Reporters sans frontières dénonce les manœuvres du gouvernement soudanais pour censurer les journaux paraissant à Khartoum, avec l'appui du Sudan People's Liberation Movement (SPLM, mouvement sudiste membre du gouvernement d'union), après que le quotidien privé arabophone Ajras al-Huriyya a été empêché d'imprimer son édition du 2 juin 2008.
Reporters sans frontières dénonce les manœuvres du gouvernement soudanais pour censurer les journaux paraissant à Khartoum, avec l'appui du Sudan People's Liberation Movement (SPLM, mouvement sudiste membre du gouvernement d'union), après que le quotidien privé arabophone Ajras al-Huriyya a été empêché d'imprimer son édition du 2 juin 2008.
"La classe politique soudanaise est désormais liguée pour contrôler l'information, comme si les lecteurs n'étaient pas assez adultes pour connaître la réalité. Nous répétons que le rétablissement illégal de la censure n'est pas tolérable, en plus d'être inefficace. Nous demandons aux forces politiques membres du gouvernement soudanais de refuser de s'engager plus avant dans cette voie rétrograde", a déclaré l'organisation.
Au cours d'une nouvelle descente nocturne dans une imprimerie de Khartoum, le 2 juin 2008 à 1 heure 30 du matin, une unité des forces de sécurité soudanaises a ordonné la suppression d'une page entière d'Ajras al-Huriyya, faute de quoi il lui était interdit de paraître. La direction du journal, estimant que le délai imparti pour remplacer le contenu manquant était trop court, a décidé de ne pas faire imprimer le journal. Les forces de sécurité ont également demandé à la direction d'Ajras al-Huriyya de signer une déclaration prérédigée, dans laquelle les journalistes s'engageaient à ne faire paraître les éléments censurés sur aucun autre support, dont l'Internet.
Ces interventions à la dernière minute et la signature d'un engagement prérédigé sont une nouvelle technique des forces de sécurité soudanaises chargées de la censure - depuis son rétablissement illégal le 6 février 2008 - pour empêcher les journaux de paraître. Par ailleurs, pour la première fois depuis la signature de l'accord de paix global Nord-Sud en 2005, des officiers du Sudan People's Liberation Movement (SPLM) ont participé aux opérations de censure des forces de sécurité soudanaises.
La même méthode avait été utilisée le 26 mai 2008 à l'encontre de l'hebdomadaire privé Al-Midan, après que plusieurs parties de l'éditorial et une interview du ministre des Affaires étrangères, Deng Alor, avaient été censurées, et que la direction du journal avait refusé de signer l'engagement prérédigé. Deng Alor, un haut responsable du SPLM, est un Dinka Ngok originaire de la ville pétrolifère disputée d'Abyei (Sud), où l'armée soudanaise et l'aile militaire du SPLM se sont affrontées dans des combats meurtriers début mai.