Les biens d'un hebdomadaire saisis à la demande d'un entrepreneur : “Une censure détournée” selon Reporters sans frontières
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Reporters sans frontières a appris avec inquiétude l'ordre de saisie par la justice, le 4 septembre 2008, des biens et des avoirs bancaires de l'hebdomadaire El Periódico. Cette mesure fait suite à la demande de l'entrepreneur immobilier Herman Bern, régulièrement cité dans la presse, que l'hebdomadaire venait de mettre en cause dans une affaire de fausse déclaration fiscale.
“Si Herman Bern est si sûr de son bon droit, pourquoi n'a-t-il pas eu recours à la voie habituelle en poursuivant El Periódico pour ‘diffamation', comme la loi lui en donne la possibilité ? L'obtention, moyennant finance par le plaignant, du gel des ressources financières du journal tient apparemment de la volonté de faire taire ses journalistes et relève donc d'une forme de censure détournée. Le média aurait-il encouru la même sanction si Herman Bern avait été un simple citoyen sans appui ni influence ? Nous espérons que cette décision fera l'objet d'une infirmation en cas d'appel”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 4 septembre, les biens et comptes bancaires de l'hebdomadaire El Periódico ont été saisis sur décision d'une juridiction civile du district judiciaire de Panama. Le tribunal a, ce faisant, exécuté la demande de l'entrepreneur Herman Bern qui s'était acquitté d'une caution de 250 000 dollars pour l'obtenir. Le directeur du journal, Omar Wong, a assimilé cette mesure à un moyen de réduire El Periódico au silence et l'a qualifiée d'”atteinte à la liberté d'expression”.
El Periódico est entré récemment en conflit avec Herman Bern après avoir révélé que ce dernier, propriétaire immobilier et concessionnaire de l'État dans d'importants travaux publics, avait minoré ses déclarations de biens et de revenus. L'information, d'après le journal, a été confirmée par la Controlaría General de la República, l'organisme d'État chargé du contrôle fiscal et financier. Herman Bern a également fait les premières pages des journaux pour du favoritisme dans des attributions de marchés publics. Réputé proche du Parti révolutionnaire démocratique (PRD, dont est issu le président de la République, Martín Torrijos), il compte un fils dans l'entourage d'une précandidate à la prochaine élection présidentielle.
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20.01.2016