Le gouvernement singapourien tente de pousser cinq journaux étrangers à l'autocensure
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Reporters sans frontières condamne les injonctions du gouvernement singapourien à l'encontre de la Far Eastern Economic Review et de quatre autres journaux étrangers.
“Les autorités singapouriennes cherchent à obtenir des moyens de pression suffisament efficaces - la crainte de lourdes amendes et de poursuites judiciaires - pour pousser ces cinq journaux à s'autocensurer. Il s'agit là d'une nouvelle menace contre les publications étrangères, les seuls à pouvoir - étant donné le contrôle gouvernemental sur les médias locaux - apporter un éclairage indépendant sur la vie politique et économique de Singapour”, a déclaré l'organisation.
Le ministère de l'Information, de la Communication et des Arts a donné au mensuel Far Eastern Economic Review jusqu'au 11 septembre 2006 pour se conformer à la section 23 de la Loi sur les journaux et la presse écrite. Enregistré comme journal étranger depuis qu'il a publié un article critique sur la politique intérieure du gouvernement en 1987, le mensuel était pourtant exempté de certaines contraintes liées au statut de journal étranger. Ces avantages ont été annulés et, à compter de la date fixé par le gouvernement, le journal devra disposer d'un représentant légal dans le pays et déposer une caution de 200 000 dollars singapouriens (100 000 euros). Quatre autres journaux, l'International Herald Tribune, le Time, le Financial Times et Newsweek, devront se conformer à ces mêmes obligations lorsque leurs permis actuels expireront.
Ce durcissement semble faire suite à une interview, publiée par la Far Eastern Economic Review, du leader de l'opposition Chee Soon Juan, qualifié par le journal de « martyr du pays » pour les nombreuses poursuites judiciaires auxquelles il doit faire face. Le ministère ajoute que “la permission accordée aux journaux étrangers de publier à Singapour est un privilège, et non un droit”, et que les médias étrangers doivent se limiter à l'observation sans “interférer avec les affaires du pays”.
La Far Eastern Economic Review, l'International Herald Tribune, l'Asian Wall Street Journal et The Economist avait été condamnés en 2004 à de lourdes amendes pour des articles jugés “hostiles” ou “diffamatoires” par les autorités. En plus de payer une amende de 200 000 euros, The Economist avait dû s'excuser pour un article mettant en cause la nomination de l'épouse du Premier ministre à la tête d'une importante institution financière.
Reporters sans frontières avait placé Singapour à la 140ème place sur 167 de son classement sur la liberté de la presse dans le monde en 2005.
Publié le
Updated on
20.01.2016