Le directeur d'un hebdomadaire menacé de mort obligé d'entrer en clandestinité

Reporters sans frontières s'inquiète du sort de Paul Garay, directeur de l'hebdomadaire Del Pueblo et collaborateur de Radio Stereo 92.9, à Pucallpa (département d'Ucayali, Est), forcé d'entrer dans la clandestinité depuis la fin du mois d'avril 2008 après avoir reçu des menaces de mort et subi une tentative d'enlèvement. Le journaliste soupçonne le maire de Pucallpa, déjà mis en cause dans l'assassinat d'un journaliste en 2004, et un ancien président du gouvernement régional d'Ucayali, d'être à l'origine de ces tentatives d'intimidations. “L'exil d'un journaliste constitue un revers pour la liberté de la presse et nous demandons que toutes les mesures de protection soient prises en faveur de Paul Garay pour éviter d'en arriver à cette extrémité. La situation du directeur de l'hebdomadaire Del Pueblo illustre une fois de plus l'incroyable sentiment d'impunité dont se parent des élus pourtant eux-mêmes en délicatesse avec la justice. L'enquête que nous appelons en l'occurrence de nos vœux doit également constituer un signal fort pour que cette tendance cesse”, a déclaré Reporters sans frontières. Les menaces adressées à Paul Garay ont débuté après la publication, le 1er avril 2008, d'un article du journaliste dénonçant une fraude immobilière bénéficiant à Edwin Vásquez López, ancien président du département d'Ucayali. Le même jour, des individus aux ordres de l'ex-dirigeant régional se sont présentés chez le directeur de Del Pueblo : “J'ai été agressé lors d'une tentative d'enlèvement menée par des sbires de l'ex-président régional, Edwin Vásquez López, actuellement sous le coup d'une enquête du ministère public pour des actes de déforestation en Amazonie péruvienne”, a déclaré Paul Garay à Reporters sans frontières. Depuis, il a été recherché à plusieurs reprises par des inconnus. “Ils voulaient m'attraper pour me tuer, il n'y a pas d'autre explication. Les autorités policières n'ont pas pu m'aider. On vit dans un no man's land, c'est chacun pour soi.” Le journaliste, qui envisage de quitter le pays, a par ailleurs signalé la nette détérioration de ses relations avec le maire de Pucallpa, Luis Valdez Villacorta. Paul Garay l'a, en effet, soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat d'Alberto Rivera Fernández, de la station Frecuencia Oriental, tué par balles le 21 avril 2004 à Pucallpa. En novembre 2007, Luis Valdez Villacorta avait été acquitté par la justice d'Ucayali. La Cour suprême envisage néanmoins de casser la sentence initiale. Paul Garay a également dénoncé l'implication du maire de Pucallpa dans une affaire de malversation de fonds municipaux destinés à un programme d'aide alimentaire aux enfants.
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Updated on 20.01.2016