Lettre ouverte à Bill Gates : "abordez la censure d'Internet avec votre invité, le Président chinois

Reporters sans frontières a écrit, le 14 avril 2006, au fondateur de Microsoft, Bill Gates, pour lui demander d'aborder, à l'occasion de sa prochaine rencontre avec le Président chinois, Hu Jintao, la question de la censure d'Internet et de la répression à l'encontre des cyberdissidents. L'homme d'affaires américain devrait en effet recevoir chez lui, le 18 avril, le chef d'Etat en visite diplomatique aux Etats-Unis. "Monsieur, Nous vous demandons de bien vouloir aborder la question de la censure d'Internet, à laquelle vous êtes certainement sensible, lors de votre rencontre avec le Président chinois, le 18 avril. Nous souhaiterions également que vous vous fassiez l'écho de notre inquiétude quant à la répression qui sévit à l'encontre des cyberdissidents, c'est-à-dire les internautes s'exprimant en faveur de la démocratie. Quarante-huit sont actuellement emprisonnés en Chine. Comme vous le savez peut-être, notre organisation se mobilise depuis de nombreuses années pour inciter les grandes entreprises du secteur de l'Internet à faire preuve d'éthique lorsqu'elles opèrent dans des pays répressifs. Nous avons d'ailleurs écrit à plusieurs reprises aux responsables de votre société pour nous inquiéter de certaines pratiques de Microsoft. Malheureusement, nos courriers sont restés sans réponse. Nous désapprouvons en effet la décision prise par votre entreprise de censurer la version chinoise de votre service de blog MSN Spaces. Sur cet outil, il est impossible d'entrer des combinaisons de mots comme "quatre juin" (date des massacres de la place Tiananmen), ou "droits de l'homme en Chine", qui sont automatiquement rejetés par le système. Nous avons également été choqués par la décision prise par Microsoft, en décembre 2005, de fermer la publication d'un blogger chinois très populaire, Michael Anti, sous la pression des autorités chinoises. Il est important que les entreprises du secteur de l'Internet engagent une réflexion sur les conséquences de leurs activités dans des pays comme la Chine. Afin de faire avancer le débat sur cette question, nous avons publié en janvier six propositions concrètes pour que les entreprises exercent leur activité en respectant la liberté d'expression. Nous suggérons par exemple d'interdire aux moteurs de recherche et aux hébergeurs de contenu de mettre en place des filtres automatiques censurant certains mots-clefs dit "protégés", comme "droits de l'homme" ou "démocratie". Nous estimons par ailleurs que toute requête concernant la fermeture d'un site hébergé par une entreprise américaine devrait être supervisée par la justice des Etats-unis, de même que les demandes d'informations concernant vos clients. Nous soutenons d'ailleurs la proposition de loi introduite à la Chambre des représentants, en février 2005, par Christopher Smith ,- le Global Online Freedom Act - qui vise à réguler l'activité des entreprises du secteur de l'Internet dans les pays répressifs. En vous remerciant de l'attention que vous porterez à notre requête, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération." La lettre est signée de Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières ------------- Créer votre blog avec Reporters sans frontières : www.rsfblog.org
Publié le
Updated on 20.01.2016