Le pays célèbre ses journalistes mais détient toujours Ramazan Eserguepov

Le 28 juin 2009, la « Fête des journalistes » a eu lieu au Kazakhstan. Mais Ramazan Eserguepov, rédacteur en chef du journal Alma Ata Info, est détenu depuis plus de six mois. Il lui est reproché d’avoir publié des documents classés « secrets d’Etat » et pour cette raison, son procès, qui a débuté devant le tribunal n°2 de Taraz (sud du Kazakhstan) le 23 avril dernier, se déroule à huis clos. Le journaliste risque jusqu'à cinq ans de prison. Reporters sans frontières est indignée non seulement par l’arrestation du journaliste, alors qu’il était hospitalisé, mais aussi par les irrégularités qui entachent le procès de Ramazan Eserguepov. « Nous demandons aux autorités kazakhes de remettre en liberté Ramazan Eserguepov dans l’attente du verdict », a déclaré l’organisation. Le verdict devrait être rendu à la fin du mois de juillet. Le tribunal ne lui accorde ni le droit d’être défendu par l’avocat de son choix, ni la possibilité de citer des témoins clés de l’affaire, notamment la directrice de l’organisation Journaliste en danger Rozlana Taukina, ou le juriste Sergueï Outkin qui a réalisé une expertise du dossier. Ses travaux démontrent le caractère infondé des accusations à l’encontre de Ramazan Eserguepov. En effet, la loi kazakhe prévoit la création d’un registre répertoriant les documents classés « secrets d’Etat » et soumis à une interdiction de publication. Or, Sergueï Outkin a montré que les documents publiés par Alma Ata Info n’étaient pas référencés dans ce registre. Autre irrégularité grave, le service de la sécurité nationale (KNB), qui a lancé l’accusation de publication de « secrets d’Etat », est lui-même chargé par le tribunal de conduire l’expertise du dossier. Le KNB a par ailleurs la possibilité d’être défendu par l’avocat de son choix, droit dont a été privé Ramazan Eserguepov. Actuellement, le journaliste assure lui-même sa défense. En violation de la loi, ses proches ne sont pas autorisés à le voir en prison. L’état de santé du journaliste, souffrant de maladie cardio-vasculaire et de diabète, est inquiétant. Reporters sans frontières rappelle que la détention de Ramazan Eserguepov viole la Constitution kazakhe qui garantit que toute personne à le droit de choisir son défenseur. Le tribunal bafoue également l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui concerne les droits des personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires et qui condamne la détention arbitraire. Ce Pacte a été ratifié par le Kazakhstan en 2006. Ramazan Eserguepov, âgé de 53 ans, est le rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé et indépendant Alma Ata Info. Il a été arrêté le 6 janvier 2009 par le KNB alors qu’il était hospitalisé. Le motif de son arrestation est un article intitulé « Mais qui dirige vraiment notre pays, le Président ou le KNB ? », publié le 21 novembre 2008. En 2010, le Kazakhstan prendra la présidence de l’OSCE. Le pays figure au 125e rang du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2008.
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Updated on 20.01.2016