Reporters sans frontières est très préoccupée par la décision de la cour d'appel de Cebu d'interdire, à partir du 14 mai 2008 et pour une durée indéterminée, à la cour régionale de justice de poursuivre les commanditaires présumés de l'assassinat de la journaliste et militante anticorruption Marlene Esperat. "Les commanditaires des crimes commis contre les journalistes ne doivent pas échapper à la justice", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières est très préoccupée par la décision de la cour d'appel de Cebu (Centre) d'interdire, à partir du 14 mai 2008 et pour une durée indéterminée, à la cour régionale de justice de poursuivre les commanditaires présumés de l'assassinat de la journaliste et militante anticorruption Marlene Esperat.
"Les deux personnes soupçonnées d'avoir ordonné l'assassinat de Marlene Esperat, Osmeña Montañer et Estrella Sabay, n'en finissent plus de passer à travers les mailles du filet de la justice philippine. La condamnation des auteurs matériels de l'assassinat à la prison à perpétuité, le 6 octobre 2006, représentait une avancée déterminante dans la lutte contre l'impunité qui règne aux Philippines concernant les crimes commis contre des journalistes. Les commanditaires ne doivent pas échapper à la justice", a déclaré Reporters sans frontières.
"La Cour suprême doit prendre les mesures nécessaires pour que les deux hommes soient jugés devant la cour régionale de Cebu, et que leur dossier ne soit pas renvoyé devant la cour régionale de Tacurong (Sud), où le bon déroulement de l'affaire serait assurément compromis", a ajouté l'organisation.
La cour d'appel de Cebu a délivré, le 14 mai 2008, une injonction préliminaire de cinq pages à la cour régionale de Cebu, lui interdisant de juger l'affaire impliquant deux anciens fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, Osmeña Montañer et Estrella Sabay, soupçonnés d'avoir commandité l'assassinat de la journaliste Marlene Esperat. Cette décision met fin au mandat d'arrêt lancé contre eux, le 4 février dernier.
La cour d'appel a estimé que ce procès ne relevait pas de la juridiction de la cour régionale de Cebu, en se basant sur une déclaration du bureau du procureur général (Office of the Solicitor General, OSG), le 3 avril. Le ministère public avait alors déclaré que l'ordre de la Cour suprême de transférer, le 23 novembre 2005, le procès des assassins de Marlene Esperat de la cour régionale de Tacurong à Cebu, pour empêcher toute interférence dans la procédure et assurer la sécurité des témoins, ne s'appliquait pas à Osmeña Montañer et Estrella Sabay.
Selon le Center for Media Freedom and Responsibility (CMFR), l'avocate de la famille de Marlene Esperat, Nena Santos, aurait déposé une motion devant la Cour suprême pour que celle-ci confirme la compétence de la cour régionale de Cebu pour juger cette affaire jusqu'au bout.
Osmeña Montañer et Estrella Sabay avaient été auparavant acquittés dans cette affaire par la cour de Tacurong, le 31 août 2005. La famille et le Fonds pour la liberté des journalistes philippins (FFFJ) étaient intervenus auprès de la Cour suprême afin de renvoyer l'affaire devant la cour de Cebu, tribunal considéré plus impartial, le 23 novembre 2005.
Marlene Garcia Esperat, éditorialiste pour l'hebdomadaire Midland Review, a été assassinée d'une balle dans la tête, le 24 mars 2005, devant les yeux de sa fille, à son domicile de Tacurong, sur l'île de Mindanao (Sud). La journaliste était réputée pour sa croisade anticorruption et pour le caractère corrosif de ses commentaires. Elle avait accusé à plusieurs reprises Osmeña Montañer et Estrella Sabay de corruption au sein du ministère de l'Agriculture.
Les assassins de Marlene Esperat, avec celui d'Edgar Damalerio, sont les seuls à avoir été condamnés par la justice des Philippines pour avoir tué un journaliste depuis plusieurs années. Pas un seul commanditaire n'a été condamné, alors que 31 journalistes ont été assassinés depuis 2002.