Le Parlement modifie la loi sur la diffamation et la sédition : Reporters sans frontières craint une offensive judiciaire contre la presse indépendante

L'Assemblée nationale gambienne a adopté, le 23 juin 2005, des amendements modifiant la loi sur la « diffamation » et la « sédition », qui prévoient une « option d'amende » (« option of a fine ») à des montants asphyxiants pour les journaux et augmente la peine de prison minimum pour les journalistes, a appris Reporters sans frontières. L'organisation se déclare « une fois de plus inquiète face aux manœuvres des autorités ». « Alors que le gouvernement gambien n'avait jamais fait usage d'une législation liberticide, nous interprétons l'adoption de ces amendements comme un signe qu'il a décidé de passer à l'offensive judiciaire contre la presse indépendante », a ajouté Reporters sans frontières. Cette modification du code pénal intervient six mois après l'assassinat resté impuni de Deyda Hydara, codirecteur du trihebdomadaire The Point, par ailleurs correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières, le 16 décembre 2004, et alors que le gouvernement, plutôt que de rechercher les assassins, a lancé une campagne de dénigrement contre lui. « Ces changements, d'apparence anodins, semblent destinés à un usage immédiat, dès l'instant où le président Yahya Jammeh les aura promulgués. Avant que les journalistes indépendants ne soient jetés en prison faute de pouvoir payer l'amende ou que les journaux ferment pour éviter la prison à leurs journalistes, la communauté internationale doit réagir. Puisque la Grande-Bretagne s'apprête à assumer la présidence tournante de l'Union européenne le 1er juillet, nous l'appelons à faire de la défense des libertés en Gambie l'un de ses chantiers diplomatiques affichés. » Selon des sources locales, le 23 juin, l'Assemblée nationale a adopté un amendement au code pénal, établissant une « option d'amende », alternative à la prison, allant de 50 000 dalasis (1 460 euros) à 250 000 dalasis (7 300 euros) pour la « diffamation » et la « sédition ». De plus, les parlementaires ont relevé la peine minimum de six mois à un an de prison. Dans ce contexte, Reporters sans frontières réaffirme son « engagement déterminé » aux côtés de la famille Hydara et des journalistes de la presse indépendante gambienne.
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Updated on 20.01.2016