Le journaliste Xu Wei entame une grève de la faim pour protester contre sa condamnation
Organisation :
A l'annonce de sa condamnation à dix ans de prison le 28 mai dernier, le journaliste Xu Wei a entamé une grève de la faim illimitée. En refusant de s'alimenter, Xu Wei entend protester contre le verdict prononcé par la Cour intermédiaire de Pékin contre lui et ses trois amis, Jin Haike, Yang Zili et Zhang Honghai, emprisonnés depuis mars 2001 pour "subversion du pouvoir de l'Etat" et condamnés à de lourdes peines de prison. Au cours de ces deux années de détention, l'état de santé de Xu Wei se serait déjà fortement détérioré en raison des mauvais traitements qui lui sont régulièrement infligés. Le 31 mai, son avocat, Mo Shaoping, a été convoqué d'urgence au centre de détention de Pékin, où les quatre dissidents sont incarcérés, pour tenter de convaincre Xu Wei de mettre un terme à sa grève de la faim. Le journaliste a accepté de recommencer à boire mais refuse toute nourriture.
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30.05.2003
Reporters sans frontières demande aux présidents américain et français de condamner l'emprisonnement d'une quarantaine de cyberdissidents chinois
Deux jours avant la rencontre du président chinois avec ses homologues américain et français, Reporters sans frontières demande à Georges W. Bush et à Jacques Chirac, hôte du sommet du G8 à Evian, d'exiger un terme à la répression de la liberté de la presse en Chine, et en particulier à l'emprisonnement de plus de quarante dissidents et journalistes s'exprimant sur la Toile.
"A une semaine du 14e anniversaire du massacre de Tiananmen, une nouvelle vague de répression contre des cyberdissidents démontre que la liberté d'expression en Chine est toujours un vain mot. Pire encore, ceux qui cherchent à publier leurs écrits sur la Toile sont jugés comme des criminels. Ils encourent les mauvais traitements, la torture et de lourdes peines de prison," a écrit Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé, le 30 mai 2003, aux présidents Jacques Chirac et Georges W. Bush.
"Si le gouvernement chinois pense que les yeux des médias étrangers étant rivés sur l'épidémie du SARS, il a les mains libres pour réprimer et emprisonner impunément plus de quarante cyberdissidents, c'est sans compter sur la vigilance des organisations de défense de la liberté d'expression", a-t-il ajouté.
L'organisation a demandé au président américain, Georges W. Bush, ainsi qu'au président français, Jacques Chirac, d'évoquer avec le nouveau président chinois Hu Jintao la situation très préoccupante de la liberté de la presse et de réclamer fermement la libération et l'amnistie de tous les cyberdissidents emprisonnés.
Quatre dissidents chinois, parmi eux un journaliste, ont été condamnés, le 28 mai 2003, à des peines de huit à dix ans de prison pour avoir publié des articles favorables à l'instauration d'un système politique libéral en Chine. Ces nouvelles condamnations portent à quarante-deux le nombre de cyberdissidents emprisonnés en Chine, certains depuis plus de trois ans. Le plus ancien détenu pour s'être exprimé sur le Net est le dissident Wu Yilong, emprisonné depuis le 19 juin 1999.
Prononçant son verdict plus d'un an et demi après le procès, la Cour intermédiaire de Pékin a condamné, le 28 mai 2003, pour "subversion du pouvoir de l'Etat" le journaliste Xu Wei et le géologue Jin Haike à dix ans de prison, ainsi que l'informaticien Yang Zili et l'écrivain Zhang Honghai à huit ans d'incarcération.
Les quatre dissidents avaient été arrêtés le 13 mars 2001 pour avoir "enquêté activement sur les voies d'une réforme de la société", voulu "changer le pouvoir politique actuel de la Chine" et "rétablir un système politique libéral", selon l'acte d'accusation de leur procès qui s'était tenu fin septembre 2001.
Selon l'organisation Human Rights in China, le journaliste Xu Wei, lors de la proclamation du verdict, a déclaré au juge avoir été battu en détention et torturé à l'électricité aux parties génitales. Il a ajouté qu'après avoir demandé une enquête sur les mauvais traitements subis, les quatre détenus avaient vu leur situation empirer. Agés d'une trentaine d'années environ, les jeunes dissidents ont été arrêtés après avoir publié des articles sur Internet aux titres tels que "La démocratie chinoise est un leurre" et "Nouvelle citoyenneté, refonder la Chine".
Le journaliste Xu Wei avait été responsable pendant un an d'un supplément hebdomadaire du Xiaofei Ribao (Quotidien des consommateurs). Il avait été arrêté par la Sécurité d'Etat (police secrète).
Reporters sans frontières a rendu public, le 12 mai 2003, un rapport intitulé "Vivre dangereusement sur le Net" - Censure et surveillance des forums de discussion Internet, basé sur une enquête d'un mois sur les forums de discussion chinois. Surveillés nuit et jour par des milliers d'employés et de policiers chargés de nettoyer l'Internet chinois des messages subversifs, vulgaires ou pornographiques, ces forums sont tout à la fois "espaces d'expression et pièges à internautes". Des dizaines d'internautes chinois ont été arrêtés pour avoir critiqué le gouvernement sur les forums.
Le rapport est consultable dans les trois langues (français -anglais- espagnol) sur le site www.rsf.org
Publié le
Updated on
20.01.2016