afin de faire taire les mouvements de contestation, tels que l’Egypte, la Syrie, la Libye ou encore le Kazakhstan. La situation actuelle en République démocratique du Congo est cependant sans précédent, car les perturbations des réseaux de communication, dans les autres pays, n'avaient jamais excédé quelques jours. Le blocage des services de messagerie téléphonique constitue une grave violation des droits garantis par la Constitution de votre pays et par les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par la République démocratique du Congo. Les droits fondamentaux à la libre communication et à la libre circulation de l’information sont bafoués par ce blocage, dont l’impact est d’autant plus important que le service de SMS est un moyen de communication prépondérant dans votre pays, où le taux de pénétration d’Internet est de seulement 1%. Ce blocage a également entravé le travail des observateurs du processus électoral. Enfin, nous rappelons que le réseau joue un rôle indispensable, voire vital, pour la communauté sourde et muette de votre pays. Il sert également d'instrument d'alerte pour les défenseurs des droits de l'homme. Les répercussions économiques ne sont pas non plus négligeables pour les opérateurs de téléphonie mobile présents en République démocratique du Congo, qui accusent une perte quotidienne totale de 150 000 dollars américains. Leurs représentants ont d'ailleurs adressé un courrier à Louis Koyagialo, vice-Premier ministre et ministre des Postes, transports et télécommunications, le 15 décembre 2011, pour le prier de lever la suspension des services de messagerie téléphonique. Une requête restée vaine, jusqu'à présent. Au nom de la liberté d’expression et du droit à l’information, notre organisation vous demande de prendre les mesures nécessaires afin de rétablir le réseau de messagerie téléphonique dans les plus brefs délais. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre demande, je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de ma haute considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général de Reporters sans frontières
Voir aussi la déclaration du Réseau national des ONGs des droits de l'homme de la République démocratique du Congo (RENADHOC), en date du 22 décembre 2011, concernant cette suspension prolongée des SMS (document PDF attaché).
Photo : Adolphe Lumanu (Radio Okapi)
22.12.2011 Près d'un mois après les élections générales du 28 novembre 2011, Reporters sans frontières constate avec regret que le climat pour la presse reste délétère en République démocratique du Congo. Aux problèmes de sécurité encourus par les reporters couvrant hier les meetings de campagne et aujourd'hui les mouvements de contestation, s'ajoutent des interpellations de journalistes et des suspensions de médias. A Kinshasa, deux médias proches de l'opposition, Canal Futur Télévision (CFTV) et Radio Lisanga Télévision (RLTV), ont vu leur signal coupé. En province, plusieurs gouverneurs ont interdit aux radios locales de reprendre les programmes des stations internationales. Déplorant également le blocage, depuis début décembre et "jusqu'à nouvel ordre", des services de messagerie téléphonique, Reporters sans frontières a adressé, le 22 décembre 2011, une lettre ouverte à Adolphe Lumanu Mulenda Buana N'sefu, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur et de la sécurité de la République démocratique du Congo. Voici le texte de la lettre : A l’attention de Monsieur Adolphe Lumanu Mulenda Buana N’sefu
Vice-Premier ministre
Ministre de l’Intérieur et de la sécurité
Kinshasa - République démocratique du Congo
Paris, le 22 décembre 2011, Monsieur le ministre,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté d’information, vous presse urgemment de rétablir les services de messagerie téléphonique, bloqués depuis début décembre dans tout le pays. Votre ministère a ordonné aux opérateurs de téléphonie mobile du pays de suspendre leur service de SMS, le 3 décembre dernier, afin de “préserver l’ordre public et la sécurité des biens et des personnes”, et ce “jusqu’à nouvel ordre”. Nous sommes conscients des responsabilités qui sont les vôtres et du rôle de votre ministère comme garant de l’ordre public et de la sécurité des citoyens, tout particulièrement en cette période électorale agitée, et parfois violente. Nous souhaitons néanmoins attirer votre attention sur le caractère liberticide et abusif d’une telle mesure. Ce blocage total des services de messagerie téléphonique constitue une réaction démesurée de la part de votre ministère, qui n’est pas sans rappeler les pratiques de certains régimes répressifs. En mettant en place une telle mesure, votre pays rejoint la liste de ceux ayant suspendu les télécommunications afin de faire taire les mouvements de contestation, tels que l’Egypte, la Syrie, la Libye ou encore le Kazakhstan. La situation actuelle en République démocratique du Congo est cependant sans précédent, car les perturbations des réseaux de communication, dans les autres pays, n'avaient jamais excédé quelques jours. Le blocage des services de messagerie téléphonique constitue une grave violation des droits garantis par la Constitution de votre pays et par les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par la République démocratique du Congo. Les droits fondamentaux à la libre communication et à la libre circulation de l’information sont bafoués par ce blocage, dont l’impact est d’autant plus important que le service de SMS est un moyen de communication prépondérant dans votre pays, où le taux de pénétration d’Internet est de seulement 1%. Ce blocage a également entravé le travail des observateurs du processus électoral. Enfin, nous rappelons que le réseau joue un rôle indispensable, voire vital, pour la communauté sourde et muette de votre pays. Il sert également d'instrument d'alerte pour les défenseurs des droits de l'homme. Les répercussions économiques ne sont pas non plus négligeables pour les opérateurs de téléphonie mobile présents en République démocratique du Congo, qui accusent une perte quotidienne totale de 150 000 dollars américains. Leurs représentants ont d'ailleurs adressé un courrier à Louis Koyagialo, vice-Premier ministre et ministre des Postes, transports et télécommunications, le 15 décembre 2011, pour le prier de lever la suspension des services de messagerie téléphonique. Une requête restée vaine, jusqu'à présent. Au nom de la liberté d’expression et du droit à l’information, notre organisation vous demande de prendre les mesures nécessaires afin de rétablir le réseau de messagerie téléphonique dans les plus brefs délais. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre demande, je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de ma haute considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général de Reporters sans frontières
Voir aussi la déclaration du Réseau national des ONGs des droits de l'homme de la République démocratique du Congo (RENADHOC), en date du 22 décembre 2011, concernant cette suspension prolongée des SMS (document PDF attaché).
Photo : Adolphe Lumanu (Radio Okapi)
Publié le
Updated on
20.01.2016