Le journaliste Mam Sonando bientôt libre mais en sursis pour plus de 4 années

Entretien avec Pa Ngoun Teang, directeur du Centre Cambodgien pour les Médias Indépendants (CCIM).
Voir la vidéo en fin d'article : "Cambodge : quel état de la liberté d'information ?"

Le 14 mars 2013, la Cour d’Appel de Phnom Penh a condamné Mam Sonando à 5 ans de prison, dont huit mois fermes, en vertu de l’article 97 du code forestier du Cambodge. Le verdict ne mentionne pas les autres accusations d’incitation à l’insurrection dont il fera l’objet depuis sa première condamnation à vingt ans de prison le 1 octobre 2012. Mam Sonando, âgé de 72 ans, est en prison depuis le 15 juillet 2012. Il sera libéré huit mois plus tard, le 15 mars au matin, et restera en sursis pendant 4 ans et 4 mois, soit jusqu’au 15 novembre 2016. Reporters sans frontières et le Cambodian Center for Independent Media (CCIM) se félicitent de savoir le journaliste enfin libre mais déplorent le manque de crédibilité juridique de la procédure judiciaire. « Nous partageons le soulagement de ses proches mais ne sommes pas satisfaits de la procédure judiciaire. Une nouvelle fois, le Cambodge prouve que les tribunaux ne suivent pas la justice mais les ordres. Cette libération est le résultat des efforts conjoints déployés par ses soutiens cambodgiens et internationaux. Mais juridiquement, l’accusation – et à fortiori la condamnation - n’est pas acceptable. Une épée de Damoclès demeure suspendue au-dessus de la tête du journaliste tant que son sursis court », ont déclaré les deux organisations. Lors du procès en appel qui s’est déroulé à Phnom Penh les 6 et 7 mars derniers, le procureur avait demandé l’abandon de deux accusations criminelles “d’incitation à l’insurrection armée” et “d’usurpation des fonctions d’autorités”, et le juge avait ajouté celle “d’incitation à la déforestation illégale”, pour laquelle il a été condamné le 14 mars. Le 7 mars, l’un de ses avocats, Me. Sa Sovann, avait expliqué à Reporters sans frontières que la nouvelle accusation ne pouvait pas être juridiquement recevable, car son client ne pouvait pas se défendre. « Il y a vice de forme car le juge a changé la qualification de l’accusation et je vais faire un pourvoi en cassation. La défense a le droit à un procès équitable et cette accusation n’a rien à voir avec le procès pour lequel nous sommes là aujourd’hui», a-t-il déclaré à Reporters sans frontières le 14 mars 2013. Ou Virak, le directeur du Centre Cambodgien pour les droits de l’homme, a confié à Reporters sans frontières qu’il s’agissait d’un « bon compromis ». « Mais il reste toujours beaucoup à faire pour que la loi soit respectée au Cambodge », a –t-il ajouté. Dinn Phannara, la femme de Mam Sonando a fait part de son soulagement à la presse locale sur les marches de la sortie du tribunal : « Je suis heureuse », a-t-elle déclarée. Le Cambodge occupe la 143ème position du classement 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Lire les précédents communiqués de Reporters sans frontières sur Mam Sonando : RSF et le CCIM demandent la relaxe immédiate et sans conditions de Mam Sonando, 8 mars 2013 Le directeur de radio Mam Sonando quittera la prison à l’âge de 91 ans, 1er octobre 2012 Photo : TANG CHHIN SOTHY / AFP
Publié le
Updated on 20.01.2016