Le Tibet toujours plus coupé du monde
Organisation :
Le régime cherche coûte que coûte à maintenir le Tibet dans l’isolement médiatique, à l’approche de la session parlementaire qui s’ouvrira le 5 mars prochain. Le chef du parti Communiste au Tibet, Chen Quanguo, a donné l’ordre aux autorités locales de renforcer la surveillance de tous les moyens de communications, en insistant sur les téléphones portables et Internet, sous prétexte de “garantir l'intérêt général et la sécurité nationale”.
Par ailleurs, l’écrivain et blogueuse tibétaine Tsering Woeser a été assignée à résidence à Pékin pour un mois. Elle a déclaré à l’agence de presse AP que des officiers de la police spéciale lui avaient rendu visite, le 29 février 2012, pour lui annoncer qu’elle n’avait pas le droit de se rendre à la remise du prix Prince Claus, le 1er mars 2012, et qu’elle resterait sous surveillance durant tout le mois de mars. Elle devait se rendre à l’ambassade des Pays-Bas à Pékin pour recevoir le prix 2011 de la fondation néerlandaise Prince Claus, qui lui a été décerné dans la catégorie “Briser les tabous”. La fondation a salué “son courage en osant parler au nom de tous ceux réduits au silence ou opprimés, son remarquable travail qui associe sa qualité littéraire et ses reportages politiques, sa collecte d’information, son analyse et sa défense de la culture tibétaine”.
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Le Tibet coupé du reste du monde
23.02.2012 Reporters sans frontières est alarmée par le “black out” mis en place par les autorités chinoises, qui empêchent toute couverture médiatique des mouvements de protestation dans les provinces du Sichuan et du Qinghai, ainsi que dans la région autonome du Tibet. A ce blocage de l’information s’ajoutent des actions de désinformation, comme en témoigne le récent détournement de Courrier International par la propagande chinoise. “Au moins quinze moines tibétains se sont immolés depuis mars 2011. Pourtant, très peu d’information circule à ce sujet et celui des récentes manifestations au Tibet. Non seulement les médias étrangers sont empêchés de couvrir les événements, mais les autorités organisent une véritable campagne de désinformation, via les médias pro-gouvernementaux (tels que le Global Times), visant à minimiser les incidents et à dénoncer l’ingérence de la communauté internationale. Rares sont les médias qui arrivent à obtenir des informations de première main, et plus rares encore sont ceux qui parviennent à se rendre dans la région. Une crise majeure se déroule, à l’abri des regards. Même Pyongyang dispose de relais de la presse internationale ; ce n’est pas le cas de Lhassa”, a déclaré Reporters sans frontières. “Comme par le passé, les autorités chinoises entendent contrôler la population tibétaine à huis clos, ne laissant pas de place aux journalistes, notamment étrangers, qui sont autant de témoins gênants de ces événements. Elles cherchent également à restreindre tout moyen de communication entre la région et le reste du monde. Internet est une victime collatérale de la répression. Coupures de connexion, renforcement du blocage et retraits de contenus liés aux troubles : toutes les méthodes sont bonnes pour empêcher les net-citoyens chinois de prendre le relais des journalistes et de rendre publiques des informations embarrassantes pour Pékin quant à sa gestion du soulèvement tibétain. Les plateformes collaboratives locales sont particulièrement visées afin de couper court à toute tentative de mobilisation en ligne”, a poursuivi l’organisation. Répression au Tibet Dans la soirée du 15 février 2012, plus de vingt officiers de police se sont rendus au domicile de Gagkye Drubpa Kyab, à Sethat (Sichuan). Le journaliste et professeur a été arrêté et est depuis en détention. Kalsang Tsultrim (Gyitsang Takmig, de son nom de plume) a été condamné à quatre ans de prison le 30 décembre 2011. L’écrivain était détenu sans charges depuis le 16 décembre 2010. Il avait déjà été arrêté le 27 juillet 2010 pour “erreur politique”, puis libéré le 15 octobre suivant, à condition de ne plus exercer d’activités politiques. Il avait fait circuler un CD comprenant un message vidéo personnel appelant la communauté internationale à agir, ainsi qu’au retour du Dalaï Lama. Il détaillait également les souffrances du peuple tibétain et s’inquiétait de la disparition de la religion et de la culture, ainsi que des violations des droits de l’homme. Enregistré en juin 2009, ce message avait déjà valu à Kalsang Tsultrim des avertissements de la part des autorités. Grâce au Tibet Post International, Reporters sans frontières a également appris, le 14 février 2012, la condamnation, datant de décembre 2010, de l’écrivain Tsering Norbu à deux ans de prison pour la publication et la distribution