Le journaliste de la chaîne Telesur, Freddy Muñoz, à nouveau recherché par la justice et menacé par les paramilitaires

Reporters sans frontières salue la remise en liberté, le 9 janvier 2007, du correspondant colombien de la chaîne latino-américaine Telesur, Freddy Muñoz. Le journaliste était détenu depuis cinquante jours pour « rébellion » et « terrorisme ». Il reste néanmoins inculpé. L'organisation demande qu'il bénéficie d'une protection.

Libéré le 9 janvier 2007 après cinquante jours de détention, le correspondant colombien de la chaîne latino-américaine Telesur, Freddy Muñoz, est à nouveau sous le coup d'un mandat d'arrêt pour « terrorisme » depuis le 7 février dernier. Reporters sans frontières trouve confuses les conditions dans lesquelles la procédure a été relancée. Accusé d'avoir apporté un soutien logistique à un attentat commis en 2002 par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Freddy Muñoz avait été relâché faute de preuves. D'anciens combattants de la guérilla s'étaient rétractés après avoir témoigné contre lui et les examens médicaux avaient révélé que les cicatrices que présente le journaliste à l'abdomen n'étaient pas dues à une manipulation d'explosifs. Le 7 février, la justice a émis un autre mandat d'arrêt contre Freddy Muñoz - sans le transmettre à son avocat - en invoquant de « nouvelles preuves » : « des documents saisis par le Département administratif de sécurité (DAS, service de renseignements militaire) à son domicile, une contre-expertise médicale et une photo ». L'avocat du journaliste, Tito Gaitán, a souligné que son client n'avait pas passé de nouveaux examens médicaux depuis sa libération et que la perquisition du DAS avait déjà été effectuée depuis longtemps, non pas à son domicile mais chez un avocat, défenseur de guérilleros présumés, à qui il avait laissé sa carte de visite. Le 10 février, soit trois jours avant que Tito Gaitán n'accède à nouveau au dossier, l'hebdomadaire Cambio et le quotidien El Tiempo ont publié une photo de « Freddy Muñoz parmi des combattants des FARC » (cf. photo). Les deux journaux ont également indiqué que le journaliste était en fuite au Venezuela, le siège de Telesur se trouvant à Caracas.

Dans un communiqué publié en ligne le 15 février, Freddy Muñoz a dénoncé la photo comme un « montage », en s'étonnant qu'elle paraisse un mois après sa libération. Le journaliste a également fustigé les liens entre certains fonctionnaires de justice, des agents du DAS et les paramilitaires. Enfin, il a démenti avoir fui au Venezuela mais a confié devoir se cacher en raison de menaces de mort envoyées sur sa boîte email par le commando paramilitaire des « Aigles noirs ». Ce commando s'est effectivement illustré par une véritable campagne de terreur contre la presse de la côte caraïbe à la fin de l'année 2006 (cf. communiqués). Au vu de ces derniers développements, Reporters sans frontières a déclaré : « Nous constatons que de nombreuses irrégularités entachent la procédure engagée contre Freddy Muñoz. Le journaliste doit bénéficier de la présomption d'innocence et de garanties de sécurité qui n'ont pas été respectées. Nous continuerons à le soutenir tant qu'il fera l'objet de menaces et que la preuve formelle de sa culpabilité n'aura pas été établie. Notre organisation condamne par ailleurs toute instrumentalisation de cette affaire à des fins idéologiques et politiques. La Colombie a le malheur de compter deux grands prédateurs de la liberté de la presse : les FARC et les paramilitaires. » ______________________________________ 10.01.07 - Libération de Freddy Muñoz : Reporters sans frontières salue une "sage décision"
Reporters sans frontières se félicite de la remise en liberté, le 9 janvier 2007, de Freddy Muñoz, correspondant colombien de la chaîne latino-américaine Telesur. Poursuivi pour “rébellion” et “terrorisme”, le journaliste était détenu depuis le 19 novembre 2006. Il reste néanmoins inculpé. “Compte tenu de la faiblesse des preuves à charge contre Freddy Muñoz, la justice a rendu une sage décision en le libérant. Néanmoins, et pour les mêmes raisons, il serait curieux que les poursuites soient maintenues alors que rien n'étaye les accusations de “rébellion” et “terrorisme” qui pèsent sur le correspondant de Telesur. Nous espérons donc que l'inculpation de Freddy Muñoz sera rapidement levée et que des mesures de protection seront prises en sa faveur”, a déclaré Reporters sans frontières. Correspondant colombien de la chaîne latino-américaine Telesur, Freddy Muñoz, 36 ans, est sorti, le 9 janvier, de la prison de Baranquilla (Nord), où il était détenu depuis cinquante jours. Constatant la faiblesse des éléments à charge dans l'instruction ouverte contre le journaliste, le parquet du Tribunal supérieur de Bolívar avait ordonné, quatre jours plus tôt, sa remise en liberté. La même juridiction a cependant maintenu les chefs d'inculpation et autorisé la poursuite de l'enquête. Freddy Muñoz avait été arrêté, le 19 novembre 2006, à l'aéroport de Bogotá, alors qu'il revenait de Caracas où se trouve le siège de Telesur. Il avait par la suite été inculpé de “rébellion” et “terrorisme” pour sa participation présumée à un attentat commis en 2002 par la guérilla des Forces armées révolutionnnaires de Colombie (FARC), qui n'avait pas fait de victimes. Trois guérilleros détenus avaient témoigné contre le journaliste, mais sans pouvoir donner son nom ni son signalement. L'un d'eux s'était finalement rétracté. Par ailleurs, des expertises médicales avaient démontré que les cicatrices que porte Freddy Muñoz n'étaient pas dues au maniement d'explosifs. L'avocat du journaliste, Tito Gaitán, a confié à Reporters sans frontières que juste après la libération de son client, des hommes se prétendant agents du Département administratif de sécurité (DAS, service de renseignements militaire) se sont rendus à la prison de Baranquilla pour interroger ses codétenus. L'entourage de Freddy Muñoz craint que sa libération n'expose le journaliste à des représailles. Le 17 septembre 2004, le sociologue Alfredo Correa de Andréis, soupçonné lui aussi de liens avec les FARC, avait été assassiné à sa sortie de prison.
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Updated on 20.01.2016