Les Tigres tamouls s'attaquent de nouveau à l'hebdomadaire Thinamurasu

Des membres armés du mouvement des Tigres tamouls (LTTE) ont incendié des milliers de copies de l'hebdomadaire en tamoul Thinamurasu dans l'est de l'île. Le LTTE tente par tous les moyens de faire taire cette publication d'opposition. Reporters sans frontières dénonce les récentes attaques perpétrées par des membres du LTTE contre le Thinamurasu. Alors qu'Amnesty International et Human Rights Watch viennent de porter des accusations très graves à l'encontre du LTTE, il est primordial que la population tamoule puisse avoir accès à des sources d'information diverses. Dans une lettre adressée à S. P. Tamilselvan, chef de la branche politique du LTTE, l'organisation a demandé la fin des menaces et des actions violentes à l'encontre de la rédaction et des distributeurs de Thinamurasu. Le 7 août 2003, une cinquantaine de militants armés du LTTE ont brûlé près de cinq mille copies de l'hebdomadaire en tamoul Thinamurasu (Le son du tambour quotidien) à Sunkankeni, près de Batticaloa (est de l'île). Après avoir forcé le camion à s'arrêter sa distribution sur la route entre Colombo et Batticaloa, les combattants ont mis le feu aux journaux. Suite à cet incident, le directeur du journal a déposé une plainte auprès des observateurs norvégiens en charge de faire respecter la trêve. L'hebdomadaire, un des plus gros tirages de la presse en tamoul, dénonce régulièrement les violations des droits de l'homme, notamment les exécutions et les enlèvements, commises par le LTTE dans l'est et le nord du pays. T. Baskaran, directeur de Thinamurasu, a déclaré à Reporters sans frontières que son "journal est le seul en tamoul à rapporter les violations des droits de l'homme (…). On doit payer le prix de notre indépendance car le LTTE attend que tous les médias tamouls ne parlent pas de leur violence. Ceux qui n'obéissent pas sont harcelés". Depuis plusieurs années, Thinamurasu, proche de l'EPDP (parti politique tamoul radicalement opposé au LTTE), doit faire face à de nombreuses menaces et attaques. En juin 2003, le responsable du LTTE dans le district de Mannar (nord-ouest du pays) a menacé des "pires conséquences" les journalistes locaux du Thinamurasu s'ils continuaient à distribuer leur publication dans la région. En mars 2002, le distributeur de l'hebdomadaire dans l'est de l'île a renoncé à son contrat suite aux menaces du LTTE. En mai et en juin 2002, le LTTE a interdit de fait la diffusion de l'hebdomadaire à Batticaloa. Il avait fallu l'intervention des observateurs norvégiens pour que Thinamurasu soit de nouveau vendu. En novembre 1999, Nadarajah Atputharajah, alias Ramesh, directeur de Thinamurasu et député de l'EPDP, a été assassiné à Jaffna. Les motifs de ce meurtre n'ont jamais été élucidés et ses auteurs n'ont pas été identifiés.
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Updated on 20.01.2016