Le journaliste Miguel Pérez Julca aurait été assassiné pour éviter qu'il ne divulgue les noms de policiers corrompus

Cinq jours après l'assassinat de Miguel Pérez Julca, de la station Radio Éxitos, deux journalistes de Jaén (Nord-Ouest) ont affirmé, le 21 mars 2007, avoir été avertis sur leur portable par SMS qu'ils seraient “les prochains tués”, s'ils continuaient à informer sur des affaires de corruption locale et sur l'insécurité.

Miguel Pérez Julca, de la station Radio Éxitos, avait déclaré le 16 mars 2007 dans son programme "El Informativo del Pueblo", qu'il révélerait le lundi suivant (19 mars 2007) les noms des policiers de Jaén qui ont des liens avec les narcotrafiquants et qui protègent des bandes de délinquants. Le lendemain, deux tueurs à gages ont assassiné le journaliste, qui se dirigeait vers son domicile en compagnie de son épouse et de ses deux fils. Par manque de moyens, le journaliste n'enregistrait pas ses émissions, mais le preneur de son, Fernando Jiménez, s'est souvenu que Miguel Pérez Julca avait aussi annoncé qu'il "informerait sur une affaire impliquant le gouvernement régional". Un confrère proche du journaliste, Pepe Morales, a déclaré que Miguel Pérez Julca "possédait les noms de trois policiers corrompus, appartenant à la délégation de Jaén. Ces derniers rançonnaient les narcotrafiquants ainsi que les délinquants". Deux suspects ont déjà été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Miguel Pérez Julca : Alí Zamudio et Juan Hurtado Vásquez, l'un comme tueur à gages présumé, et l'autre comme commanditaire présumé. Mais pour le quotidien El Comercio, cette enquête est "fausse et insuffisante" car les témoins auraient déposé de manière inexacte et sans la présence d'un avocat. Les autorités ont également arrêté Elbia Mendoza, la propriétaire présumée de la moto qui a servi à l'assassinat, ainsi que le jeune Dílbert Cabada Arteaga, suspecté d'avoir suivi le journaliste et d'avoir été le témoin du versement d'environ 1 000 euros à l'un des tueurs à gages. Cependant, les quotidiens El Comercio et La República prétendent que ces individus auraient été arrêtés pour cacher les réels responsables, à savoir des officiers de police. La veuve de Miguel Pérez Julca, blessée lors de l'assassinat de son époux, a quitté la ville de Jaén, avec l'appui de l'organisation Instituto Prensa Y Sociedad (IPYS). -------------------------------------- 30.04.07 - Arrestation d'un autre des assassins présumés du journaliste Miguel Pérez Julca, âgé de 18 ans
Le 25 avril 2007 un des présumés tueurs à gages du journaliste Miguel Pérez Julca, tué par balles le 17 mars 2007, a été arrêté par les forces de police. Après avoir été identifié, Dilber Cabada Arteaga, âgé de 18 ans, a été arrêté alors qu'il se déplaçait à moto-taxi à Mesones Muro (province de Ferreñafe, Nord-Ouest), non loin du domicile de la famille du journaliste défunt. Le jeune homme a tenté de s'enfuir puis d'agresser les agents lorsqu'il s'est aperçu de leur présence, et ces derniers ont dû utiliser leurs armes pour l'arrêter. Dilber Cabada Arteaga aurait avoué qu'il a été le témoin des préparatifs organisés par le commanditaire présumé de l'assassinat du journaliste, Juan Hurtado Vásquez. Il aurait également reconnu qu'il était présent lorsque Juan Hurtado Vásquez aurait versé la somme de 1 153 euros à un autre tueur à gages, qui n'a toujours pas été identifié. Enfin, Dilber Cabada Arteaga aurait aussi signalé qu'un mois avant l'assassinat, une femme du nom d'Elbia Mendoza lui aurait fourni une moto sans plaques d'immatriculation, afin que lui et deux autres individus suivent le journaliste. ---------------------------------------- 10.04.07 - Arrestation du commanditaire présumé de l'assassinat du journaliste Miguel Pérez Julca
La division des homicides de la police nationale du Pérou a arrêté et écroué, le 4 avril 2007, Juan Hurtado Vásquez, suspecté d'avoir commandité l'assassinat de Miguel Pérez Julca, journaliste de la station Radio Éxitos, tué par balles à Jaén (Nord-Ouest) le 16 mars 2007. De source policière, Juan Hurtado Vásquez, concubin de la présidente du Centre de promotion des droits de l'enfant, aurait voulu punir le journaliste de ses critiques à l'antenne contre cet organisme. Le suspect aurait engagé pour ce faire deux individus connus de la police, Walter García Valdivia alias “Zurdo”, et Alí Zamudio Saavedra alias “Balán”, déjà arrêtés à la fin du mois de mars. L'Instituto prensa y sociedad (IPYS), organisation péruvienne de défense de la liberté de la presse, a souligné dans un communiqué, le 7 avril que “l'assassinat de Miguel Pérez Julca n'était en rien éclairci”, compte tenu de l'abondance de sources anonymes au sujet de cette affaire. Reporters sans frontières, tout en prenant acte des avancées de l'enquête, attend également les résultats complets de cette dernière. _____________________________________________________________ 22.03.07 - Deux journalistes menacés d'être "les prochains" après l'assassinat d'un collègue