d’un livre sur les manifestations de 2008 au Tibet. Il avait été arrêté par la police chinoise alors qu’il distribuait son livre à Lhassa, où il est actuellement détenu. Pour rapporter la situation de leur région, des journalistes et des écrivains choisissent l’exil. C’est le cas de Gedun Tsering, qui a fui à Dharamshala, en Inde, où il a publié “Ghost Writer”. Ce livre se veut un journal de son parcours entre l’Himalaya et l’Inde, et de sa vie de réfugié. Des exemplaires sont distribués dans des monastères, des écoles et des universités des quatre provinces tibétaines. Censure en ligne Dès le 24 janvier 2012, les réseaux Internet et de téléphonie mobile ont été très perturbés dans un périmètre d’environ 50 kilomètres autour de l’épicentre des violentes manifestations survenues à Seda (district de la province du Sichuan). Les sites Internet de médias tibétains exilés sont inaccessibles. Les plateformes de forum ou de blogs en langue tibétaine, telles que Sangdhor.com et Rangdrol.net, sont également bloquées depuis le 3 février. Le même jour, le billet du journaliste d’investigation pour Economic Observer Liu Zhiming (刘志明), qui avait publié un message au sujet d’une manifestation survenue le 23 janvier dernier, a été purement et simplement supprimé du site de micro-blogging Sina Weibo. Un exemple parmi tant d’autres de retrait de contenus mentionnant les événements actuels au Tibet. La stratégie des autorités chinoises d’isoler médiatiquement et virtuellement certaines provinces ou régions, pour mieux réprimer en silence, n’est pas nouvelle, et a été appliquée dans d’autres provinces. Le Tibet a déjà fait l’objet de restrictions de communications particulièrement sévères. En mai 2011, Internet avait été la victime collatérale de la répression des manifestations en Mongolie Intérieure. Le Xinjiang avait été coupé du monde pendant plusieurs mois suite aux émeutes interethniques du 5 juillet 2009 à Urumqi, la capitale provinciale. Mesures à l’encontre des journalistes étrangers et réactions Les journalistes étrangers, interdits de se rendre au Tibet, sont également empêchés par la police de couvrir les manifestations de Tibétains dans les autres provinces chinoises. Dans la région du Sichuan, au cours de la dernière semaine du mois de janvier, une équipe de CNN a été arrêtée par la police à un péage et empêchée de se rendre au Tibet voisin. Sachant que ces interdictions contreviennent à la loi, les autorités prennent régulièrement pour prétexte le mauvais temps et l’état des routes pour restreindre l’accès à la région autonome. La clandestinité devient, par conséquent, les seuls moyens pour les journalistes d’accéder aux provinces tibétaines. Comme Jonathan Watts, reporter au Guardian, qui est parvenu à déjouer les barrages et à atteindre la ville de Ngaba (Aba), certains rendent compte de l'extrême militarisation de la région : Les journalistes étrangers, désormais suspectés de vouloir enfreindre les injonctions policières, sont victimes du harcèlement délibéré des forces de l’ordre. Certains d’entre eux se sont plaints d’avoir été suivis, d’autres ont été escortés par la police jusqu’à l’aéroport, interrogés pendant plusieurs heures, forcés d’effacer les images qu’ils avaient prises et ont vu leur matériel confisqué. Les contrôles ne se limitent plus à la carte de presse et au passeport mais également aux permis de résidence temporaire, que les journalistes doivent désormais porter sur eux. Autant d’atteintes à la liberté d’information qui créent un climat de surveillance permanente et qui ne sont pas sans conséquence sur le stress et l’état psychologique de certains professionnels des médias. Le 2 février dernier, des correspondants étrangers exerçant en Chine ont demandé aux autorités de pouvoir accéder librement aux provinces qui leur sont fermées. Via une déclaration du Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC), organisation illégale faute de reconnaissance d’un statut officiel par Pékin, ils ont fait valoir leur droit à pouvoir se déplacer librement et interviewer toute personne, si celle-ci y consent. Le 21 février, le FCCC a de nouveau appelé les journalistes à prendre leurs précautions et à rester très attentifs. Les mouvements sociaux, préoccupation majeure de Pékin Les conditions de travail des médias étrangers dans le reste du pays continuent de se dégrader depuis le mois de février 2011. Les journalistes qui tentent de rendre compte des différentes protestations dans le pays et, en particulier, des conflits entre la population et les gouvernements locaux, font l’objet de représailles qui cachent à peine la signature des autorités, locales ou centrales. Le 15 février 2012, à Panhe dans la province du Zhejiang (est du pays), trois journalistes ont été agressés alors qu’ils