Les autorités interdisent la chaîne russe NTV et une organisation d'aide au développement des médias

Le 8 juillet, les autorités bélarusses ont décidé de fermer le bureau de la chaîne de télévision russe NTV à Minsk et d'interdire son activité sur tout le territoire du Bélarus, officiellement pour avoir diffamé le gouvernement. Le 28 juin, Pavel Seline, correspondant à Minsk de la chaîne, avait été expulsé en raison de la diffusion d'un reportage jugé "tendancieux" sur l'enterrement d'un écrivain et opposant au président Loukachenko. Le ministère des Affaires étrangères bélarusse avait alors appelé à la fermeture de la représentation de la chaîne tant que des excuses n'auraient pas été présentées à l'écran. Le 7 juillet, le même ministère a, par ailleurs, refusé de renouveler l'accréditation de la représentation à Minsk d'IREX (International Research and Exchange Board), une organisation américaine qui organise des séminaires de formation pour les journalistes, fournit des accès gratuits à des messageries électroniques, héberge les sites Internet d'une trentaine de journaux indépendants et met à la disposition des médias, publics comme privés, de nombreuses archives, photos et textes. Accusée de mener des activités "irrégulières", l'IREX devrait, si son appel auprès de la Cour suprême économique était rejeté, fermer ses bureaux le 7 août 2003. Le responsable de l'IREX à Minsk, Robert Ortega, a dénoncé une décision politique, à replacer dans le cadre des efforts continuels des autorités pour restreindre l'indépendance des médias. "Nous sommes alarmés par ces deux décisions qui sont un nouveau coup de poignard porté à la liberté de la presse au Bélarus. Tandis que l'interdiction de NTV va empêcher l'un des rares médias audiovisuels non officiels et aisément accessibles au public de couvrir l'actualité dans le pays, la fin des activités de l'IREX risque de remettre en cause l'accès des journalistes à de précieuses sources d'information et à la possibilité pour de nombreux médias indépendants d'être présents sur le réseau Internet", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Depuis le début de l'année, les autorités bélarusses ont intensifié leur campagne visant à réduire au silence la presse indépendante, faire pression sur les médias étrangers et à entraver le travail des organisations qui soutiennent le développement du pluralisme de l'information. La situation est de plus en plus grave", a-t-il ajouté. Le 27 juin, le ministère des Affaires étrangères avait demandé à Pavel Seline de s'expliquer au sujet d'un reportage sur les obsèques de l'écrivain Pavel Bykov, diffusé le 25 juin. Dans son sujet, le journaliste affirmait que la police avait sciemment entravé le défilé du cortège funèbre composé de 20 000 personnes et que la veuve de l'écrivain avait été privée de son autorisation de résidence à Minsk. Le reportage mettait également l'accent sur la présence du drapeau rouge et blanc utilisé au moment de l'indépendance du Bélarus mais désormais interdit, et symbole de contestation au régime du président Loukachenko. Le journaliste avait estimé que les autorités lui reprochaient également d'avoir donné la parole à Stanislav Chouchkevitch, premier dirigeant du Bélarus indépendant, qui avait déclaré : "Loukachenko a eu peur de venir à l'enterrement".
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Updated on 20.01.2016