Les professionnels de l’information, cibles directes et indirectes des affrontements entre l’armée fidèle au président Saleh et les partisans de l’opposition

Reporters sans frontières est fortement préoccupée par l’intensification de la violence qui touche directement et indirectement les professionnels des médias, à Sanaa, la capitale yéménite et dans le sud du pays. Le 2 novembre 2011 dans la matinée, le siège de la chaîne indépendante Haditha Al-Madina à Taëz (270 km au sud de Sanaa), a été fortement endommagé par un éclat d’obus tiré à proximité. Malgré d’importants dégâts matériels, on ne dénombre aucun blessé. Par ailleurs, le 22 octobre dernier, le siège de la chaîne Al-Saida, situé dans le quartier de Sufa à Sanaa, a été pris dans le feu croisé des partisans d’Ali Abdallah Saleh et la première division blindée, ralliée aux mouvements de protestation, lors d’un accrochage à l’arme lourde. Quelques jours plus tôt, le siège de la chaîne avait pris feu lors d’affrontements entre les deux camps. Au cours des bombardements, un employé de la chaîne a trouvé la mort. L’organisation a appris que le journaliste Jamal Ezz Al-Din, correspondant pour la chaîne Qatar TV, a échappé de peu à une tentative d’assassinat alors qu’il couvrait un rassemblement d’opposants en compagnie du cameraman Taha Al-Muammari, le 20 octobre à Sanaa. Un soldat de la première division blindée a tiré sur le journaliste, sauvé de justesse par son cameraman qui s’est interposé. Jamal Ezz Al-Din s’est ensuite abrité à l’intérieur du siège de Yemen Digital, où plusieurs médias étrangers ont leurs bureaux. En compagnie d’autres soldats, le militaire a alors ouvert le feu sur le bâtiment. Un officier de la première division blindée est rapidement intervenu pour rappeler le groupe de soldats à l’ordre. Aucune victime n’est à déplorer. Reporters sans frontières exhorte le Haut Commandement de la première division blindée à donner des instructions claires à ses soldats afin que les professionnels de l’information ne soient pas la cible d’actes d’intimidation, voire de tirs. L’organisation rappelle à l’armée qui est fidèle au président Ali Abdallah Saleh, tout comme aux partisans du mouvement de contestation, que les journalistes et les bâtiments abritant des médias sont protégés par les conventions internationales et la résolution 1738 du Conseil de sécurité des Nations unies.
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Updated on 20.01.2016