Le rédacteur en chef d'un journal en ligne risque douze mois de travaux forcés pour outrage au président Poutine

Vladimir Rakhmankov, rédacteur en chef du journal en ligne www.cursiv.ru, a été inculpé, le 19 mai, d'outrage au chef de l'Etat pour avoir publié un texte intitulé « Poutine, symbole phallique de la Russie ». Il risque douze mois de travaux forcés.

Le journal en ligne www.cursiv.ru a été fermé le 22 mai par son fournisseur d'accès, trois jours après l'ouverture d'une enquête criminelle contre son rédacteur en chef, Vladimir Rakhmankov, par le procureur de la région d'Ivanovo (région de Moscou). Le journaliste est inculpé d'« outrage à un représentant de l'Etat », d'après l'article 319 du code pénal russe, pour avoir publié, le 18 mai, un texte intitulé « Poutine, symbole phallique de la Russie ». Le procureur général d'Ivanovo, Vladimir Galtchenko, a estimé que l'article contenait « des phrases d'un caractère offensant pour le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine ». Il a procédé à la perquisition du domicile de Vladimir Rakhmankov et des bureaux de la rédaction. L'ordinateur du rédacteur en chef a été confisqué et celui-ci si est assigné à résidence pendant les deux mois de l'enquête. « Cette affaire est d'une incohérence et d'une opacité inquiétantes. Nous ne savons pas de qui proviennent ces accusations. Le site de Cursiv a été fermé par son fournisseur d'accès sans attendre une décision judiciaire, sous prétexte de factures impayées, alors qu'il est hébergé gratuitement. A moins de pressions émanant des autorités locales, il n'y a aucune raison de procéder à la fermeture de ce site. Cet acte en dit long sur le climat de peur dans lequel les entreprises du secteur d'Internet exercent leur activité», a déclaré Reporters sans frontières. L'article « Poutine, symbole phallique de la Russie », analyse de façon satirique et imagée la politique du président en matière de natalité. Vladimir Rakhmankov commente les propos du Président qui appelle le peuple russe à se reproduire pour défendre les frontières du pays. Le texte met en parallèle l'initiative du chef de l'Etat avec un récent rapport de l'administration d'Ivanovo qui indique que la population du zoo de la ville a augmenté. Vladimir Rakhmankov assure que son site dérangeait les autorités locales, parce qu'il dénonçait leurs abus de pouvoir, et que c'est pour cette raison qu'il a été fermé. La date du procès n'est pas encore connue. Le journaliste risque une forte amende ou une condamnation de six à douze mois de travaux forcés. L'article devrait être soumis à une « expertise linguistique » permettant de définir la gravité de l'outrage commis par Vladimir Rakhmankov.
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Updated on 20.01.2016