couvraient des manifestations d’opposition populaire à la saisie et la vente de terres par le gouvernement, comparables aux événements de Wukan. Le journaliste français Baptiste Fallevoz, de France 24, et son assistant chinois Jack Zhang se rendaient sur les lieux quand leur véhicule a été percuté par une autre voiture. Ils ont ensuite été agressés par des “hommes de main” en civil. Zhang, dont la caméra a été détruite, a été violemment frappé à la tête. Les deux journalistes ont été mis dans un avion pour Wenzhou. La police a “expliqué” cet incident par des rivalités de village. Le même jour, et au même endroit, Remko Tanis, un journaliste néerlandais, a été victime d’une agression similaire. Le journaliste freelance, qui travaillait pour Netherlands Press Association, collectait les témoignages de protestataires lorsqu’une centaine d'hommes sont entrés avec fracas dans le bâtiment où il se trouvait, l'ont roué de coups, ont saisi ses cartes mémoires et ses documents. Le journaliste a estimé avoir été relativement épargné, mais a expliqué craindre pour la sécurité des personnes qu’il a interrogé. Le FCCC rapporte, en outre, l’agression d’un vidéo journaliste, le 19 février 2012 à Pekin. Il couvrait des protestations à Wangfujing lorsqu’il a été attaqué par des agents de sécurité en civil, qui l’ont frappé à plusieurs reprises au visage. Son matériel a été confisqué. Plus d’une douzaine de journalistes ont été harcelés et malmenés par les autorités dans le cadre de cette répression. De leur côté, les autorités chinoises se sont plaintes d’avoir mauvaise presse à l’étranger, visant expressément les journalistes étrangers, qui mettraient en avant les dissidents, les manifestations, la grogne sociale ou encore la pollution, davantage que les réalisations économiques et culturelles du pays. Elles ont ainsi accusé quelques 900 reporters étrangers de couvrir la situation dans le pays d’une manière négative, évoquant un “deux poids, deux mesures” et “une mentalité de guerre froide”. Pour contrecarrer ce qu’elle perçoivent comme une couverture biaisée du pays, les autorités procèdent à des manoeuvres de désinformation. Le journal français Courrier International a ainsi été détourné par un site officiel chinois, le China Tibet Online, à des fins de propagande, attribuant un article traduit d’un quotidien pékinois, le Huanqiu Shibao (Global Times), à l’hebdomadaire. Intitulé “L’harmonie et le développement, désirs les plus ardents des Tibétains, selon un média français”, l’article du China Tibet Online cite un reportage dans des zones reculées du Tibet publié par Courrier International. Ledit reportage contient en réalité des éléments éditoriaux du Huanqiu Shibao, qui appartient au groupe Renmin Ribao (Quotidien du peuple). Il dénonce les visées sécessionistes des Tibétains à l’étranger et n’a jamais été réalisé par Courrier International. La Chine a perdu six places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 établi par Reporters sans frontières et figure désormais à la 174ème place, sur 178 pays. Rares images des manifestations :
23.02.2012 Reporters sans frontières est alarmée par le “black out” mis en place par les autorités chinoises, qui empêchent toute couverture médiatique des mouvements de protestation dans les provinces du Sichuan et du Qinghai, ainsi que dans la région autonome du Tibet. A ce blocage de l’information s’ajoutent des actions de désinformation, comme en témoigne le récent détournement de Courrier International par la propagande chinoise. “Au moins quinze moines tibétains se sont immolés depuis mars 2011. Pourtant, très peu d’information circule à ce sujet et celui des récentes manifestations au Tibet. Non seulement les médias étrangers sont empêchés de couvrir les événements, mais les autorités organisent une véritable campagne de désinformation, via les médias pro-gouvernementaux (tels que le Global Times), visant à minimiser les incidents et à dénoncer l’ingérence de la communauté internationale. Rares sont les médias qui arrivent à obtenir des informations de première main, et plus rares encore sont ceux qui parviennent à se rendre dans la région. Une crise majeure se déroule, à l’abri des regards. Même Pyongyang dispose de relais de la presse internationale ; ce n’est pas le cas de Lhassa”, a déclaré Reporters sans frontières. “Comme par le passé, les autorités chinoises entendent contrôler la population tibétaine à huis clos, ne laissant pas de place aux journalistes, notamment étrangers, qui sont autant de témoins gênants de ces événements. Elles cherchent également à restreindre tout moyen de communication entre la région et le reste du monde. Internet est une victime collatérale de la répression. Coupures de connexion, renforcement du blocage et retraits de contenus