Les services spéciaux arrêtent l'ex-ministre qui a dénoncé les mises sur écoutes de journalistes
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Reporters sans frontières a appris, le 30 août 2007, que les services spéciaux étaient entrés, tôt dans la matinée, dans l'appartement du journaliste indépendant Sylwester Latkowski afin d'y interpeller, pour “entrave à la justice”, l'ancien ministre de l'Intérieur, Janusz Kaczmarek. Il est poursuivi dans le cadre d'une enquête sur une fuite concernant une opération anticorruption du ministère de l'Agriculture. Limogé début août, il avait déclaré, le 22 août, devant une commission parlementaire chargée d'évaluer les activités des services spéciaux, que le ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro, et le Premier ministre, Jaroslaw Kaczynski, avaient fait mettre sur écoutes de nombreux journalistes, critiques à l'égard du gouvernement.
“Cette intervention des services secrets, alors que le journaliste préparait, en collaboration avec un collègue, un article pour Polityka sur l'affaire des écoutes des journalistes et politiciens d'opposition, est inquiétante. Nous demandons aux autorités de créér une commission parlementaire spéciale sur mises sur écoutes de journalistes”, a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse.
Sylwester Latkowski est bouleversé : “J'ai peur, je n'ai plus confiance dans les institutions d'Etat”, a-t-il déclaré.
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24.08.2007 : Un ancien ministre accuse les services secrets d'avoir mis sur écoutes plusieurs journalistes
Le 22 août 2007, Janusz Kaczmarek, ancien ministre de l'Interieur et de l'Administration du gouvernement Droit et Justice, a déclaré devant la commission parlementaire chargée des services spéciaux que le ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro, et le Premier ministre, Jaroslaw Kaczynski, ont fait mettre sur écoutes de nombreux journalistes, critiques à l'égard du gouvernement.
“Il est inacceptable qu'un pays membre de l'Union européenne cède à de telles pratiques illégales. Si les journalistes polonais pensent que ces pratiques sont fréquentes, cela ne minimise en rien la gravité de ces faits. Que les services spéciaux aient été mandatés pour manipuler les directeurs de grands médias est scandaleux, et doit donner lieu à une enquête indépendante approfondie au plus niveau de l'Etat”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Janusz Kaczmarek a déclaré être prêt à témoigner devant une commission parlementaire spéciale. Nous espérons vivement sa création, même si le PiS (Droit et Justice) a déjà bloqué la création de deux commissions parlementaires demandées par l'opposition”, a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse.
Les travaux de la commission, censés être confidentiels, ont été largement dévoilés à la presse par quelques parlementaires, dont Pawel Gras (PO) et Jerzy Szmajdzinski (SLD), qui ont divulgué des détails de la déposition de l'ancien ministre. Selon eux, Janusz Kaczmarek a cité deux journalistes sur écoutes : Maciej Duda, ancien journaliste du quotidien national Rzeczpospolita, et Wojciech Czuchnowski de Gazeta Wyborcza. Les deux parlementaires ont révélé que Janusz Kaczmarek accuse le ministre de la Justice d'utiliser, avec le plein accord du Premier ministre, l'ensemble de l'appareil de sécurité (la police, les Procureurs, les services spéciaux) pour renforcer son pouvoir et affaiblir l'opposition. Il aurait également révélé que des ordres ont été donnés aux services spéciaux de chercher des faits utiles pour pratiquer le chantage ou compromettre les propriétaires de trois grands médias : deux chaînes de télévisions privés Polsat et TVN et le journal Gazeta Wyborcza.
Janusz Kaczmarek, longtemps proche collaborateur de Zbigniew Ziobro, a expliqué qu'il avait été limogé parce qu'il ne pouvait plus accepter les méthodes gouvernementales. “Nous vivons dans un Etat totalitaire”, a-t-il déclaré.
Sept ministres ont répondu à ces accusations lors d'une longue conférence de presse tenue à la Chancellerie présidentielle, dont Zbigniew Ziobro (ministre de la Justice). Ils ont démenti les faits et accusé Janusz Kaczmarek de chercher à discréditer l'appareil de justice et de sécurité nationale, à l'instigation “d'ennemis de la Pologne”. Les sept représentants du gouvernement n'ont pourtant pas donné de réponses concrètes en se retranchant derrière le secret d'Etat et celui de l'instruction.
Publié le
Updated on
20.01.2016