Le journaliste Abubacarr Saidykhan menacé de mort : que font les autorités ?
Organisation :
Reporters sans frontières est profondément préoccupée par l'aggravation des menaces et des tentatives physiques d'intimidation dont est la cible le journaliste indépendant Abubacarr Saidykhan. En octobre dernier, lui et son confrère Baboucarr Ceesay, collaborateur du journal Daily News et vice-président de l'Union de la presse gambienne (GPU), avaient déjà reçu de virulents messages de menaces de mort.
L'organisation, qui a pu s'entretenir avec Abubacarr Saidykhan, s'étonne que la présence de la police sensée protéger le journaliste n'ait aucun effet dissuasif sur les auteurs des menaces et demande aux autorités de prendre leurs responsabilités dans cette affaire.
Depuis plusieurs semaines, Abubacarr Saidykhan est en proie à une surveillance rapprochée de la part d'hommes non identifiés stationnés devant son domicile. Le 13 novembre 2012, un véhicule s'est arrêté à proximité du journaliste. Les quatre passagers lui ont adressé les menaces suivantes : "Nous t'avions prévenu que nous viendrions te trouver sans nouvel avertissement. Nous savons que tu es un journaliste particulièrement borné. La prochaine fois qu'on se rencontrera, ta tête sera explosée par l'un de nos tueurs patriotiques. Continue simplement d'ignorer nos avertissements".
"L'aggravation des menaces reçues par Abubacarr Saidykhan est symptomatique de la dégradation de la situation des médias en Gambie depuis le mois d'août. L'audace de ces 'tueurs patriotiques' – des partisans du président Yahya Jammeh bien décidés à terroriser des journalistes en les menaçant de mort – révèle l'impunité et la protection dont ils bénéficient", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous souhaitons que les autorités prennent toutes les mesures nécessaires pour identifier les passagers du véhicule, dont la description et la plaque d'immatriculation leur ont été transmises. Une absence de réaction de leur part tendrait à prouver que ces inconnus sont envoyés par le pouvoir et que Abubacarr Saidykhan est livré à lui-même, sans aucune protection effective", a ajouté Christophe Deloire, secrétaire général de l'organisation.
En décembre 2004, avant d'être assassiné par balles, le journaliste Deyda Hydara, directeur de The Point et correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières, avait reçu des menaces similaires à celles dont est victime Abubacarr Saidykhan.
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26.10.2012 - Menaces de mort contre deux journalistes
Reporters sans frontières est profondément préoccupée par les menaces de mort proférées contre Baboucarr Ceesay et Abubaccar Saidykhan. Acquittés en début de semaine des charges de "conspiration" et d'"incitation à la violence" qui pesaient contre eux depuis le début du mois de septembre, les deux journalistes sont personnellement menacés dans un message reçu le 25 octobre 2012.
"La détérioration de la situation des journalistes en Gambie a atteint un niveau alarmant, a déclaré Reporters sans frontières. Yahya Jammeh, prédateur de la liberté de l'information, multiplie depuis août 2012 les pressions administratives et judiciaires contre les professionnels des médias indépendants. Encouragés par ces méthodes, les partisans du Président gambien sont prêts à commettre des meurtres dès lors que les journalistes osent critiquer le gouvernement. Nous demandons aux autorités de mettre fin à leur campagne de décrédibilisation des médias et de garantir aux journalistes la sécurité qui leur est due, en commençant par l'ouverture immédiate d'une enquête sérieuse sur les menaces reçues par Baboucarr Ceesay et Abubaccar Saidykhan".
Les journalistes, arrêtés début septembre et poursuivis pour avoir appelé à manifester pacifiquement contre la vague d'exécutions de prisonniers décidée par Yahya Jammeh en août dernier, ont tous deux reçu l'e-mail suivant :
"Vous avez le choix entre la vie et la mort. (…)
Vous êtes des connards bornés qui veulent détruire l'image du gouvernement de l'Alliance patriotique pour la réorientation et la reconstruction (Ndlr : APCR, parti au pouvoir) et de notre bien-aimé président Yahya Jammeh. Vous pensez pouvoir importer ici les situations de la Tunisie, de l'Egypte, de l'Algérie, de la Syrie et du Liban. Je viendrai avec mon équipe d'assassins patriotiques prêts à tuer pour notre pays et notre Président.
La police n'est pas la mieux placée pour vous punir.
Je vous tuerai volontiers (…) si vous ignorez cet avertissement.
Je sais que vous avez des liens avec des dissidents gambiens à l'étranger, mais vous n'y survivrez pas.
Le fait que vos stupides collègues qui se considèrent Journalistes m'aient donné vos adresses e-mail prouve à quel point vous êtes faciles à atteindre. (…)
Nous ne vous donnerons plus d'avertissements avant de vous retrouver.
Nous vous baiserons bientôt jusqu'à la mort. Aucun d'entre vous ne s'en sortira.
De Mofala Jato et son groupe de tueurs patriotiques". Ci-joint, une capture d'écran de la lettre de menace (en anglais) :
Photo : Baboucarr Ceesay et Abubaccar Saidykhan
"Vous avez le choix entre la vie et la mort. (…)
Vous êtes des connards bornés qui veulent détruire l'image du gouvernement de l'Alliance patriotique pour la réorientation et la reconstruction (Ndlr : APCR, parti au pouvoir) et de notre bien-aimé président Yahya Jammeh. Vous pensez pouvoir importer ici les situations de la Tunisie, de l'Egypte, de l'Algérie, de la Syrie et du Liban. Je viendrai avec mon équipe d'assassins patriotiques prêts à tuer pour notre pays et notre Président.
La police n'est pas la mieux placée pour vous punir.
Je vous tuerai volontiers (…) si vous ignorez cet avertissement.
Je sais que vous avez des liens avec des dissidents gambiens à l'étranger, mais vous n'y survivrez pas.
Le fait que vos stupides collègues qui se considèrent Journalistes m'aient donné vos adresses e-mail prouve à quel point vous êtes faciles à atteindre. (…)
Nous ne vous donnerons plus d'avertissements avant de vous retrouver.
Nous vous baiserons bientôt jusqu'à la mort. Aucun d'entre vous ne s'en sortira.
De Mofala Jato et son groupe de tueurs patriotiques". Ci-joint, une capture d'écran de la lettre de menace (en anglais) :
Publié le
Updated on
20.01.2016