Les rapports d'enquête sur la mort de Bibi Ngota doivent être rendus publics !

Reporters sans frontières regrette l'attitude adoptée par les autorités camerounaises dans l'enquête sur la mort du journaliste camerounais, "Bibi" Ngota Ngota, décédé le 22 avril 2010 à la prison de Kondengui à Yaoundé. Voir communiqué précédent . Le président de la République, Paul Biya, a exigé, fin avril, qu'une enquête soit menée afin de connaître les circonstances du décès du journaliste. A ce jour, aucun rapport n'a été rendu public. "Nous attendons des autorités camerounaises qu'elles rendent rapidement publics les rapports de l'enquête administrative. Il est nécessaire que toute la lumière soit faite sur les conditions de détention et les causes du décès, en prison, du journaliste. Les autorités ne peuvent pas continuer à rester aussi évasives dans leurs déclarations", a déclaré l'organisation. Lors d'une conférence de presse tenue à Paris le 8 juin 2010, le ministre de la Communication du Cameroun et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, a été questionné par un journaliste au sujet du décès en prison de Bibi Ngota. Le ministre, conscient qu'il allait être interrogé sur cet événement, a préféré reprendre une rhétorique éculée sur les ennemis du Cameroun et attaquer les médias qui "relayent et amplifient des informations distordues". Il s'est plaint du discrédit qui était jeté sur "son beau pays". Se voulant rassurant, le ministre a toutefois rappelé que le président de la République avait diligenté une enquête "pour que la vérité éclate" dans cette affaire. Alors que les rapports n’ont pas encore été rendus publics, le ministre a évoqué lors de la conférence les conclusions auxquelles aboutit cette enquête, éludant les questions relatives aux conditions de détention et affirmant que "Bibi Ngota (n’était) pas mort faute de soins, mais parce qu'il avait une maladie". Monsieur Issa Tchiroma Bakary a cependant admis que le journaliste n’avait pas été coupable de délit de presse, et, revenant sur le fond de l’affaire, l’a qualifié de "victime collatérale d’(un) faux document". Reporters sans frontières regrette que Monsieur Issa Tchiroma Bakary n’ait pas mis l’accent sur deux aspects essentiels de l’affaire, symptomatiques des problèmes de pratique du journalisme et de liberté de la presse au Cameroun : le caractère pénal des délits de presse et le fait que les professionnels des médias placés en détention sont mêlés à des prisonniers de droit commun. Le 1er juin 2010, en marge du sommet Afrique-France qui s'est tenu à Nice, le responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières a interpellé le chef de l'Etat, Paul Biya, sur la question de la dépénalisation des délits de presse au Cameroun.
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Updated on 20.01.2016