Lettre ouverte au Premier ministre Lee Hsien Loong
Organisation :
Monsieur Lee Hsien Loong
Premier ministre
C/o Ambassade de Singapour
12 square de l'Avenue-Foch
75116 Paris Paris, le 29 novembre 2005 Monsieur le Premier Ministre, A l'occasion de votre visite en France, Reporters sans frontières souhaite vous adresser une série de recommandations concrètes pour que la situation de la liberté de la presse s'améliore durablement à Singapour. Récemment interrogé par la presse internationale sur la place de Singapour (140e sur 167) dans le classement mondial de la liberté de la presse 2005 établi par notre organisation, votre prédécesseur et actuel ministre, Goh Chok Tong, a déclaré qu'il s'agissait d'une « mesure subjective calculée avec le prisme des libéraux occidentaux ». Celui-ci a également défendu le modèle singapourien de contrôle des médias, en affirmant notamment qu'une presse trop libre n'était pas « forcément bonne pour tous les pays ». Plus d'un an après votre arrivée au pouvoir et vos déclarations en faveur d'une société « ouverte », nous ne constatons aucune amélioration significative de la situation de la liberté d'expression. Aussi, il nous semble urgent que votre gouvernement prenne les mesures suivantes : 1. Cesser et demander à vos proches de cesser de porter systématiquement plainte en diffamation contre les médias singapouriens et étrangers qui traitent librement de l'actualité de Singapour. Il n'est pas acceptable que dans un pays qui se prétend démocratique, le chef du gouvernement, ses ministres ou ses proches portent plainte abusivement contre des journalistes, obligeant ces derniers à l'autocensure. 2. Engager une réforme du code pénal afin d'en supprimer les peines de prison pour des délits de presse. 3. Réformer la loi sur la presse et notamment la partie sur l'attribution des licences de publications qui empêche l'émergence de médias indépendants. 4. Abolir la loi sur les journaux et les publications et la loi sur les films. 5. Réformer la loi sur la sécurité nationale en supprimant les détentions administratives qui ont, dans le passé, permis d'emprisonner des journalistes et des militants des droits de l'homme. 6. Réformer l'Autorité de développement des médias afin qu'elle ne puisse plus censurer, mais uniquement adresser des recommandations sur les programmes de télévision et les films. 7. Permettre un libre accès des opposants politiques et représentants de la société civile aux médias publics. 8. Garantir l'indépendance éditoriale de tous les médias détenus par les deux groupes de presse Singapore Press Holdings (SPH) et Media Corporation of Singapore (Mediacorp). 9. Abroger le texte qui oblige les animateurs de sites Internet religieux et politiques à posséder une licence ; et certains articles de la loi sur l'utilisation malveillante de l'informatique qui permet notamment la surveillance et l'arrestation d'internautes. 10. Annuler le système de demandes d'autorisation préalable pour les conférences de presse en extérieur. Le classement de Reporters sans frontières que vous et vos plus proches collaborateurs avez publiquement mis en cause permet de mesurer l'état de la liberté de la presse dans le monde. Il reflète le degré de liberté dont bénéficient les journalistes et les médias de chaque pays et les moyens mis en œuvre par ces Etats pour respecter et faire respecter cette liberté. Nous maintenons que le classement mondial de la liberté de la presse qui voit Singapour stagner autour de la 140e place est le résultat de faits concrets et, en aucun cas, d'interprétations subjectives. Au cours des derniers mois, nous avons ainsi recensé à Singapour le harcèlement policier à l'encontre du réalisateur de documentaires Martyn See et des menaces de plaintes à l'encontre du site d'information financière FinanceAsia.com. Nous regrettons que vous, les membres de votre gouvernement et votre père ne cessent de justifier le contrôle des médias et le maintien de lois drastiques par la nécessité d'assurer la stabilité de Singapour. Vous constaterez ainsi que les pays, notamment le Danemark ou la Finlande, qui se montrent les plus respectueux de la liberté de la presse, sont des démocraties apaisées. La liberté d'expression n'est pas une source de troubles politiques, bien au contraire. Monsieur le Premier Ministre, il existe des mesures simples pour favoriser ensemble le développement économique et la liberté d'expression. Ne perdez pas cette occasion de faire de Singapour un pays de prospérité et de liberté. Par ailleurs, nous profitons de cette occasion pour attirer de nouveau votre attention sur la situation de Ching Cheong, correspondant hongkongais du quotidien singapourien The Straits Times, emprisonné depuis plus de six mois en Chine populaire. Nous vous prions de bien vouloir redoubler d'efforts pour que ce journaliste soit libéré dans les meilleurs délais. Nous serions très honorés de pouvoir vous rencontrer afin de vous présenter directement nos remarques et nos propositions pour garantir la liberté de la presse à Singapour. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général
