Les meurtriers présumés des journalistes Edgar Damalerio, Ely Binoya et Arnel Manalo sous les verrous. Fin de l'impunité ?

Pour la première fois, les autorités philippines sont sur le point de mettre un terme à l'impunité dont bénéficient les assassins de journalistes. Depuis le 23 août, la police a procédé à des avancées importantes dans les enquêtes sur les assassinats des journalistes Ely Binoya, Arnel Manalo et Edgar Damalerio (photo). Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur et de l'Administration locale, Angelo Reyes, Reporters sans frontières lui a demandé de maintenir les efforts actuels afin que toutes les enquêtes aboutissent. L'organisation attend des autorités qu'elles transmettent à la justice dans des délais raisonnables les résultats des enquêtes permettant le démarrage des procès. Enfin, Reporters sans frontières a demandé au ministre de s'assurer que les témoins dans ces affaires continuent à bénéficier de programmes de protection. Le 12 septembre 2004, Guillermo Wapile (photo), meurtrier présumé du journaliste Edgar Damalerio, s'est livré à la police de Pagadian (île de Mindanao, sud du pays). Il a été présenté dès le lendemain à la presse. Guillermo Wapile, ancien policier, avait été identifié et arrêté en mai 2002, moins de quatre jours après le meurtre du journaliste. La police locale l'avait couvert et relâché en dépit de son identification formelle par deux témoins, dont l'un d'entre eux, Jury Ladica, avait été assassiné quelques semaines plus tard. Arrêté de nouveau en janvier 2003, Guillermo Wapile avait mystérieusement réussi à s'évader quelques jours plus tard du camp de police de Pagadian. Depuis, les témoins du meurtre et la famille du journaliste sont régulièrement menacés de morts par Guillermo Wapile et ses complices. Le 27 août, la police a arrêté à Parañaque (district de Baclaran, au sud de Manille), Michael Garcia, un tueur à gages soupçonné d'avoir assassiné le journaliste Arnel Manalo. Le frère du journaliste, témoin du crime, a identifié le suspect. Le 2 septembre, le commanditaire présumé du meurtre, Edilberto Mendoza, s'est rendu aux autorités. Le 23 août, deux suspects dans l'assassinat d'Ely Binoya se sont livrés à la justice. Ephraim Englis, alias "Toto", et Alfonso Toquero ont toutefois nié leur implication dans le meurtre du journaliste. La police soupçonne Ephraim Englis, un ancien policier et chef de village, d'être le "cerveau" de l'opération. Celui-ci, ainsi que d'autres notables locaux, avaient été accusés de corruption par Ely Binoya.
Publié le
Updated on 20.01.2016