Reporters sans frontières exprime sa révolte après l'assassinat, dans la nuit du 2 au 3 novembre à Kinshasa, de Franck Kangundu, alias Ngyke, journaliste du quotidien indépendant La Référence Plus, et de son épouse, Hélène Mpaka. Ce crime est le dernier en date d'une série d'assassinats ou de tentatives d'assassinats politiques, manifestement organisée par une « industrie du crime » qui bénéficie d'une impunité totale.
Jean-Marie Kanku, éditeur et directeur du trihebdomadaire kinois L'Alerte, a été libéré le 8 novembre 2005 après douze jours de détention. Enlevé en pleine rue par des hommes de l'Agence nationale de renseignements (ANR), le journaliste avait passé huit jours au secret dans ses locaux, dans des conditions de détention très difficiles, avant d'être déféré le 5 novembre devant la Cour de sûreté de l'Etat (CSE). Jean-Marie Kanku avait été entendu par un magistrat, qui avait décidé de le maintenir en garde à vue. Le journaliste a pu quitter sa cellule du parquet général de la CSE le 8 novembre, après avoir payé 150 dollars de caution. Il a finalement été inculpé de « faux bruits ».
Sa libération fait suite à une rencontre, le 7 novembre, entre une délégation de journalistes et l'un des quatre vice-présidents de la République démocratique du Congo, Azarias Ruberwa. Les journalistes lui ont remis un mémorandum de protestation contre l'assassinat, dans la nuit du 2 au 3 novembre, de Franck « Ngyke » Kangundu, du quotidien La Référence Plus, et de son épouse, Hélène Mpaka. Ils ont évoqué le cas de leurs confrères emprisonnés, dont celui de Jean-Marie Kanku. Le même jour, un millier de professionnels des médias avaient défilé dans les rues de Kinshasa lors d'une « marche silencieuse » pour dénoncer l'assassinat de leur confrère et exiger la constitution d'une commission d'enquête indépendante.
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03.11.2005 Un journaliste et son épouse assassinés à Kinshasa : « état d'urgence » pour la presse congolaise
Reporters sans frontières exprime sa révolte après l'assassinat, dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005 à Kinshasa, de Franck Kangundu, alias Ngyke, journaliste du quotidien indépendant La Référence Plus, et de son épouse, Hélène Mpaka. Ce crime est le dernier en date d'une série d'assassinats ou de tentatives d'assassinats politiques cette année, manifestement organisée par une « industrie du crime » qui bénéficie d'une impunité totale en République démocratique du Congo (RDC).
« Nous sommes profondément révoltés par ce double crime commis de sang-froid, a déclaré Reporters sans frontières. Nous présentons nos condoléances à la famille et aux proches de ce journaliste respecté et de sa femme. Les odieux assassinats de Franck Kangundu et Hélène Mpaka plongent les journalistes d'investigation congolais dans un état d'urgence scandaleux. Rien n'est fait pour rendre justice aux victimes de crimes politiques. Manifestement, les journalistes sont les cibles privilégiées d'une industrie du crime qui prospère en toute impunité, à Kinshasa comme à Lubumbashi ou à Bukavu. Il est urgent que les Nations unies interviennent pour sortir les journalistes indépendants congolais du choix qui leur est imposé : le silence, la prison ou la mort. »
Dans une lettre adressée à William Lacy Swing, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en RDC et chef de la Mission des Nations unies au Congo (MONUC), l'organisation exhorte la mission des Nations unies à exiger du président Joseph Kabila que « justice soit rendue à ce journaliste assassiné ». Par ailleurs, Reporters sans frontières rappelle à William Lacy Swing qu'aucune enquête sérieuse n'a été menée sur la tentative d'assassinat, par des hommes en uniforme, de Jean Ngandu, journaliste de Radio Okapi, le 28 mai à Lubumbashi (province du Katanga, Sud), ni sur l'assassinat du militant des droits de l'homme Pascal Kabungulu Kibembi, le 1er août à Bukavu (Sud-Kivu, Est). L'organisation lui rappelle enfin que Jean-Marie Kanku, éditeur et directeur du trihebdomadaire privé L'Alerte, est détenu depuis une semaine dans les locaux de l'Agence nationale de renseignements (ANR), en violation de toutes les règles de procédure.
Franck Kangundu et son épouse sont arrivés en voiture devant leur domicile d'un quartier de l'est de Kinshasa, le 3 novembre à 1 heure du matin. Lorsque le journaliste est sorti de son véhicule pour ouvrir le portail de sa maison, il a été abordé par quatre hommes cagoulés et armés, vêtus en civil, qui « attendaient » le couple dans la rue, selon des témoins oculaires. Franck Kangundu a tenté de négocier avec eux, en leur proposant de les emmener en voiture pour leur offrir de l'argent, mais les quatre hommes lui ont annoncé qu'ils avaient été envoyés pour le tuer. Le couple a alors été abattu par balles, sous les yeux de plusieurs voisins. L'un d'eux, un jeune homme d'une vingtaine d'années, a été grièvement blessé et hospitalisé.
Franck Kangundu était chef du service politique de La Référence Plus, l'un des plus importants quotidiens kinois, connu pour sa couverture sobre de l'information. Le mobile de ce double assassinat n'est pas encore connu. Selon un ami du journaliste interrogé par Reporters sans frontières, celui-ci avait effectué dernièrement une enquête sur une sucrerie de la province du Bas-Congo, qui aurait donné lieu à plusieurs limogeages. Par ailleurs, il avait été récemment envoyé pour couvrir les meetings du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) du président Joseph Kabila, notamment dans la province du Bandundu. Franck Kangundu était âgé de 52 ans. Marié avec Hélène Mpaka, 41 ans, il était le père de cinq enfants.
Jean-Marie Kanku, directeur et éditeur du trihebdomadaire kinois L'Alerte, a été enlevé le 28 octobre 2005 sur le boulevard Lumumba dans la commune de N'Djili à Kinshasa, par trois hommes armés de l'ANR. Cette arrestation est intervenue après la publication par L'Alerte d'une série d'articles et d'interviews du député Thierry Bongo, dans lesquels celui-ci présentait Lando Lurhakumbirwa, l'administrateur de l'agence de renseignements, comme un « ennemi du Congo », et l'accusait de détournements de fonds. Depuis le 28 octobre, le journaliste n'a pas été autorisé à établir le moindre contact avec l'extérieur.