Les autorités doivent rendre des comptes devant la Commission africaine des droits de l’homme

Reporters sans frontières se demande quel crédit accorder à la déclaration de l’ambassadeur d'Érythrée en Israël, Tesfamariam Tekeste Debbas, qui a déclaré lors d'une récente conférence de presse à Tel Aviv que le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaac, était toujours en vie. Il a ajouté que le journaliste "était allé à l'encontre des règles du gouvernement, ce qui avait conduit à son emprisonnement. " Dawit Issac, qui avait cofondé en 1997 le journal indépendant Setit, a été emprisonné le 23 septembre 2001 lors des rafles du gouvernement érythréen contre ses opposants. Il a été vu vivant pour la dernière fois en janvier 2010. Reporters sans frontières condamne le silence des autorités sur le sort du journaliste. L'organisation attend d'avantage du gouvernement érythréen qu'une sortie irréfléchie d'un de ses ambassadeurs. De nombreuses questions restent aujourd'hui sans réponse. "Nous demandons au gouvernement d'Asmara d'apporter des preuves solides certifiant que Dawit Isaac est réellement en vie et permettre l'accès des organisations humanitaires, sa famille et ses avocats à sa prison. L’ambassadeur fait preuve d’un cynisme sans nom en prétendant que le journaliste aurait contrevenu aux règles du gouvernement alors qu’il n’a jamais été présenté à un juge. Or, il aurait du l’être dans le mois suivant son emprisonnement. De plus tous nos recours judiciaires sont restés sans réponse", dénonce l’avocate Prisca Orsonneau. "Non seulement la Cour suprême n’a pas statué sur l’ordonnance d’Habeas Corpus qui lui a été présenté en juin 2011 mais les autorités érythréennes n’ont toujours pas répondu au mémoire déposé devant la Commission africaine des droits de l’homme en mars 2013", ajoute l’avocate. En mars 2013, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples avait décidé d’examiner le dossier de Dawit Isaac, suite à une requête déposée par trois juristes en février 2013. L'Erythrée avait jusqu'à novembre 2013 pour y répondre. Cet engagement n'a pas été tenu à ce jour. "Nous demandons aux autorités de répondre à ce mémoire et de prendre les mesures nécessaires pour libérer Dawit Isaac ainsi que tous les journalistes détenus illégalement dans le pays", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Sur les 11 journalistes arrêtés en septembre 2011, Reporters sans frontières a confirmation qu'au moins sept d'entre eux sont morts en détention. En 2013, l'Erythrée demeure la plus grande prison d'Afrique pour les journalistes avec au moins 28 d'entre eux derrière les barreaux. Depuis sept ans, l'Erythrée occupe la dernière place du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016