Un tribunal de Kaboul a reconnu le directeur du mensuel Haqoq-e-Zan coupable de blasphème pour avoir publié des articles critiquant la lapidation et les châtiments corporels prévus par la Charia. Le journaliste n'a pas bénéficié d'un procès juste et équitable. Reporters sans frontières demande l'intervention du président Hamid Karzai pour obtenir la libération d'Ali Mohaqiq Nasab.
Reporters sans frontières dénonce la condamnation à deux ans de prison du journaliste Ali Mohaqiq Nasab par un tribunal de Kaboul. A l'issue d'un procès expéditif et partial, le rédacteur en chef du magazine Haqoq-e-Zan (Droits des femmes) a été reconnu coupable de blasphème.
« En violation des traités internationaux signés par l'Afghanistan, la justice du pays a condamné un journaliste à une lourde peine de prison pour un délit de presse. Il est extrêmement choquant de voir un homme condamné à la prison simplement parce qu'il a reproduit des articles condamnant des pratiques archaïques telles que la lapidation et les châtiments corporels. Le président Hamid Karzaï doit intervenir pour obtenir la libération d'Ali Mohaqiq Nasab, afin de corriger ce dérapage de la justice afghane», a déclaré Reporters sans frontières.
Le 22 octobre 2005, un tribunal de première instance de Kaboul a condamné Ali Mohaqiq Nasab, rédacteur en chef du mensuel Haqoq-e-Zan (Droits des femmes), à deux ans de prison ferme pour avoir reproduit des articles d'un intellectuel iranien condamnant la lapidation des musulmans convertis à une autre religion et les châtiments corporels notamment contre les personnes accusées d'adultère.
Selon un journaliste afghan présent lors du procès, Ali Mohaqiq Nasab a été interrogé sur ces articles par le procureur et les juges. Le journaliste n'avait pas d'avocat lors de cette audience qui n'a duré qu'une heure et demie. La demande d'Ali Mohaqiq Nasab d'obtenir un délai supplémentaire pour préparer sa défense a été rejetée. Les juges ont également refusé de lui accorder une libération sous caution alors qu'il avait obtenu des garants.
Lors des premières audiences, à partir du 11 octobre, le journaliste, visiblement épuisé par son incarcération, avait été soumis à de violentes attaques de la part du procureur.
Quelques minutes seulement après la fin de l'audience, le tribunal a annoncé le verdict et précisé que le journaliste pouvait faire appel. Ce dernier a condamné l'illégalité de ce procès qui aurait dû se tenir devant une cour spécialisée pour les délits de presse. Ali Mohaqiq Nasab, de confession chiite et partisan des idées de l'ayatollah iranien Hussein Ali Montazeri, opposant au régime islamique de l'ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a également condamné les pressions de certains dignitaires chiites pour obtenir son arrestation et sa condamnation.
A la sortie du tribunal, le journaliste, âgé de 50 ans, a été emmené par la police vers la prison de Kaboul. Il était auparavant en détention dans un centre de la police après avoir été arrêté, le 1er octobre 2005, sur ordre du procureur général.
Cette condamnation intervient alors que la Commission des médias, instance prévue par la loi afghane pour juger les délits de presse, avait décidé de lui retirer son titre de rédacteur en chef, mais recommandé l'abandon des accusations de blasphème.