Le président Hamid Karzai ordonne la libération de deux journalistes emprisonnés

Le 25 juin, Sayeed Mirhassan Mahdawi et Ali Payam Sestani, respectivement rédacteur en chef et journaliste de l'hebdomadaire Aftab, ont été libérés suite à une décision du président Hamid Karzai. Celui-ci a annoncé lors d'une conférence que les deux journalistes étaient libres "en attendant leur procès, pour qu'ils puissent se défendre devant le tribunal en accord avec les lois du pays." Le président a précisé qu'il avait lui-même ordonné leur arrestation au nom de sa responsabilité de "protéger la Constitution et les croyances de la majorité du peuple". A sa sortie de prison, Sayeed Mirhassan Mahdawi a déclaré qu'il n'y "avait pas d'offense à l'islam dans nos articles", mais qu'il s'agissait d'un complot politique. Selon l'Agence France-Presse, le journaliste a précisé qu'il avait obtenu l'autorisation de rouvrir son journal et que des policiers avaient été mis à sa disposition pour assurer sa sécurité. De son côté, un juge de la Cour suprême a déclaré à l'agence Reuters que les deux journalistes avaient exprimé leurs regrets et qu'ils devront être jugés. ___________________________________________________________ 23.06.2003 Les deux journalistes arrêtés seront jugés par la Cour suprême Le 21 juin 2003, Fazel Ahmed Manawi, vice-président de la Cour suprême, a annoncé que Sayed Mahdawi, rédacteur en chef du journal Aftab, et son adjoint, Ali Payam Sestani, arrêtés quatre jours plus tôt, comparaîtront devant cette juridiction pour "diffamation à l'égard de l'islam". Les articles publiés dans l'édition du 11 juin 2003 serviront de base à cette inculpation, mais les juges prendront également en compte les éditions d'Aftab parues au cours des derniers mois. La date du procès n'a cependant pas encore été fixée. Pour l'heure, l'affaire est soumise à l'examen du procureur général. De son côté, le représentant spécial des Nations unies en Afghanistan, Lakhdar Brahimi, a demandé, le 22 juin 2003, la "libération immédiate" des journalistes d'Aftab et appelé à une révision de la législation sur la presse dans le pays, afin de "promouvoir la liberté d'expression, protéger les droits des journalistes et garantir leur liberté de travail". ------------------------------------- 19.06.2003 Un journal fermé et son rédacteur en chef arrêté pour offense à l'islam L'hebdomadaire privé Aftab a été fermé et deux responsables de la rédaction ont été arrêtés, le 17 juin 2003, pour avoir publié des articles jugés "blasphématoires". Le journal appelait à une interprétation modérée de l'islam et à une adaptation de cette religion au monde moderne lors de l'élaboration de la nouvelle Constitution afghane. "Il est regrettable et inquiétant pour l'avenir de la liberté d'expression en Afghanistan de voir une publication fermée et deux journalistes arrêtés pour avoir exprimé leur opinion sur la place de l'islam dans la future Constitution du pays", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a demandé au président Hamid Karzaï d'intervenir pour obtenir la libération du rédacteur en chef d'Aftab et de son adjoint, ainsi que la réouverture de l'hebdomadaire dans les meilleurs délais. La parution, le 11 juin 2003, du dernier numéro de l'hebdomadaire Aftab a suscité l'indignation au sein du Conseil des oulémas (responsables religieux) de la Cour suprême de Kaboul. Dans un article intitulé "Saint fascisme", le rédacteur en chef de ce journal, Sayeed Mirhassan Mahdawi, remettait en cause l'Islam tel qu'il est pratiqué à l'heure actuelle et liait le retard social et économique des sociétés musulmanes au caractère archaïque de cette religion. Il critiquait également les crimes ethniques commis au nom de l'islam, par d'anciens chefs moudjahidin notamment. Un autre article de cette édition déclarait que l'Islam, tel qu'il est pratiqué en Afghanistan, est contraire à la démocratie et aux droits sociaux et politiques de ses citoyens. Qualifiant ces articles d'"offense à l'islam", la Cour suprême a demandé à la présidence afghane la fermeture du journal Aftab et exigé que son rédacteur en chef soit jugé. Le 17 juin, le gouvernement a ordonné la fermeture de l'hebdomadaire et l'arrestation de Sayeed Mirhassan Mahdawi pour "blasphème". Le rédacteur en chef et son adjoint, Ali Payam Sestani, de nationalité iranienne, sont depuis emprisonnés à Kaboul. Les deux journalistes auraient jusqu'à présent été bien traités par les autorités. Une commission spéciale, la Commission de défense de la liberté de la presse et d'évaluation des médias, est chargée de statuer sur le degré de responsabilité des deux hommes, avant de transmettre leur cas à la justice. Les locaux du journal Aftab ont, quant à eux, été fermés. Des exemplaires du dernier numéro de l'hebdomadaire ont par ailleurs été saisis dans plusieurs kiosques de la ville. Le ministère de l'Information et de la Culture a largement défendu le point de vue de la Cour suprême. "Plusieurs articles de la dernière édition d'Aftab étaient blasphématoires. (…)Il était de notre devoir d'interrompre la publication de ce journal", a déclaré le vice-ministre de l'Information et de la Culture, Hamid Mobarez. Distribué à Kaboul à quelques centaines d'exemplaires, l'hebdomadaire Aftab, publié en langue dari, est critique à l'égard du gouvernement actuel et des chefs moudjahidin. Sayeed Mirhassan Mahdawi, qui a longtemps vécu en Iran et appartient à la minorité chiite, réalise Aftab avec plusieurs journalistes iraniens. Ils dénoncent fréquemment les crimes des seigneurs de guerre et des moudjahidin. En avril dernier, Sayeed Mirhassan Mahdawi avait reçu des menaces de mort par téléphone suite à la publication d'un article qui appelait à l'instauration d'un gouvernement laïc en Afghanistan. Depuis plusieurs semaines, le débat sur la place de l'islam dans la nouvelle Constitution afghane s'est intensifié dans le pays.
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Updated on 20.01.2016