liés aux troubles : toutes les méthodes sont bonnes pour empêcher les net-citoyens chinois de prendre le relais des journalistes et de rendre publiques des informations embarrassantes pour Pékin quant à sa gestion du soulèvement tibétain. Les plateformes collaboratives locales sont particulièrement visées afin de couper court à toute tentative de mobilisation en ligne”, a poursuivi l’organisation. Répression au Tibet Dans la soirée du 15 février 2012, plus de vingt officiers de police se sont rendus au domicile de Gagkye Drubpa Kyab, à Sethat (Sichuan). Le journaliste et professeur a été arrêté et est depuis en détention. Kalsang Tsultrim (Gyitsang Takmig, de son nom de plume) a été condamné à quatre ans de prison le 30 décembre 2011. L’écrivain était détenu sans charges depuis le 16 décembre 2010. Il avait déjà été arrêté le 27 juillet 2010 pour “erreur politique”, puis libéré le 15 octobre suivant, à condition de ne plus exercer d’activités politiques. Il avait fait circuler un CD comprenant un message vidéo personnel appelant la communauté internationale à agir, ainsi qu’au retour du Dalaï Lama. Il détaillait également les souffrances du peuple tibétain et s’inquiétait de la disparition de la religion et de la culture, ainsi que des violations des droits de l’homme. Enregistré en juin 2009, ce message avait déjà valu à Kalsang Tsultrim des avertissements de la part des autorités. Grâce au Tibet Post International, Reporters sans frontières a également appris, le 14 février 2012, la condamnation, datant de décembre 2010, de l’écrivain Tsering Norbu à deux ans de prison pour la publication et la distribution d’un livre sur les manifestations de 2008 au Tibet. Il avait été arrêté par la police chinoise alors qu’il distribuait son livre à Lhassa, où il est actuellement détenu. Pour rapporter la situation de leur région, des journalistes et des écrivains choisissent l’exil. C’est le cas de Gedun Tsering, qui a fui à Dharamshala, en Inde, où il a publié “Ghost Writer”. Ce livre se veut un journal de son parcours entre l’Himalaya et l’Inde, et de sa vie de réfugié. Des exemplaires sont distribués dans des monastères, des écoles et des universités des quatre provinces tibétaines. Censure en ligne Dès le 24 janvier 2012, les réseaux Internet et de téléphonie mobile ont été très perturbés dans un périmètre d’environ 50 kilomètres autour de l’épicentre des violentes manifestations survenues à Seda (district de la province du Sichuan). Les sites Internet de médias tibétains exilés sont inaccessibles. Les plateformes de forum ou de blogs en langue tibétaine, telles que Sangdhor.com et Rangdrol.net, sont également bloquées depuis le 3 février. Le même jour, le billet du journaliste d’investigation pour Economic Observer Liu Zhiming (刘志明), qui avait publié un message au sujet d’une manifestation survenue le 23 janvier dernier, a été purement et simplement supprimé du site de micro-blogging Sina Weibo. Un exemple parmi tant d’autres de retrait de contenus mentionnant les événements actuels au Tibet. La stratégie des autorités chinoises d’isoler médiatiquement et virtuellement certaines provinces ou régions, pour mieux réprimer en silence, n’est pas nouvelle, et a été appliquée dans d’autres provinces. Le Tibet a déjà fait l’objet de restrictions de communications particulièrement sévères. En mai 2011, Internet avait été la victime collatérale de la répression des manifestations en Mongolie Intérieure. Le Xinjiang avait été coupé du monde pendant plusieurs mois suite aux émeutes interethniques du 5 juillet 2009 à Urumqi, la capitale provinciale. Mesures à l’encontre des journalistes étrangers et réactions Les journalistes étrangers, interdits de se rendre au Tibet, sont également empêchés par la police de couvrir les manifestations de Tibétains dans les autres provinces chinoises. Dans la région du Sichuan, au cours de la dernière semaine du mois de janvier, une équipe de CNN a été arrêtée par la police à un péage et empêchée de se rendre au Tibet voisin. Sachant que ces interdictions contreviennent à la loi, les autorités prennent régulièrement pour prétexte le mauvais temps et l’état des routes pour restreindre l’accès à la région autonome. La clandestinité devient, par conséquent, les seuls moyens pour les journalistes d’accéder aux provinces tibétaines. Comme Jonathan Watts, reporter au Guardian, qui est parvenu à déjouer les barrages et à atteindre la ville de Ngaba (Aba), certains rendent compte de l'extrême militarisation de la région : Les journalistes étrangers, désormais suspectés de vouloir enfreindre les injonctions policières, sont victimes du harcèlement délibéré des forces de l’ordre. Certains d’entre eux se sont plaints d’avoir été suivis, d’autres ont été escortés par la police jusqu’à