Les journaux d'opposition dans la ligne de mire des autorités
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Le 6 mai, le parquet général a mis en garde les journaux d'opposition Yeni Musavat, Hurriyet, Azadliq et Milliyet, les accusant d'avoir "violé la loi sur les médias" et publié des articles sur le chef de l'Etat sans faire preuve de déontologie journalistique. Le même jour, la police a refusé d'ouvrir une enquête sur l'attaque de la rédaction de Yeni Musavat, qui a fait plusieurs blessés le 4 mai dernier. Reporters sans frontières est indignée par l'accumulation des pressions juridiques, médiatiques et physiques dont font l'objet les journaux et les journalistes d'opposition. L'organisation craint que ces atteintes à la liberté de la presse ne s'aggravent encore plus à l'approche de l'élection présidentielle, prévue en octobre 2003.
"Jusqu'ici, les journaux d'opposition étaient surtout victimes d'un harcèlement juridique systématique visant à les couler financièrement : Yeni Musavat doit faire face à pas moins de quatorze procès en diffamation", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur, Ramil Usubov. "Mais cette agression suivie, à peine deux jours plus tard, d'un avertissement du parquet général et du refus d'enquêter est bien plus grave. Nous vous demandons d'ordonner l'ouverture d'une enquête sur les violences faites aux journalistes de Yeni Musavat et de prendre les mesures nécessaires pour que cesse l'ensemble des pressions sur la presse d'opposition", a ajouté M. Ménard.
Le 4 mai vers 21 h 30, une trentaine d'hommes ont attaqué les locaux de Yeni Musavat, insultant les journalistes présents, menaçant de tuer son rédacteur en chef Rauf Arifoglu, qui n'était pas sur les lieux, et causant de nombreux dégâts matériels. Le directeur adjoint du journal, Gabil Abbasoglu, ainsi que les journalistes Elshad Pashasoy, Samir Azizoglu, et Khalid Kazimli ont été blessés. Un des journalistes a pu appeler la police, qui a procédé à au moins quatre arrestations le jour même, sans engager de poursuites. Les assaillants ont demandé aux journalistes de cesser de publier des articles sur l'état de santé du président Aliev et de cesser de critiquer les autorités. D'après Rauf Arifoglu, la surveillance policière, mise en place trois jours auparavant, a été retirée deux heures avant l'incident. Les journalistes s'attendaient à être agressés et avaient demandé une protection à la police après une série de déclarations de fonctionnaires appelant à "punir" le journal et la parution d'articles dans la presse officielle l'accusant d'être un "ennemi de la Nation". Ces derniers reprochent notamment à Yeni Musavat d'avoir appelé à la démission du Président, pour des raisons de santé.
Le 2 mai dernier, la police a par ailleurs saisi 1 800 copies de l'édition russophone de Yeni Musavat à la sortie de l'imprimerie Viza-Media à Bakou et détenu quatre journalistes, dont Azer Aykhan, Firdovsi Akhmedov et Sayyad Gadirli et trois employés de l'imprimerie, dont son directeur Aliovst Talishkhanly, pour publication de matériel "antiétatique".
Depuis le 21 avril, les autorités font pression sur les sociétés de distribution de journaux du métro de Bakou. Selon Sakit Hasanli, président du syndicat "Assistance au développement de la presse", l'administration du métro a posé comme condition au renouvellement trimestriel du contrat avec les sociétés Said et Mars-3, la suspension de la distribution des journaux d'opposition, dont Azadliq, Yeni Musavat, Hurriyet et Milliyet.
Publié le
Updated on
20.01.2016