Le magazine Tempo attaqué en justice et au cocktail Molotov

Reporters sans frontières est vivement préoccupée pour la sécurité de la rédaction du magazine Tempo suite à une attaque à la bombe incendiaire contre ses locaux à Jakarta, le 6 juillet 2010. L'organisation demande également au directeur de la police de ne pas porter plainte contre Tempo comme cela a été annoncé, pour insulte, afin qu'une solution négociée, notamment à travers le Conseil de la presse, soit trouvée au plus vite. "Une fois encore le célèbre hebdomadaire Tempo se retrouve au cœur de la tourmente pour une enquête explosive et un illustration controversée sur la corruption au sein de la police. Même s'il est encore trop pour établir un lien entre l'attaque et ces révélations fracassantes, il est urgent que les tensions soient apaisées au plus vite. Sans prononcer sur la nature de la caricature, nous appelons les responsables de la police à recourir au Conseil de la presse et abandonner leur plainte", a affirmé l'organisation. Pendant la nuit du 6 juillet, deux individus circulant à moto ont lancé des cocktails Molotov en direction du bâtiment de Tempo, sans faire de dégâts. "C'est un acte de terreur contre la liberté de la presse. Je demande à la police de mener une enquête sérieuse", a déclaré Wahyu Murayadi, rédacteur en chef du magazine. Le général de police Bambang Hendarso Danuri a promis une investigation exhaustive et a écarté tout lien avec la plainte contre le magazine déposée, quelques jours plus tôt, par son institution. Le numéro de juin 2010 comporte en Une un photomontage montrant un policier tenant en laisse des cochons, animal jugé impur dans les pays musulmans. La rédaction de Tempo avait fait ce choix en se fondant sur l'homophonie entre les deux mots javanais "Celengan" (tirelire) et "Celeng" (cochon sauvage). "Les grosses tires lires en forme de cochon sont depuis longtemps un symbole de comptes en banque bien fournis. Nous n'avons jamais souhaité insulter la police avec cette illustration", a expliqué Wahyu Murayadi. Le magazine publiait une enquête sur un vaste système de corruption au sein de la police nationale. Dans les jours qui ont suivi la parution de ce numéro de Tempo, des milliers de copies ont été achetées par quelques individus qui seraient des policiers en civil. Le 2 juillet, le porte-parole de la police Edward Aritonang a affirmé que des poursuites seraient engagées en vertu des articles 207 et 208 du code pénal indonésien. Malgré la loi sur la presse assez libérale, l'Indonésie n'a jamais dépénalisé les délits de presse, tels que la "diffamation", toujours passibles de peines de prison. L'Association des journalistes indonésiens (AJI) a regretté l'action en justice menée par la police et a invité à un plus grand respect de la loi sur la presse qui, grâce à la saisie du Conseil de la presse, permet de résoudre ce genre de conflits.
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Updated on 20.01.2016