Le directeur d'un quotidien régional, dans le collimateur d'un narcotrafiquant, sur le point de quitter le pays

Reporters sans frontières demande au groupe des droits de l'homme de la police nationale d'offrir un dispositif de sécurité à Rubén Valencia, directeur du quotidien régional Q'hubo à Cali. Le journaliste est la cible de menaces de mort depuis qu'il a rendu compte de l'arrestation d'un chef de cartel, le 15 juin dernier.

Reporters sans frontières demande au groupe des droits de l'homme de la police nationale toutes les garanties de sécurité en faveur de Rubén Valencia, directeur du quotidien régional Q'hubo, menacé de mort après avoir informé sur l'arrestation, le 15 juin 2007 à Bogotá, d'Olmes Durán Ibargüen alias “El Doctor”, l'un des parrains de la drogue de la côte Pacifique. Le journaliste est sur le point de quitter le pays. Il deviendrait le troisième dans ce cas depuis le début de l'année. “Les menaces des narcotrafiquants contre la presse, comme celles des paramilitaires ou de la guérilla, sont trop souvent le prélude à de tragiques représailles. Les autorités doivent au plus vite établir si Olmes Durán Ibargüen est effectivement à l'origine des menaces dirigées contre Rubén Valencia et s'il a lancé un contrat sur ce dernier. Par ailleurs, nous demandons au groupe des droits de l'homme de la police nationale d'activer un dispositif de protection conséquent en faveur du journaliste, s'il ne l'a déjà fait. Nous espérons, enfin, que Rubén Valencia pourra reprendre ses activités”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 15 juin 2007, “El Doctor”, considéré comme l'un des chefs du cartel de la côte Pacifique, a été arrêté dans la capitale. Le quotidien Q'hubo - propriété du groupe de presse El País, basé à Cali (Sud-Ouest) -, que dirige Rubén Valencia, a aussitôt relayé l'information. Depuis, le journaliste a confié être la cible de menaces de mort. Selon la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP), organisation colombienne partenaire de Reporters sans frontières, qui a révélé l'affaire le 23 juin, “El Doctor” aurait ordonné l'exécution de Rubén Valencia ou, “à défaut”, d'un membre de sa famille. Le groupe El País a fait savoir à la FLIP qu'il négociait le départ de son journaliste pour l'étranger à brève échéance. L'exil de Ruben Valencia ferait de lui le troisième journaliste à fuir sa région ou le pays depuis le début de l'année, après Darío Arizmendi Posada, directeur de l'information de Radio Caracol, contraint de fuir après des menaces d'un groupe inconnu au mois de mars (cf. communiqué du 19 mars 2007), et Germán Hernández Vera, directeur de la rédaction du quotidien Diario del Huila à Neiva (Sud-Ouest), dans la ligne de mire de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), parti lui aussi en mars dernier (cf. communiqué du 27 mars 2007). Le cartel du Pacifique dont fait partie “El Doctor” est dirigé par Diego Montoya dit “Don Diego”, toujours recherché et dont les États-Unis réclament l'extradition. Washington a offert une récompense de 5 millions de dollars à qui permettrait de le localiser.
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Updated on 20.01.2016