Les mesures répressives prises par le gouvernement et l'armée depuis le 3 novembre 2007 visent tout particulièrement les avocats, les juges, les opposants, les militants des droits de l'homme et les journalistes. Cinq photographes et cameramen ont été libérés le 6 novembre à Karachi, dont Imtiaz Alam, journaliste et directeur de l'organisation de défense de la liberté de la presse SAFMA, qui a été détenu pendant plus de 30 heures.
Les mesures répressives prises par le gouvernement et l'armée depuis le 3 novembre 2007 visent tout particulièrement les avocats, les juges, les opposants, les militants des droits de l'homme et les journalistes. Cinq photographes et cameramen ont été libérés le 6 novembre à Karachi, dont Imtiaz Alam, journaliste et directeur de l'organisation de défense de la liberté de la presse SAFMA, qui a été détenu pendant plus de 30 heures.
"Nous apportons tout notre soutien aux médias pakistanais qui refusent de se plier à la censure imposée par le général Pervez Musharraf. L'indépendance des journaux, des radios et des télévisions est l'une des richesses du Pakistan. Elle doit être défendue à tout prix. Nous appelons les autorités à cesser ses méthodes d'intimidation et à annuler sans délai les deux ordonnances sur les médias adoptées en même temps que l'état d'urgence", a déclaré Reporters sans frontières.
Le général Pervez Musharraf est considéré, depuis 2004, comme l'un des prédateurs de la liberté de la presse dans le monde par Reporters sans frontières.
Les principales organisations professionnelles - la Pakistan Federal Union of Journalists, la All Pakistan Newspapers Society, le Council of Pakistan Newspapers Editors, la Pakistan Broadcasters Association et la South Asia Free Media Association - demandent ensemble l'annulation des ordonnances modifiant les lois sur la presse et l'audiovisuel.
Selon plusieurs médias pakistanais, le Press Information Department (PID), dépendant du ministère de l'Information, a créé un bureau spécial chargé de surveiller 21 quotidiens nationaux et 13 titres régionaux pour s'assurer qu'ils respectent les nouvelles règles imposées par ces ordonnances. Cette surveillance concerne notamment Daily Times, Dawn, The News, Pakistan Observer, Jang, Ausaf, Khabrian ou encore Jinnah. Les gouvernements régionaux auraient également reçu la consigne de veiller à l'application de l'ordonnance qui interdit la diffusion d'informations hostiles au chef de l'Etat et à l'armée. Selon le Daily Times, le PID doit remettre chaque jour un rapport au directeur du service Home Publicity du ministère.
Le 6 novembre, la police a interdit l'accès au Club de la presse de Peshawar où des opposants au gouvernement souhaitaient tenir une conférence de presse. "Un groupe important de policiers se trouve devant le club et personne ne peut entrer. Depuis le 5 novembre, personne ne peut s'adresser aux journalistes de Peshawar", a expliqué Muhammad Riaz, le président du club à Reporters sans frontières. A Faisalabad également, la police a interdit l'accès au club de la presse.
Le même jour, l'Union des journalistes de Karachi (KUJ) a confirmé que les cinq reporters arrêtés la veille par la police devant le club de la presse de la ville avaient été libérés. Shamin-ur-Rehman, président de la KUJ, a expliqué à Reporters sans frontières que la police avait enregistré une plainte pour "tentative d'assassinat" et "banditisme" contre Mohammad Mohsin de la chaîne Indus TV, Shariq Ahmed du journal Khabrian, Nazeer Khan du quotidien Nawa-i-Waqt, Fazal-ur-Rahman du journal Mehshar et Asghar Shah de la chaîne Aaj TV.
Le 5 novembre, la police a arrêté Imtiaz Alam, secrétaire général de l'organisation de défense de la liberté de la presse SAFMA et l'un des responsables de la rédaction du quotidien The News, à Lahore. Il a été libéré le lendemain.
Le 5 novembre également, une dizaine de journalistes et photographes ont été malmenés et interpellés par les forces de sécurité à Quetta (Sud-Ouest). Ils couvraient une manifestation de l'opposition. Au même moment, à Karachi, Nazeeruddin Siddique, photographe du quotidien Nation, a été arrêté par la police. Reporters sans frontières n'a pas pu confirmer si le reporter avait été libéré. Cette fois, à Rawalpindi, près de la capitale, des policiers ont frappé et insulté des journalistes qui couvraient une manifestation d'avocats. Le photoreporter Muhammad Javed a eu deux doigts cassés par un policier qui lui a également confisqué la carte mémoire de son appareil.
Par ailleurs, le groupe de presse Jang a reçu des menaces d'attentat de la part d'un groupe proche des taliban qui lui reproche la publication de photographies de "jeunes femmes". Le directeur du Jang, Mir Shakil-ur-Rahman, a affirmé qu'il a fait l'objet d'une tentative d'assassinat et de menaces de mort de la part de djihadistes basés à Karachi.
Les chaînes de télévision indépendantes peuvent toujours êtres regardées sur Internet. Mais seulement 15% des Pakistanais disposeraient d'une connexion, selon une enquête de Gallup. Le site de la chaîne Geo TV, la première à avoir diffusé des programmes d'information indépendants au Pakistan, a connu une augmentation considérable de sa fréquentation, allant jusqu'à plus d'un million de visiteurs par jour.
De même, les ventes de journaux, notamment des suppléments consacrés à l'état d'urgence, ont sensiblement augmenté suite à l'interdiction des radios et des télévisions privées. De son côté, le service en ourdou de la BBC World Service a augmenté le nombre de ses bulletins d'informations alors que ses programmes ne sont plus diffusés sur la bande FM depuis la fermeture par l'armée de la station FM 103, le 3 novembre.
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