Le meurtre d’un animateur radio aggrave le climat d’insécurité des journalistes

Reporters sans frontières est profondément attristée par le meurtre de Joash Dignos, un journaliste radio de 48 ans, le 29 novembre 2013 à Valencia. L’organisation appelle les autorités philippines mettre en place des mesures de sécurité préventives chaque fois qu’un journaliste est menacé de mort. “Nous présentons nos sincères condoléances à la famille et aux proches de Joash Dignos, dont l’assassinat démontre à nouveau l’insécurité dans laquelle les professionnels de l’information travaillent. Six jours après la journée internationale de lutte contre l’impunité et le triste anniversaire du massacre de 32 journalistes à Maguindanao, force est de constater que d’importants efforts restent encore à fournir de la part des autorités qui se doivent de protéger les journalistes, et de tout mettre en œuvre pour lutter contre l’impunité persistante”, a déclaré l’organisation. “Nous saluons la création d’une force spéciale dédiée à l’appréhension des auteurs et commanditaires de ce crime. Les autorités doivent cependant agir en amont afin de prévenir les violences à l’encontre des journalistes. Joash Dignos était menacé depuis un certain temps et aurait dû bénéficier d’une protection accrue. Une force spéciale aurait pu être créée dès l’apparition des premières menaces. L’exécution d’un journaliste ne saurait être considérée comme une fatalité”, a ajouté Reporters sans frontières. Joash Dignos a été attaqué vendredi soir dans les toilettes d’un restaurant où il se trouvait avec des amis. Pris pour cible par quatre individus toujours non identifiés, son corps ne présentait pas moins de 28 impacts de balles, preuve de l’acharnement de ses agresseurs, qui ont pris la fuite à bord de véhicules deux roues. Joash Dignos, qui animait l’émission de radio Bombardier sur dxGT Radio Abante était connu pour aborder les sujets de fond, et n’hésitait pas à critiquer les autorités, notamment le maire de Valencia. Il avait déjà reçu des menaces de mort. Au mois de juin 2013, une grenade avait été lancée sur les locaux de la radio au cours de son émission. Cette dernière étant pré-enregistrée pour des raisons de sécurité, seul un gardien de sécurité avait été blessé. Ce meurtre n’est pas sans rappeler celui de Jesus Tabanao, survenu le 14 septembre 2013 à Kamputhaw, Cebu City. Ancien animateur de Bombo Radyo Cebu, chroniqueur dans un programme dédié à la lutte contre la drogue sur DyRC Radyo Calungsod, Jesus Tabanao était également employé de l’agence philippine de lutte contre la drogue depuis 2008. Jesus Tabanao est mort sur le coup après que son agresseur, un motard ayant pris la fuite, lui ait tiré dessus à cinq reprises, une balle se logeant directement dans le coeur. Jesus Tabanao était sur le point de récupérer sa femme qui célébrait avec des amis l’attribution du prix “Miss Liberté de la presse” à la journaliste Jessa Marie Agua dans le cadre de la semaine dédiée à la liberté de la presse à Cebu. La police privilégie la piste d’un meurtre lié aux activités professionnelles de Jesus Tabanao. Les téléphones mobiles de la victime ont été saisis afin de déterminer si cette dernière avait récemment été la cible de menaces. Les Philippines se situent à la 140ème place sur 179 pays au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Crédit photo : The PCIJ Blog
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Updated on 20.01.2016