Le journaliste Paul Salopek, son interprète et son chauffeur libérés après un mois de détention

Reporters sans frontières salue la libération, le 9 septembre 2006, du journaliste américain Paul Salopek, de son interprète et de son chauffeur tchadiens, détenus depuis le 6 août pour « espionnage », un prétexte utilisé par les autorités soudanaises pour empêcher la couverture médiatique du conflit au Darfour.

Reporters sans frontières se félicite de la libération, le 9 septembre 2006, du journaliste américain Paul Salopek, correspondant du quotidien Chicago Tribune, de son interprète Suleiman Abakar Moussa et de son chauffeur Idriss Abdulraman Anu, tous deux de nationalité tchadienne. Les trois hommes avaient été arrêtés le 6 août, alors que Paul Salopek réalisait un reportage sur la région du Sahel pour le mensuel National Geographic. Comparu le 26 août devant le tribunal d'El-Fasher (capitale du Nord-Darfour, Ouest), il avait été inculpé d' « espionnage », de « diffusion illégale d'informations », et accusé d'avoir pénétré sans visa sur le territoire soudanais. La justice avait néanmoins renvoyé son procès au 10 septembre. C'est Bill Richardson, le gouverneur de l'Etat du Nouveau-Mexique, où réside Paul Salopek, qui a directement négocié la libération du journaliste avec le président Omar Al-Bechir. Du coup, le tribunal d'El-Fasher a abandonné les poursuites. Paul Salopek devait rejoindre Khartoum où l'attendait le gouverneur, dans la soirée du 9 septembre. Malgré les promesses de démocratisation du pays, le conflit au Darfour a suscité le durcissement du gouvernement soudanais vis-à-vis de la presse. Il est devenu quasiment impossible à la presse étrangère de se rendre dans la province sécessionniste sans passer clandestinement par la frontière du Tchad. __________________________________________________________ 28.08.06 - Un journaliste américain, son interprète et son chauffeur arrêtés dans le Nord-Darfour
Reporters sans frontières exige la libération du journaliste Paul Salopek, correspondant du quotidien public américain Chicago Tribune, ainsi que de son interprète et de son chauffeur, tous deux de nationalité tchadienne, Suleiman Abakar Moussa et Abdulraman Anu, détenus depuis le 6 août 2006 à El-Fasher (capitale du Nord-Darfour, Ouest) et accusés d'”espionnage” et d'entrée illégale sur le territoire soudanais. “Les journalistes étrangers sont des témoins de plus en plus gênants pour le gouvernement soudanais. Les arrêter et les traiter comme des espions est un moyen de dissuader la presse de s'intéresser au drame humain insupportable qui se déroule au Darfour. C'est ridicule et indigne. Paul Salopek et ses collaborateurs sont des professionnels de l'information, qui ont agi dans le strict cadre de leur métier. Ils doivent être remis en liberté au plus vite”, a déclaré Reporters sans frontières. Paul Salopek, qui réalisait un reportage sur la région du Sahel pour le mensuel privé National Geographic, a été arrêté par les forces de sécurité gouvernementales le 6 août en compagnie de ses collaborateurs. Il était en possession de deux passeports américains, une pratique fréquente pour les journalistes couvrant les zones de conflit, et de photographies satellites de la région disponibles sur Internet. Le 26 août, il a comparu devant un tribunal d'El-Fasher et a été inculpé d'”espionnage” et de “diffusion illégale d'informations”, deux infractions sanctionnées par plusieurs années de prison dans le code pénal soudanais. Il a également été accusé d'avoir pénétré sur le territoire soudanais sans visa. A la demande de l'avocat du journaliste, le président du tribunal a renvoyé son procès au 10 septembre. Le 14 août 2006, la cour pénale d'El-Fasher avait condamné l'écrivain et photographe Tomo Kriznar, par ailleurs conseiller du président slovène et militant des droits de l'homme, à deux ans de prison et 500 000 dinars (1 934 euros) d'amende pour “espionnage”, “publication de fausses nouvelles” et “entrée au Soudan sans visa”. Son avocat a fait appel de cette condamnation. Le 11 juillet 2005, devant une assemblée composée de plusieurs présidents africains, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et de nombreux officiels européens et américains, le président Omar Al-Bechir avait affirmé qu'il s'engageait à soutenir la démocratisation du pays, ainsi que l'Etat de droit et les libertés, et la fin des lois d'exception. Depuis cette date, la pression que les forces de sécurité faisaient peser sur les médias soudanais s'était allégée. Aucun cas de censure officielle n'avait été enregistré et les arrestations de journalistes étaient rares. Toutefois, il est devenu difficile pour les journalistes étrangers d'obtenir des visas pour le Soudan. De plus en plus d'entre eux choisissent par conséquent d'entrer sur le territoire soudanais par la frontière tchadienne. De plus, la pression internationale autour de la situation au Darfour a durci l'attitude du gouvernement à l'encontre de la presse. Ainsi, le 16 août 2006 à 2 heures du matin, Naser Eldien Ahmed Altayeb, journaliste du quotidien privé arabophone Al-Ayam, a été arrêté et sévèrement battu à coups de bâton par une vingtaine d'agents de police. Il avait publié un reportage sur l'expulsion forcée de réfugiés du Sud-Soudan et du Darfour à Dar-al-Salaam (30 km au sud de Khartoum), qui étaient installés depuis une vingtaine d'années sur un terrain récemment vendu à un promoteur immobilier égyptien. Il est actuellement soigné à l'hôpital universitaire de Khartoum. La veille, Mougahed Abdalla, journaliste du quotidien privé Ray Alshab, Abdoulgasiem Farahna, du quotidien privé Alowan, Moutaz Mahjoob, du quotidien privé Al-Adwaa, et Mouheb Maher, journaliste du quotidien privé Al-Sudani, ont été détenus pendant près de cinq heures par la police à Marawi (Nord). Ils avaient été arrêtés alors qu'ils cherchaient à se rendre auprès des populations touchées par les inondations du 10 août. Les policiers ont affirmé qu'ils avaient reçu l'ordre de ne pas laisser de journalistes pénétrer dans la zone touchée par la catastrophe.
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Updated on 20.01.2016