Les responsables du quotidien Nanfang Dushi Bao condamnés en appel à de lourdes peines de prison
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Une cour d'appel de Canton a réduit les peines de prison de Yu Huafeng et Li Minying, responsables du quotidien libéral Nanfang Dushi Bao. Le rédacteur en chef, Cheng Yizhong, est détenu sans inculpation depuis le 20 mars 2004. Leur procès a, une nouvelle fois, été entaché d'irrégularités et de pressions politiques.
Reporters sans frontières est indignée par la lourdeur des peines de prison infligées en appel aux deux patrons de presse. Il est scandaleux de voir une cour d'appel reprendre point pour point les arguments d'un premier verdict grossier et manipulé par les autorités locales. L'organisation souhaite que la Haute Cour reçoive le nouvel appel que va déposer l'avocat de Yu Huafeng. Reporters sans frontières s'est adressée dans ces termes à l'ambassadeur de Chine populaire auprès des Nations unies à New York : "Cette affaire doit être réexaminée sur le fond. Six et huit ans de prison restent des sanctions injustifiées pour un délit d'opinion et contraires aux engagements internationaux de la Chine populaire."
Le 15 juin 2004, la Cour intermédiaire de Canton (Sud) a réduit en appel les peines de prison de Yu Huafeng et Li Minying, responsables du quotidien cantonais Nanfang Dushi Bao. Yu Huafeng, l'ancien directeur général, a été condamné à huit ans d'emprisonnement alors qu'il avait écopé de douze ans en première instance. Après l'énoncé du verdict, il a déclaré aux juges : "Vous pouvez manipuler la loi, mais pas l'histoire." Il prévoit de faire de nouveau appel de cette décision devant la Haute Cour de Canton. Li Minying, ancien directeur de publication, a vu sa peine réduite de onze à six ans de détention. Les juges ont déclaré, selon l'agence de presse officielle Xinhua : "Les premiers verdicts étaient basés sur des faits clairs et des preuves réelles ; le verdict a puni le crime et la procédure judiciaire était légale, mais la punition était relativement lourde." L'avocat des journalistes, Xu Zhiyong, a défendu l'innocence de ses clients : "Nous pensons tous que c'est une injustice." Par ailleurs, l'ancien rédacteur en chef du Nanfang Dushi Bao, Cheng Yizhong, est toujours détenu sans inculpation par la police de Canton dans la même affaire.
L'avocat a révélé que le site Internet de son cabinet www.oci.org.cn a été bloqué par les autorités pendant la semaine qui a précédé le verdict. Xu Zhiyong a dénoncé le black-out de l'information dans la presse chinoise autour de cette affaire.
Les arrestations de ces trois journalistes sont, en fait, liées à une série d'enquêtes publiées par ce quotidien libéral de Canton, notamment sur le SRAS et le décès d'un jeune graphiste, Sun Zhigang, battu à mort dans un commissariat de Canton. Les journalistes avaient été licenciés du journal avant d'être placés en détention.
Cette cabale montée par les autorités locales, dont le chef de la police de Canton Zhu Suisheng, contre ce quotidien audacieux vise à perpétuer le climat de peur parmi les journalistes chinois dont Reporters sans frontières a recueilli plusieurs témoignages. Ils se disent "anéantis" et "effrayés" par l'arrestation des trois journalistes.
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Updated on
20.01.2016