Les journalistes de Semana menacés

Le 4 octobre, l'hebdomadaire Semana a affirmé être victime de menaces et d'écoutes téléphoniques après avoir dénoncé les termes des négociations entre le gouvernement et les paramilitaires. Reporters sans frontières a demandé l'ouverture d'une enquête et la publication de ses conclusions.

Reporters sans frontières a exprimé sa préoccupation après les révélations de l'hebdomadaire Semana sur les menaces reçues par plusieurs de ses journalistes dans la semaine du 27 septembre 2004 et les écoutes illégales dont ils seraient l'objet. "Nous sommes inquiets pour la sécurité de ces journalistes et pour leurs conditions de travail, la confidentialité de leurs communications n'étant plus respectée. Si le secret des sources n'est pas garanti, c'est la fin du journalisme d'investigation. Alors que les services de l'Etat pourraient être en cause, il est important qu'une enquête sérieuse soit menée sur ce dossier", a souligné Reporters sans frontières dans une lettre adressée au procureur général de la Nation, Luis Camilo Osorio. L'organisation a demandé à ce dernier l'ouverture d'une enquête et la publication de ses conclusions. Dans son éditorial du 4 octobre, la revue Semana, publiée à Bogotá, a dénoncé les menaces dont ont été victimes certains journalistes de sa rédaction la semaine précédente. Selon la revue, plusieurs conversations téléphoniques ont été interceptées illégalement. Dans cet éditorial, la revue précise qu'elle ignore si ces menaces proviennent de paramilitaires ou de narcotrafiquants. Semana a précisé que, pour des raisons de sécurité, elle ne souhaitait pas révéler l'identité des journalistes visés. Dans son édition du 27 septembre, Semana avait retranscrit des extraits d'une conversation secrète entre le haut-commissaire pour la paix, Luis Carlos Restrepo, et plusieurs dirigeants des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, paramilitaires). Dans cette conversation, le représentant du gouvernement laissait entendre que le président de la République pourrait éviter que les chefs paramilitaires soient extradés aux Etats-Unis, où ils sont poursuivis pour narcotrafic, en échange de la démobilisation de leurs hommes. Il évoquait également la possibilité d'adopter une loi qui leur éviterait d'être poursuivis devant la Cour pénale internationale. Dans la même édition, Semana publiait une enquête sur l'infiltration des groupes paramilitaires d'extrême droite par des narcotrafiquants. Le 1er juillet dernier, le gouvernement a entamé des négociations avec les principaux groupes paramilitaires afin d'obtenir leur démobilisation d'ici la fin de l'année 2005.
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Updated on 20.01.2016