Le prix cyberliberté 2006 décerné au Cubain Guillermo Fariñas

Le journaliste indépendant Guillermo Fariñas, qui a effectué une longue grève de la faim pour réclamer un "Internet libre" pour tous les Cubains, a été désigné, le 12 décembre, lauréat du prix Reporters sans frontières - Fondation de France dans la catégorie "Cyberdissident". Le Chinois Yang Zili et le Syrien Habib Saleh étaient les autres nominés.

Plus d'informations sur le prix et la liste des lauréats dans les autres catégories Guillermo Fariñas Hernández, Cuba Il se bat pour que les Cubains accèdent à un "Internet libre" Guillermo Fariñas, surnommé "El coco", directeur de l'agence de presse indépendante Cubanacán Press, a entamé, en février 2006, une grève de la faim pour demander que tous les Cubains aient accès à un "Internet libre". Les autorités ont dû l'hospitaliser de force et le mettre sous perfusion pour mettre un terme à son action, qui trouvait un écho dans les médias internationaux. Après avoir été maintenu plusieurs mois dans un service de soins intensifs en raison de problèmes rénaux et de troubles cardiaques, les autorités ont proposé à Guillermo Fariñas de lui accorder un accès "restreint" à Internet. Mais il a refusé, expliquant qu'il ne pouvait exercer dignement son métier de journaliste en ne consultant que des informations filtrées par le gouvernement. « El coco » n'a mis un terme à sa grève de la faim que le 31 août, après avoir frôlé la mort et perdu 15 kilos. Il continue aujourd'hui son travail au sein de Cubanacán et est devenu l'une voix les plus entendues parmi les journalistes de l'opposition cubaine. Il continue par ailleurs à informer les médias étrangers des atteintes aux droits de l'homme dans son pays et se fait en particulier l'écho des mesures d'intimidation et du harcèlement dont sont victimes les reporters indépendants. Cubanacán, fondée en 2003, est l'agence de presse la plus importante de la nouvelle génération de journalistes cubains. Aucun des 17 reporters qui y collaborent n'a pourtant le droit d'utiliser Internet ou un fax pour envoyer leurs articles à l'étranger. Les article sont le plus souvent dictés à partir d'un téléphone public. Les tarifs de communication étant très élevés, ces appels sont habituellement passés en PCV. L'Internet à Cuba, un réseau sous étroite surveillance Le gouvernement cubain utilise plusieurs leviers pour s'assurer qu'Internet n'est pas utilisé de manière "contre-révolutionnaire". Tout d'abord, il a peu ou prou interdit les connexions privées au Réseau. Pour surfer ou consulter leurs e-mails, les Cubains doivent donc obligatoirement passer par des points d'accès publics (cybercafés, universités, "clubs informatiques pour la jeunesse", etc), où il est plus facile de surveiller leur activité. Ensuite, la police cubaine a installé, sur tous les ordinateurs des cybercafés et des grands hôtels, des logiciels qui déclenchent un message d'alerte lorsque des mots clés "subversifs" sont repérés. Le gouvernement mise par ailleurs sur l'autocensure. A Cuba, on peut être condamné à vingt ans de prison pour quelques articles "contre-révolutionnaires" publiés sur des sites étrangers et à cinq ans simplement pour s'être connecté au Net de manière illégale. Peu d'internautes osent défier la censure de l'Etat et prendre un tel risque. Les autres nominés 2006 dans la catégorie « Cyberdissident » étaient : Habib Saleh, Syrie Le président Bachar el-Assad a fait de la Syrie l'un des pires trous noirs d'Internet. Il a organisé le filtrage systématique des publications en ligne d'opposition et lancé sa police politique dans une traque sans pitié des dissidents et des journalistes indépendants s'exprimant sur la Toile. L'écrivain et homme d'affaires Habib Saleh, 59 ans, a fait les frais de cette répression systématique. Le 29 mai 2005, il est interpellé dans son bureau de Tartous, à 130 km au nord de Damas. Accusé d'avoir “propagé des informations mensongères” sur Internet, il est jugé, le 16 août 2006, devant une cour martiale. A l'issue d'un procès arbitraire, il est condamné à trois ans de prison. Yang Zili, Chine Yang Zili, informaticien, a été condamné le 28 mai 2003 à huit ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat". Son crime ? Avoir publié des articles sur son site lib.126.com, "Le jardin des idées de Yang Zili", dans lesquels il se prononçait en faveur du libéralisme politique, critiquait la répression contre le mouvement spirituel Falungong et dénonçait les difficultés économiques des paysans. Il n'avait que 30 ans, le 13 mars 2001, lorsque lui et sa femme ont été arrêtés. "C'était comme dans les films sur la révolution culturelle, déclarera plus tard son épouse, Lu Kun. Ils ont saccagé mon appartement et m'ont détenue et interrogée pendant trois jours dans les sous-sols d'un bâtiment de la police. Ce n'est qu'une fois rentrée chez moi, sans mon mari, que je me suis mise à pleurer." C'est la quatrième fois que Reporters sans frontières décerne un prix "cyberliberté". Les lauréats des années précédentes : - 2003 : Zouhair Yahyaoui, Tunisie - 2004 : Huang Qi, Chine - 2005 : Massoud Hamid, Syrie ------------- Créer votre blog avec Reporters sans frontières : www.rsfblog.org
Publié le
Updated on 20.01.2016