Les atteintes des forces de l’ordre contre la liberté d’informer dénoncées à la veille de nouvelles manifestations
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A l’occasion de nouvelles manifestations d’envergure à l’appel du mouvement étudiant, prévues ces 18 et 19 octobre, Reporters sans frontières entend relayer l’inquiétude exprimée par l’Union des photographes et cameramen du Chili face aux violences, en particulier celles commises par les carabiniers. De nombreux abus précédemment constatés justifient une telle crainte.
Dans une déclaration transmise à Reporters sans frontières, l’organisation professionnelle dénonce le nombre élevé d’agressions intentionnelles, souvent assorties de détentions, dont se rendent responsables les forces de l’ordre contre les reporters d’images. L’Union des photographes et cameramen se réfère notamment aux cas récents de Rodrigo Cisternas, du quotidien La Tercera, cible d’un canon à eau de véhicule antiémeute (“guanaco”) ; de Luis Narvaez, de la chaîne Chilevisión, agressé par des agents des Forces Spéciales puis détenu sans mobile précis ; ou encore du photographe Cristian Opazo, cible de lacrymogène en plein visage. Est également cité le cas plus ancien de Victor Salas, autrefois employé par l’agence espagnole EFE, devenu borgne après le coup de matraque d’un carabinier à cheval lors d’une manifestation de professeurs à Valparaíso en 2008, et pour qui justice n’a jamais été rendue.
Les carabiniers n’apprécient guère l’image véhiculée par les médias ou les étudiants assurant eux-mêmes la couverture des événements. Ainsi, Nicolás Salazar, étudiant en histoire, a subi les représailles de carabiniers qu’il venait de filmer en train de s’attaquer à un autre étudiant, le 29 septembre dernier sur le campus de l’université de Concepción.
Une plainte a été déposée par les étudiants après cette agression. Une autre, de l’Association des correspondants au Chili, concerne la détention arbitraire et la saisie du matériel de Fernando Fiedler, photographe de l’agence de presse Inter Press Service, lui aussi témoin de violences des forces de l’ordre puis victime de leurs brutalités, le 6 octobre.
“Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ces abus et que l’institution militaire ne pose aucun obstacle aux enquêtes. L’Union des photographes et cameramen a raison de rappeler le précédent Victor Salas comme triste exemple d’impunité. Des gages doivent être donnés aux journalistes couvrant les manifestations, quels que soient leurs médias. L’un d’eux consisterait à abroger sans plus tarder le projet de loi controversé qui voudrait convertir la presse en indicateur de police”, a déclaré Reporters sans frontières.
Après le rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression, Frank La Rue, la Haut-commissaire adjointe des Nations unies pour les droits de l’homme, Kyung-wha Kang, est actuellement en visite au Chili. Elle doit notamment s’entretenir avec les organisations étudiantes et des représentants des populations indigènes Mapuche, dont les médias sont aussi réprimés. Reporters sans frontières espère que la Haut-commissaire saura faire entendre aux autorités chiliennes la nouvelle demande d’information et de débat qui s’exprime aujourd’hui dans le pays.
Publié le
Updated on
20.01.2016