Les deux procès du directeur du quotidien The Point repoussés au 23 et au 25 mars

Le directeur du quotidien The Point, Pap Saine, a comparu devant le tribunal de première instance de Kanifing, près de Banjul, le 11 mars 2009 vers 10 heures, pour "publication et diffusion de fausses nouvelles". Le juge Sainabou Wadda-Ceesay a ordonné le report de l'affaire au 23 mars, justifiant cette décision par le besoin de vérifier la conformité des charges retenues contre le journaliste avec un amendement au Code criminel datant de 2005. Pap Saine a également comparu, le même jour, vers midi, devant le tribunal de Banjul, pour "obtention de documents personnels sur la base de fausses déclarations". Le juge Lamin George a repoussé le procès au 25 mars, suite à la demande de la défense d'obtenir plusieurs documents des autorités judiciaires, notamment la copie des charges retenues contre le journaliste et celle des déclarations des témoins. Pap Saine est accusé d'être sénégalais et d'avoir obtenu, de manière frauduleuse, un certificat de naissance et une carte d'identité gambiens. -------- 04.03.2009 - "Sauvez The Point" : Reporters sans frontières écrit au secrétaire général du Commonwealth Alors que Pap Saine, directeur du quotidien The Point, doit être jugé le 11 mars prochain pour "publication et diffusion de fausses informations" et "obtention de documents personnels sur la base de fausses déclarations", Reporters sans frontières a écrit au secrétaire général du Commonwealth, Kamalesh Sharma. L'organisation lui demande d'intervenir auprès du président Yahya Jammeh pour que cesse immédiatement l'acharnement des autorités gambiennes à l'encontre du dernier quotidien indépendant du pays et de son directeur. Monsieur Kamalesh Sharma
Secrétaire général
Commonwealth
Londres - Royaume Uni Paris, le 4 mars 2009 Monsieur le Secrétaire général, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite vous faire part de sa très grande préoccupation au sujet du harcèlement mené par les autorités gambiennes à l'encontre du quotidien indépendant The Point, et attirer votre attention sur la situation de son directeur, Pap Saine. Inculpé pour "publication et diffusion de fausses informations", Pap Saine a comparu devant le tribunal de première instance de Kanifing, à une dizaine de kilomètres de Banjul, le 4 février 2009. Son procès a été ajourné et le journaliste, qui a plaidé non coupable, a été remis en liberté provisoire contre le paiement d'une caution de 50 000 dalasis (environ 1 800 euros). Les autorités lui reprochent la publication, le 30 janvier, d'un article intitulé "Un diplomate gambien arrêté et conduit à Mile Two". Lors de son arrestation, la police a insisté pour que Pap Saine divulgue la source de ses informations, ce que ce dernier a catégoriquement refusé de faire. Dans une autre affaire, Pap Saine a comparu devant la justice gambienne, le 24 février, pour "obtention de documents personnels sur la base de fausses déclarations". Le journaliste est accusé d'être sénégalais et d'avoir obtenu, de manière frauduleuse, un certificat de naissance et une carte d'identité gambiens. Ces accusations, absurdes et infondées, ont pour seul but d'accentuer la pression sur le directeur de The Point, par ailleurs correspondant de l'agence Reuters en Gambie. Un nouveau procès, statuant sur les deux affaires, se tiendra le 11 mars prochain. Enfin, le 20 février dernier, un groupe de policiers menés par l'inspecteur Kebba Fadera s'est rendu à trois reprises dans les locaux de The Point. Ils ont tenté en vain de contraindre les reporters du journal à divulguer les sources de leurs informations. Nous vous rappelons que la pression exercée sur cette publication n'est pas nouvelle. Le 16 décembre 2004, l'ancien directeur de The Point, Deyda Hydara, associé et ami d'enfance de Pap Saine, a été assassiné par balles, au volant de sa voiture, alors qu'il raccompagnait ses employés à leur domicile. Cet événement tragique, resté impuni alors que de forts soupçons pèsent sur les services de sécurité entourant le président Yahya Jammeh, a constitué un tournant pour la presse gambienne, qui vit depuis lors dans un climat de peur permanent. La communauté internationale et le Commonwealth ne peuvent rester silencieux face à cette triste situation, qui risque d'entraîner la disparition du dernier quotidien indépendant de Gambie et le bâillonnement des seules voix offrant à la population des informations autres que la propagande du régime. C'est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir intervenir auprès du président Yahya Jammeh pour que cesse immédiatement l'acharnement contre The Point. Les autorités gambiennes devraient en outre s'engager publiquement à respecter la liberté et garantir la sécurité de Pap Saine et de ses employés. Face à l'extrême gravité de la situation, nous comptons sur la fermeté de votre engagement et la rapidité de votre réponse. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire général, l'assurance de ma parfaite considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général
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Updated on 20.01.2016