Premier ministre
C/o Ambassade de Singapour
12 square de l'Avenue-Foch
75116 Paris Paris, le 29 novembre 2005 Monsieur le Premier Ministre, A l'occasion de votre visite en France, Reporters sans frontières souhaite vous adresser une série de recommandations concrètes pour que la situation de la liberté de la presse s'améliore durablement à Singapour. Récemment interrogé par la presse internationale sur la place de Singapour (140e sur 167) dans le classement mondial de la liberté de la presse 2005 établi par notre organisation, votre prédécesseur et actuel ministre, Goh Chok Tong, a déclaré qu'il s'agissait d'une « mesure subjective calculée avec le prisme des libéraux occidentaux ». Celui-ci a également défendu le modèle singapourien de contrôle des médias, en affirmant notamment qu'une presse trop libre n'était pas « forcément bonne pour tous les pays ». Plus d'un an après votre arrivée au pouvoir et vos déclarations en faveur d'une société « ouverte », nous ne constatons aucune amélioration significative de la situation de la liberté d'expression. Aussi, il nous semble urgent que votre gouvernement prenne les mesures suivantes : 1. Cesser et demander à vos proches de cesser de porter systématiquement plainte en diffamation contre les médias singapouriens et étrangers qui traitent librement de l'actualité de Singapour. Il n'est pas acceptable que dans un pays qui se prétend démocratique, le chef du gouvernement, ses ministres ou ses proches portent plainte abusivement contre des journalistes, obligeant ces derniers à l'autocensure. 2. Engager une réforme du code pénal afin d'en supprimer les peines de prison pour des délits de presse. 3. Réformer la loi sur la presse et notamment la partie sur l'attribution des licences de publications qui empêche l'émergence de médias indépendants. 4. Abolir la loi sur les journaux et les publications et la loi sur les films. 5. Réformer la loi sur la sécurité nationale en supprimant les détentions administratives qui ont, dans le passé, permis d'emprisonner des journalistes et des militants des droits de l'homme. 6. Réformer l'Autorité de développement des médias afin qu'elle ne puisse plus censurer, mais uniquement adresser des recommandations sur les programmes de télévision et les films. 7. Permettre un libre accès des opposants politiques et représentants de la société civile aux médias publics. 8. Garantir l'indépendance éditoriale de tous les médias détenus par les deux groupes de presse Singapore Press Holdings (SPH) et Media Corporation of Singapore (Mediacorp). 9. Abroger le texte qui oblige les animateurs de sites Internet religieux et politiques à posséder une licence ; et certains articles de la loi sur l'utilisation malveillante de l'informatique qui permet notamment la surveillance et l'arrestation d'internautes. 10. Annuler le système de demandes d'autorisation préalable pour les conférences de presse en extérieur. Le classement de Reporters sans frontières que vous et vos plus proches collaborateurs avez publiquement mis en cause permet de mesurer l'état de la liberté de la presse dans le monde. Il reflète le degré de liberté dont bénéficient les journalistes et les médias de chaque pays et les moyens mis en œuvre par ces Etats pour respecter et faire respecter cette liberté. Nous maintenons que le classement mondial de la liberté de la presse qui voit Singapour stagner autour de la 140e place est le résultat de faits concrets et, en aucun cas, d'interprétations subjectives. Au cours des derniers mois, nous avons ainsi recensé à Singapour le harcèlement policier à l'encontre du réalisateur de documentaires Martyn See et des menaces de plaintes à l'encontre du site d'information financière FinanceAsia.com. Nous regrettons que vous, les membres de votre gouvernement et votre père ne cessent de justifier le contrôle des médias et le maintien de lois drastiques par la nécessité d'assurer la stabilité de Singapour. Vous constaterez ainsi que les pays, notamment le Danemark ou la Finlande, qui se montrent les plus respectueux de la liberté de la presse, sont des démocraties apaisées. La liberté d'expression n'est pas une source de troubles politiques, bien au contraire. Monsieur le Premier Ministre, il existe des mesures simples pour favoriser ensemble le développement économique et la liberté d'expression. Ne perdez pas cette occasion de faire de Singapour un pays de prospérité et de liberté. Par ailleurs, nous profitons de cette occasion pour attirer de nouveau votre attention sur la situation de Ching Cheong, correspondant hongkongais du quotidien singapourien The Straits Times, emprisonné depuis plus de six mois en Chine populaire. Nous vous prions de bien vouloir redoubler d'efforts pour que ce journaliste soit libéré dans les meilleurs délais. Nous serions très honorés de pouvoir vous rencontrer afin de vous présenter directement nos remarques et nos propositions pour garantir la liberté de la presse à Singapour. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général
Publié le
Updated on
20.01.2016