Cinq jours après l'assassinat de Miguel Pérez Julca, de la station Radio Éxitos, deux journalistes de Jaén (Nord-Ouest) ont affirmé, le 21 mars 2007, avoir été avertis sur leur portable par SMS qu'ils seraient “les prochains tués”, s'ils continuaient à informer sur des affaires de corruption locale et sur l'insécurité régnant dans la ville. Il s'agit de Juan Vásquez, correspondant de l'agence América Noticias et de la chaîne de télévision Canal 9 et de Walter Altamirano, de la station Radio Amajú. Ils auraient sollicité une protection policière. Le conseil municipal a décrété l'état d'urgence dans la ville pour une durée de trois mois, afin de lutter contre l'insécurité. Le maire, Jaime Vilchez, s'est d'ores et déjà défendu de toute implication dans l'assassinat de Miguel Pérez Julca, qui l'avait vivement attaqué sur son bilan en matière de sécurité. “Les menaces de mort adressées aux deux collègues de Miguel Pérez Julca tendent, hélas ! à confirmer que ce dernier a payé de sa vie d'avoir fait son métier. Nous demandons aux autorités de pourvoir à la protection de Juan Vásquez et de Walter Altamirano et de faire toute la lumière sur l'assassinat de Miguel Pérez Julca. La situation de la presse à Jaén est un train mauvais signal pour l'ensemble de la profession au Pérou. Le ministère de l'Intérieur doit s'emparer du dossier”, a déclaré Reporters sans frontières. ---------------------------------------- 19.03.2007 - Assassinat d'un journaliste de radio : la piste professionnelle doit être privilégiée
Reporters sans frontières exprime toute sa sympathie à la famille et aux collègues de Miguel Pérez Julca, de la station locale Radio Exitos, assassiné par balles, le 16 mars 2007, à Jaén (Cajamarca, Nord-Ouest). Compte tenu des thèmes sur lesquels la victime travaillait et des circonstances de sa mort, l'organisation espère que l'enquête suivra de près la piste professionnelle. “Miguel Pérez Julca enquêtait sur des affaires de corruption locale, assurait, peu avant sa mort, avoir été suivi et ses assassins l'ont abattu à la manière de tueurs à gages. L'enquête doit donc privilégier la piste professionnelle, quitte à déranger l'administration locale. Le pays n'avait pas connu d'assassinat de journalistes depuis 2004. Celui de Miguel Pérez Julca, commis sous les yeux de sa femme et de ses deux enfants, ne doit pas devenir une nouvelle prime à l'impunité”, a déclaré Reporters sans frontières. Dans la soirée du 16 mars, Miguel Pérez Julca, 38 ans, regagnait son domicile en compagnie de sa femme et de ses deux enfants dans le quartier de Las Palmeras à Jaén, lorsque deux individus armés circulant à moto ont ouvert le feu dans sa direction, le tuant de deux balles en pleine tête, avant de s'enfuir. Le journaliste est décédé durant son transfert à l'hôpital. Nelly Guevara Arrascue, son épouse, a été touchée au genou gauche. Employé du programme “El informativo del pueblo” à Radio Exitos et collaborateur des stations Radio Oriental et Radio Jaén, Miguel Pérez Julca avait récemment mis en cause le maire de Jaén, Jaime Vilchez Oblitas, dans des affaires de mauvaise gestion. Il dénonçait également la corruption locale et l'insécurité régnant dans la ville. La veille de son assassinat, il confiait à ses proches avoir été suivi dans la rue par une voiture blanche. Selon le quotidien La República, plusieurs témoins ont déclaré avoir reconnu les tueurs - des délinquants -, mais ces derniers n'ont pas été appréhendés. Miguel Pérez Julca est le premier journaliste assassiné dans le pays depuis 2004. Le 14 février 2004, Antonio de la Torre Echeandía, de Radio Orbita, avait été assassiné à Yungay (400 kilomètres au nord de Lima). Le 21 avril suivant, Alberto Rivera Fernández, de la station Frecuencia Oriental, avait été abattu à Pucallpa (Centre-Est). Dans les deux cas, les maires et leur entourage, directement mis en cause comme commanditaires des crimes, ont bénéficié d'une scandaleuse impunité judiciaire en 2006.
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Updated on 20.01.2016