Le gouvernement nie avoir emprisonné les anciens responsables du Nanfang Dushi Bao pour leurs activités journalistiques
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Si Yu Huafeng, Li Minying et Cheng Yizhong ont été arrêtés, "c'est parce qu'ils ont violé la loi et non parce qu'ils ont exprimé des opinions", a affirmé Kong Quan, le porte parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Lors d'un point presse tenu le 22 avril, en réponse à une question sur l'affaire des anciens responsables du quotidien Nanfang Dushi Bao, Kong Quan a assuré que le gouvernement ne censure pas la presse chinoise, tout en reconnaissant qu'il ne connaissait pas les détails de cette histoire. "Je peux dire que, dans ce domaine (la liberté de la presse), la Chine est un pays gouverné par la loi et qui fait constamment des progrès", a-t-il ajouté.
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9 avril 2004
L'ancien rédacteur en chef du Nanfang Dushi Bao inculpé de corruption
L'ancien rédacteur en chef du Nanfang Dushi Bao, Cheng Yizhong a été inculpé le 1er avril 2004 de corruption, suite à sa récente arrestation. Il est donc le troisième responsable du quotidien de Canton formellement inculpé. Yu Huafeng, ancien directeur général du Nanfang Dushi Bao et Li Minying, ancien directeur, avaient été respectivement condamnés à 12 et 11 ans d'emprisonnement le 23 mars 2004.
Cheng Yizhong est accusé d'avoir détourné plus de 1,5 million de yuans (près de 150 000 euros) de fonds publics, en connivence avec Yu Huafeng. Comme ses anciens collègues, l'ancien rédacteur en chef s'est défendu en expliquant qu'il s'était contenté de distribuer parmi le personnel une partie des profits, une pratique courante dans la presse chinoise. Cheng Yizhong était également le rédacteur en chef du Xin Jing Bao, un nouveau quotidien pékinois appartenant au même groupe de presse.
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L'ancien directeur condamné à douze ans de prison et le rédacteur en chef arrêté par la police
Yu Huafeng, ancien directeur général du quotidien Nanfang Dushi Bao, a été condamné à douze ans de prison pour "corruption", "détournement de fonds" et "appropriation de biens de l'Etat". Cheng Yizhong, rédacteur en chef du journal, a été arrêté par la police de Canton dans cette même affaire.
On assiste à la nouvelle étape d'une cabale montée par les autorités du Guangdong contre ce quotidien réformateur et audacieux qui a notamment publié des informations compromettantes sur le SRAS et la mort d'un étudiant dans un commissariat de Canton. Cette cabale vise à maintenir les journalistes chinois dans un climat de peur. "Alors que le Parti communiste se vante d'avoir inscrit la protection de la propriété privée dans la Constitution, des patrons de presse et des journalistes sont condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir fait de leur quotidien une entreprise rentable et indépendante", a déclaré Reporters sans frontières. L'organisation a écrit au gouverneur de la province du Guangdong, Huang Huahua, pour demander la libération de Yu Huafeng, Li Minying et de Cheng Yizhong et la fin des poursuites engagées contre les anciens responsables du Nanfang Dushi Bao.
Le 19 mars 2004, un tribunal populaire de Dongshan (province du Guangdong) a condamné Yu Huafeng, ancien directeur général du quotidien Nanfang Dushi Bao (Les nouvelles de la métropole du Sud) à douze ans de prison pour corruption et détournement de fonds publics. Le procureur a affirmé que Yu Huafeng avait pris 100 000 yuans (près de 10 000 euros) dans les recettes du journal et réparti 480 000 yuans (près de 47 000 euros), notamment à Li Minying, ancien directeur du quotidien, également incarcéré et condamné à onze ans de prison par le tribunal de Dongshan.
Yu Huafeng a clamé son innocence devant les juges en expliquant qu'il n'a fait que redistribuer, sous forme d'intéressement aux bénéfices, une partie des recettes du Nanfang Dushi Bao. Son avocat, Xu Zhiyong, a affirmé qu'il allait faire appel.
Selon des journalistes chinois interrogés par Reporters sans frontières, distribuer des compensations aux responsables de publication et de rédaction est une pratique très courante dans la presse. Bien que tous les médias restent théoriquement propriété de l'Etat, certains sont devenus des entreprises très rentables, notamment grâce à la publicité. "Yu Huafeng a été condamné à douze ans de prison pour avoir perçu 100 000 yuans alors qu'il en gagnait dix fois plus comme patron de presse. C'est ridicule. Tous les médias qui font des efforts pour être des réussites commerciales sont menacés", a déclaré un journaliste basé à Pékin.
Dans la nuit du 19 au 20 mars 2004, Cheng Yizhong, ancien rédacteur en chef du Nanfang Dushi Bao, a été arrêté par des agents de la sécurité publique dans cette même affaire. Sa femme a affirmé que cette arrestation et les charges qui pourraient être prononcées contre lui sont liées à ses révélations notamment sur le SRAS et la mort d'un jeune graphiste, Sun Zhigang, tabassé à mort dans un commissariat de Canton. Le mandat d'arrêt accusait le journaliste de s'être "approprié des biens de l'Etat".
Déjà, en janvier 2004, des enquêteurs de la police de Canton avaient détenu pendant quelques jours Cheng Yizhong ainsi que six employés du quotidien. Le 9 mars, il avait été contraint de démissionner du Nanfang Dushi Bao. Agé de 38 ans, Cheng Yizhong est une figure montante du journalisme.
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Updated on
20.01.2016