Suite à l’augmentation récente des attaques sanglantes, particulièrement à Kaboul, le gouvernement multiplie les efforts pour cacher ses faiblesses et la capacité des insurgés à frapper en plein cœur de la capitale.
Reporters sans frontières dénonce les entraves multiples imposées par les services de sécurité au travail des journalistes lors de leur couverture en direct des attaques kamikazes. Suite à une attaque terroriste, le 18 avril 2011, contre le ministère de la Défense, les responsables de la sécurité du ministère ont interdit la présence sur les lieux de l’incident de plusieurs médias et journalistes.
« Nous comprenons que, dans des circonstances aussi graves, la protection des civils soit la priorité des forces de l’ordre. Mais informer est un droit également prioritaire. Il doit être respecté. Sans information, les risques sont réels d’un maquillage de la réalité et d’une désinformation publique sur les événements à l’avantage du gouvernement afghan et des forces alliées. Sans information, il sera impossible de rallier la population à la lutte contre le terrorisme », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 18 avril, à 11 heures 45, un homme vêtu d'un uniforme de l'armée afghane, muni d’une ceinture d’explosifs, est parvenu à l’étage du bâtiment abritant le bureau du ministre de la Défense, le général Abdul Rahim Wardak, situé dans le centre de Kaboul, à quelques mètres du palais présidentiel. Le kamikaze a tiré avec un fusil, tuant 2 soldats et blessant 9 autres personnes. Il a été abattu avant d’avoir pu activer ses explosifs. Selon les médias afghans, le ministre ne se trouvait pas dans son bureau.
Plus de 100 professionnels des médias ont été dépêchés sur place pour couvrir l’attentat. Ils en ont été empêchés par les responsables de la sécurité qui n’ont accordé aucune autorisation d’accès au bâtiment. Seules quelques chaînes de télévision étrangères et afghanes ont été sélectionnées et ont pu se rendre sur le lieu même de la tuerie. En réponse à leurs protestations, plusieurs journalistes ont été frappés par les gardes, et maltraités par les soldats et les policiers.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement afghan s’efforce de censurer le travail des journalistes sur le conflit avec les taliban. En 2010, le ministère de l’Intérieur avait pris une mesure destinée à "interdire aux médias la couverture en direct des attaques des taliban, estimant que les informations données en temps réel par les journalistes pouvaient être utilisées par les insurgés pour coordonner leurs actions". Cette décision n’a pour l’instant jamais été appliquée.
Suite à l’augmentation récente des attaques sanglantes, particulièrement à Kaboul, le gouvernement multiplie les efforts pour cacher ses faiblesses et la capacité des insurgés à frapper en plein cœur de la capitale.