Le siège du journal Al-Ayyam pilonné par l’armée : un mort et trois blessés

Reporters sans frontières condamne fermement l’attaque visant le bâtiment du quotidien Al-Ayyam depuis ce matin 11h30, heure locale, dans le quartier Crater à Aden (360 km au sud de Sanaa). Un employé du journal a été tué, trois autres blessés.

Reporters sans frontières condamne fermement l’attaque visant le bâtiment du quotidien Al-Ayyam depuis ce matin 11h30, heure locale, dans le quartier Crater à Aden (360 km au sud de Sanaa). Un employé du journal a été tué, trois autres blessés. « Cet assaut militaire est l’aboutissement d’un véritable acharnement des autorités yéménites contre Al-Ayyam. Même les pires dictatures ne recourent pas à une telle extrémité. Les pays de la Ligue arabe et la communauté internationale se doivent d’intercéder pour qu’Al-Ayyam puisse reprendre normalement ses activités », a déclaré l’organisation. A 11h30, le 13 mai 2009, le bâtiment du journal Al-Ayyam a commencé à faire l’objet de tirs de la part de l’armée yéménite. Après des tirs de gaz lacrymogène, l’armée a commencé à tirer à balles réelles. Un employé du journal a été tué, trois autres blessés. Les rues menant au journal ont été bloquées, et des barrages militaires ont été installés afin d’empêcher l’accès au quartier Crater. L’escalade a commencé le 1er mai, quand un camion chargé d’acheminer les exemplaires du journal avait été intercepté par des inconnus à 50 kilomètres au nord d’Aden, sur la route de Lahej. Le chauffeur a été contraint d’abandonner le véhicule. Les quelques 16 500 exemplaires ont été confisqués. Le 3 mai au matin, un incident similaire s’est produit pour deux camions de livraison du journal Al-Ayyam, l’un à destination de Taez et l’autre de Sanaa. Les 30 000 exemplaires du journal ont ainsi disparu et les chauffeurs ont été kidnappés pendant 17 heures. Ces attaques seraient l’œuvre d’une organisation de défense de l’unité nationale, proche du pouvoir. Le lendemain, le 4 mai, le ministre de l’Information a décidé d’interdire l’impression de sept publications accusées de « séparatisme », dont Al-Ayyam. Le 7 mai, de nombreux journalistes yéménites avaient tenu un sit-in à Sanaa, en solidarité avec les sept journaux concernés. Le 9 mai 2009, les véhicules du journal ont fait à nouveau objet d’attaques, et le 11 mai, Hisham Bashraheel, rédacteur en chef d’Al-Ayyam, a été victime d’une tentative d’arrestation par les forces de sécurité et l’armée. Les voies permettant d’accéder au siège du journal ont été bloquées dans la matinée du 11 mai. D’après les autorités, Hisham Bashraheel est poursuivi par la justice pour sa responsabilité dans un meurtre commis en 2008, devant le bureau d’Al-Ayyam à Sanaa. Reporters sans frontières rappelle que les correspondants locaux du journal ont fait l’objet de menaces régulières. Le 12 février 2008, le journal avait été la cible d’une attaque à main armée (http://www.rsf.org/article.php3 ?id_article=25750) Créé en 1958, Al-Ayyam est l’un des quotidiens les plus importants au Yémen. Sans affiliation politique, cette publication, dont le siège est basé à Aden, s’est fait le porte-voix des habitants des provinces du Sud. Au cours des derniers mois, le journal a largement couvert les mouvements de contestation sociale qui ont secoué les régions les plus défavorisées du pays. Photo : © AFP
Publié le
Updated on 20.01.2016