Le salaire d'un journaliste mis sous séquestre suite à un procès en diffamation : « un précédent inquiétant »

Reporters sans frontières a écrit au ministre du Gouvernement et de la Justice, Héctor Alemán, pour exprimer son inquiétude concernant la décision de justice du 9 août 2005 contre Jean Marcel Chéry, du quotidien La Prensa. Le verdict ordonne en effet le séquestre des biens et salaires du journaliste à hauteur de 18 753 dollars (soit un peu plus de 15 000 euros), au bénéfice de Winston Spadafora, juge de la Cour suprême qui avait porté plainte pour « diffamation » contre le journaliste. « Ce verdict, qui nous semble disproportionné, constitue un pas en arrière dans un pays qui venait enfin d'abolir des lois particulièrement défavorables à la liberté de la presse. Nous craignons qu'il ne constitue un grave précédent et qu'il favorise l'autocensure des journalistes », a déclaré Reporters sans frontières dans son courrier. Winston Spadafora avait porté plainte pour « diffamation et injures » contre Jean Marcel Chéry à la suite d'un reportage dans lequel le journaliste révélait que le juge avait fermé les yeux sur un dette de deux millions de dollars qu'un de ses amis, Jean Figali, devait à l'institution gouvernementale ARI (Autorité régionale interocéanique). Le journaliste a été informé du séquestre de ses biens au profit de Winston Spadafora le 16 août, jour de la publication par La Prensa d'un reportage concernant la mauvaise gestion du juge Spadafora à la Cour suprême. Le 7 août 2003, le même juge avait porté plainte contre Jean Marcel Chéry et son confrère Gustavo Aparicio, ainsi que contre le quotidien El Panamá América, en réaction à un reportage sur sa mauvaise utilisation des fonds publics alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Jean Marcel Chéry et Gustavo Aparicio avaient alors été condamnés à 12 mois de prison pour « diffamation », puis amnistiés en 2004 par la présidente de la République Mireya Moscoso.
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Updated on 20.01.2016