l’aéroport, interrogés pendant plusieurs heures, forcés d’effacer les images qu’ils avaient prises et ont vu leur matériel confisqué. Les contrôles ne se limitent plus à la carte de presse et au passeport mais également aux permis de résidence temporaire, que les journalistes doivent désormais porter sur eux. Autant d’atteintes à la liberté d’information qui créent un climat de surveillance permanente et qui ne sont pas sans conséquence sur le stress et l’état psychologique de certains professionnels des médias. Le 2 février dernier, des correspondants étrangers exerçant en Chine ont demandé aux autorités de pouvoir accéder librement aux provinces qui leur sont fermées. Via une déclaration du Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC), organisation illégale faute de reconnaissance d’un statut officiel par Pékin, ils ont fait valoir leur droit à pouvoir se déplacer librement et interviewer toute personne, si celle-ci y consent. Le 21 février, le FCCC a de nouveau appelé les journalistes à prendre leurs précautions et à rester très attentifs. Les mouvements sociaux, préoccupation majeure de Pékin Les conditions de travail des médias étrangers dans le reste du pays continuent de se dégrader depuis le mois de février 2011. Les journalistes qui tentent de rendre compte des différentes protestations dans le pays et, en particulier, des conflits entre la population et les gouvernements locaux, font l’objet de représailles qui cachent à peine la signature des autorités, locales ou centrales. Le 15 février 2012, à Panhe dans la province du Zhejiang (est du pays), trois journalistes ont été agressés alors qu’ils couvraient des manifestations d’opposition populaire à la saisie et la vente de terres par le gouvernement, comparables aux événements de Wukan. Le journaliste français Baptiste Fallevoz, de France 24, et son assistant chinois Jack Zhang se rendaient sur les lieux quand leur véhicule a été percuté par une autre voiture. Ils ont ensuite été agressés par des “hommes de main” en civil. Zhang, dont la caméra a été détruite, a été violemment frappé à la tête. Les deux journalistes ont été mis dans un avion pour Wenzhou. La police a “expliqué” cet incident par des rivalités de village. Le même jour, et au même endroit, Remko Tanis, un journaliste néerlandais, a été victime d’une agression similaire. Le journaliste freelance, qui travaillait pour Netherlands Press Association, collectait les témoignages de protestataires lorsqu’une centaine d'hommes sont entrés avec fracas dans le bâtiment où il se trouvait, l'ont roué de coups, ont saisi ses cartes mémoires et ses documents. Le journaliste a estimé avoir été relativement épargné, mais a expliqué craindre pour la sécurité des personnes qu’il a interrogé. Le FCCC rapporte, en outre, l’agression d’un vidéo journaliste, le 19 février 2012 à Pekin. Il couvrait des protestations à Wangfujing lorsqu’il a été attaqué par des agents de sécurité en civil, qui l’ont frappé à plusieurs reprises au visage. Son matériel a été confisqué. Plus d’une douzaine de journalistes ont été harcelés et malmenés par les autorités dans le cadre de cette répression. De leur côté, les autorités chinoises se sont plaintes d’avoir mauvaise presse à l’étranger, visant expressément les journalistes étrangers, qui mettraient en avant les dissidents, les manifestations, la grogne sociale ou encore la pollution, davantage que les réalisations économiques et culturelles du pays. Elles ont ainsi accusé quelques 900 reporters étrangers de couvrir la situation dans le pays d’une manière négative, évoquant un “deux poids, deux mesures” et “une mentalité de guerre froide”. Pour contrecarrer ce qu’elle perçoivent comme une couverture biaisée du pays, les autorités procèdent à des manoeuvres de désinformation. Le journal français Courrier International a ainsi été détourné par un site officiel chinois, le China Tibet Online, à des fins de propagande, attribuant un article traduit d’un quotidien pékinois, le Huanqiu Shibao (Global Times), à l’hebdomadaire. Intitulé “L’harmonie et le développement, désirs les plus ardents des Tibétains, selon un média français”, l’article du China Tibet Online cite un reportage dans des zones reculées du Tibet publié par Courrier International. Ledit reportage contient en réalité des éléments éditoriaux du Huanqiu Shibao, qui appartient au groupe Renmin Ribao (Quotidien du peuple). Il dénonce les visées sécessionistes des Tibétains à l’étranger et n’a jamais été réalisé par Courrier International. La Chine a perdu six places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 établi par Reporters sans frontières et figure désormais à la 174ème place, sur 178 pays. Rares images des manifestations :
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20.01.2016