Les autorités commencent à s’en prendre aux journalistes étrangers...

Reporters sans frontières condamne l’arrestation de quatre journalistes, le 14 mars au matin à Sanaa, par la police. Oliver Holmes, resssortissant britannique collaborant régulièrement pour le Wall Street Journal et le Time, Haley Sweetland Edwards, citoyenne américaine collaborant pour le Los Angeles Times et AOL News, Joshua Maricich, chercheur américain freelancer pour plusieurs médias parmi lesquels Yemen Times et Portia Walker, britannique collaborant pour Washington Post ont été arrêtés à 7h30 ce matin (heure locale) dans leur appartement situé dans la vieille ville de Sanaa. D’après les informations recueillies par l’organisation, Joshua Maricich et Portia Walker ont été expulsés vers l’Ethiopie. L’organisation est sans nouvelles d’Oliver Holmes et d’Haley Sweetland Edwards. Les autorités de Sanaa justifient ces arrestations au prétexte que les intéressés “résidaient illégalement au Yémen”. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, ces quatre journalistes, qui vivaient et travaillaient dans le pays depuis plusieurs années, étaient connus des autorités, notamment des services du ministère de l’Information. Ils se sont particulièrement illustrés dans leur couverture des mouvements de protestation qui agitent le pays depuis plusieurs semaines, demandant le renversement du régime d’Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 1979. En outre, l’organisation a appris l’expulsion, le 12 mars dernier, du journaliste américain Patrick Symmes, de Outside magazine et de GQ Magazine, ainsi que du photographe italien Marco Di Lauro. Ces deux journalistes venaient d’arriver à Sanaa, après plusieurs jours de reportage sur l’île de Socotra. “On a été restés 14 heures dans la salle d’embarquement avant d’être mis sur un vol pour Istanbul, alors même qu'on avait un visa presse. On nous a alors confisqué nos passeports. Le responsable des relations publiques du ministère de l’Intérieur m’a dit au téléphone que nous avions été arrêtés, sur décision de l’agence en charge de la sécurité nationale, parce qu’ils avaient reçu des informations suivant lesquels nous venions à Sanaa couvrir les manifestations. Nous n’avons pas fait l’objet de mauvais traitements, mais les menaces de nous en faire subir ont été nombreuses. On nous a rendu nos passeports une fois dans l’avion”, a confié Patrick Symmes à Reporters sans frontières. “L’arrestation et l’expulsion de journalistes étrangers sont autant de signes très inquiétants de la crispation des autorités, qui entendent ainsi envoyer un signal clair aux autres correspondants de médias étrangers afin qu’ils ne transmettent plus les informations relatives aux exactions commises par les forces de l’ordre sur les manifestants. C’est un acte clair de censure qui doit être condamné avec force. Après s’en être pris aux journalistes de leur pays, les autorités de Sanaa veulent museler les médias étrangers et imposer un black-out sur les événements qui surviennent au Yémen”, a dénoncé Reporters sans frontières. En outre, les autorités continuent à s’en prendre violemment aux journalistes yéménites. La liste déjà longue des exactions commises à l’encontre des professionnels de l’information s’allonge dangeureusement. Le 12 mars, un journaliste de l’agence de presse yéménite Mareb Press, Jaber Saber, a été attaqué par les forces de sécurité alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants sur la place du Changement à Sanaa. Son collègue de l’agence de presse locale Saba, Hamoud Hazza, a été blessé à la tête. Leur confrère Abdel Salam Jaber, rédacteur en chef du journal Al-Qadiya, a été enlevé par les forces de sécurité alors qu’il se rendait au même endroit. On est à cette heure sans nouvelles de lui. Dans un communiqué de presse publié le soir du 12 mars, le Syndicat des journalistes yéménites a condamné cet incident “grave”. Dans la même journée, un correspondant de la chaîne satellitaire Al-Hurra, Abdel Karim Al-Shaibani, a été violenté par des casseurs dans les rues de la capitale.
Publié le
Updated on 20.01.2016