Le Président en personne condamne un journaliste à huit ans de prison

Khudaïberdy Kurbandurdyev, rédacteur en chef du journal officiel Adalat (Justice), a été condamné par le président Separmourad Nyazov lui-même à huit ans de prison en décembre dernier pour « négligence professionnelle » et « trahison envers la patrie ». Reporters sans frontières dénonce les méthodes archaïques du président turkmène et s'inquiète du sort du journaliste, dont les conditions d'incarcération et l'état de santé sont inconnus. _ lire en russe

_ lire en russe Reporters sans frontières s'insurge contre la détention arbitraire et scandaleuse du rédacteur en chef de l'hebdomadaire Adalat (Justice), Khudaïberdy Kurbandurdyev. Le journaliste a été condamné par le président Separmourad Nyazov lui-même à huit ans de prison en décembre 2005 pour « négligence professionnelle » et « trahison envers la patrie ». Le Président lui reproche d'avoir illégalement employé deux personnes soupçonnées par les autorités d'avoir été en contact avec des terroristes ayant tenté de l'assassiner en 2003. Au Turkménistan, le Président prononce lui-même les peines de prison et les sanctions à l'encontre des plus hauts responsables de l'Etat. Le procureur général ne fait que transmettre la sentence officielle. La presse étant entièrement contrôlée par l'Etat, les journalistes sont traités comme des fonctionnaires au service du Président. « Les méthodes de Separmourad Nyazov sont terrifiantes et archaïques. La presse est entièrement placée sous son contrôle. Le Président impose une dictature absolue, s'arrogeant même des pouvoirs judiciaires étendus. Il peut également nommer ou révoquer tout journaliste. Seule une poignée de pays dans le monde se comporte de manière aussi brutale», a déclaré Reporters sans frontières. « Nous sommes extrêmement inquiets du sort de Khudaïberdy Kurbandurdyev. Nous n'avons aucune information sur ses conditions d'incarcération ni sur son état de santé. D'après nos informations, les prisons turkmènes sont surpeuplées, l'alimentation strictement rationnée et les conditions d'hygiène absolument déplorables. Aucune assistance médicale n'existe. Sa vie est probablement en danger», a ajouté Reporters sans frontières. Khudaïberdy Kurbandurdyev avait pourtant bien commencé sa carrière dans l'administration présidentielle comme attaché de presse au ministère de l'Intérieur. Dévoué à la propagande de l'Etat, il avait été promu rédacteur en chef d'un des journaux les plus populaires du pays, Adalat. Après l'enquête ouverte contre lui en juin 2005, le journaliste a immédiatement été placé en détention provisoire puis transféré en prison après sa condamnation en décembre dernier. On ne sait pas, à l'heure actuelle, où Khudaïberdy Kurbandurdyev est emprisonné. D'après l'organisation Turkmen Initiative Human Rights interrogée par Reporters sans frontières, il pourrait soit se trouver dans une prison spéciale (environs de la ville de Turkmenbachi, ouest du pays) réservée aux anciens militaires, agents secrets, responsables politiques réprimés par le régime, soit à la prison d'Avadan- DP située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Achkhabad où sont incarcérés les dissidents politiques ordinaires.
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Updated on 20.01.2016