Le président d’Azerbaïdjan Ilham Aliev répond de manière lénifiante aux critiques de RSF sur son régime

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev nie toute implication dans la tentative de meurtre du blogueur réfugié en France Mahammad Mirzali, et plus largement le harcèlement subi par les voix critiques de son pouvoir à l’étranger, en fustigeant la “partialité” de Reporters sans frontières (RSF).

Dans une interview à France 24 le 28 septembre, le président d’Azerbaïjan Ilham Aliev a dénoncé la “position partiale” de RSF et son “approche très injuste vis-à-vis de l’Azerbaïdjan”. Le pays figure en effet parmi les pires du monde en matière de liberté de la presse, à la 167e place sur 180 du Classement mondial établi par l’ONG en 2021. Une “position partiale” ? Il suffit pourtant d’observer factuellement l’état du journalisme dans le pays.

 

Les principaux sites d’information indépendants sont bloqués. La plupart des médias critiques ont été réduits au silence ou à l’exil. Les rares journalistes indépendants qui restent sur place risquent d’être jetés en prison à tout moment. Les principaux suspects du meurtre en 2005 du journaliste Elmar Huseynov, qui enquêtait sur la corruption au plus haut niveau, vivent toujours en liberté. Près d’une quarantaine de journalistes, dont certains à l’étranger, ont été surveillés par les autorités via le logiciel Pegasus de NSO.

 

“Personne ne leur a fait de mal”, affirme Ilham Aliev en évoquant les Azerbaïdjanais réfugiés en France. Le blogueur Mahammad Mirzali a pourtant reçu une dizaine de coups de couteau en plein centre de Nantes, sans compter les nombreuses menaces de mort dans sa langue natale pour arrêter ses publications critiques sur la famille Aliev. A supposer qu’il ne soit pas directement responsable, en tout cas le chef de l’État est coupable de passivité, puisqu’il n’a rien fait pour arrêter ses militants zélés. Le blogueur n’est pas un cas isolé.

 

“Ce discours lénifiant ne trompe que certains parlementaires et dirigeants en Europe, dont l’aveuglement sur la réalité de l’état des libertés en Azerbaïdjan est acheté à coups de pétrodollars, affirme le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Son régime, rappelons-le, tente d’exporter ses méthodes de répression hors de ses frontières, en particulier sur le sol européen. La situation est extrêmement préoccupante pour nos démocraties, qui devraient réagir fermement à ces ingérences.”

 

L'Azerbaïdjan occupe la 167e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 29.09.2021