Alors que l’Arabie saoudite a récemment annoncé la fin de l’opération “Tempête Décisive”, un journaliste a été tué - et un caméraman a été blessé - lors des violentes explosions qui ont secoué la capitale yéménite le 20 avril 2015. Les raids aériens de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite visaient une base de missiles, où se trouvaient des dépôts d’armes et de munitions, proche du siège de la chaîne.
Mohamed Rajah Chamsan, présentateur pour la chaîne
Al-Yemen Al-Youm TV, associée à l’ancien Président Saleh, et animateur pour la chaîne de radio
Yemen FM a été tué lors d’un raid aérien, le 20 avril dans la matinée,visant une base de missiles détenue par les Houthis dans la région de Fajj Attan, au sud de la capitale. ْTrois autres employés de la chaîne ont été tués et près de 10 ont été
blessés. Le
bâtiment de la chaîne a été
endommagé et cette dernière a dû
arrêter toute diffusion pendant plus d’une heure. Ces bombardements ont fait plus de 30 morts et 350 blessés selon un bilan établi par des hôpitaux locaux.
Mohamed Rajah Chamsan se
trouvait près du bâtiment de la chaîne lorsqu’il a été
touché par des éclats d’obus à la
tête, en compagnie du caméraman
Abdallah Al-Chakry qui lui a été grièvement blessé. Nabil Al-Ayani, un journaliste de la chaîne a expliqué dans une vidéo publiée sur le compte Twitter du média que le journaliste se trouvait avec lui à 100 mètres du bâtiment de la chaîne à l’intérieur d’un véhicule lorsque ce dernier a été touché par un missile.
Reporters sans frontières est vivement préoccupée par la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Yémen. De nombreux journalistes sont la cible de menaces, d’agressions, et d’enlèvements par des membres houthis ou des inconnus, et nombre de
médias ont vu leurs locaux pris d’assaut par des rebelles houthis au cours de ces derniers mois. “
RSF demande aux autorités et à toutes les parties du conflit de respecter le travail des professionnels de l’information, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de l’organisation. Cibler les journalistes engagés dans des activités d’information constitue une infraction grave aux Conventions de Genève”.
Selon la Fédération Internationale des Journalistes (IFJ) et son partenaire le Syndicat des journalistes yéménites (YJS), la chaîne
Al-Yemen Al-Youm TV avait dû
évacuer ses bureaux fin mars dernier pour des raisons de sécurité suite à un appel téléphonique de la part d’un membre de la coalition l’avertissant que son équipe était considérée comme une cible militaire. De plus, un
porte-parole militaire de la coalition avait
déclaré que les organisations des médias qui sont associées aux rebelles houthis ou à l’ancien président yéménite constituent des cibles légitimes.
Selon des sources locales, il s’agissait d’une des plus graves explosions dans la capitale yéménite depuis le début de l’offensive de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, le 26 mars dernier, contre les forces rebelles houthis.
Le Yémen figure à la 168e place (sur 180) du
Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.